« L’Occident se meurt de ses propres manquements à ses principes »
Entretien |La nouvelle republique| n°4233 | 24 janvier 2012
René Naba | 24.01.2012 | Paris
Question: Barack Obama vient de prononcer son dernier discours sur l’Etat de l’Union de sa mandature. Quelles réflexions vous suggèrent le personnage et son mandat ?
RN: Barack Obama est apparu au cours des quatre ans de sa mandature comme l’archétype du conditionnement mimétique du discours dominant. Comme symbole de docilité et résignation, il est en passe de surpasser dans l’imaginaire du Monde Oncle Tom et sa case et Uncle Bun’s. Le fait de donner pour non de code «Geronimo» à l’opération spéciale visant à l’élimination d’Oussama Ben Laden, le 2 Mai 2011, renvoie aux pires souvenirs de la conquête de l’Ouest et à l’éradication des Peaux rouges. Ce fait révèle le degré de conditionnement mimétique quasi pavlovien de son auteur, en même temps que sa pathologie.
Le lexique militaire américain abonde d’expressions belliqueuses visant à magnifier le triomphe de l’homme blanc sur les amérindiens, de Tomahawk, (le missile à longue portée utilisé conte l’Irak), à l’hélicoptère Apache qui semait l’apocalypse dans le ciel du Vietnam. En empruntant un vocabulaire identique, le premier président post raciale de la société multiculturelle américaine occulte la part africaine de sa complexion mentale et de sa personnalité. Obama apparaît de ce fait comme la reproduction, en négatif, de ses prédécesseurs prédateurs.
Il est désormais clairement établi que Barack Obama ne passera pas dans l‘histoire comme le Mahatma Gandhi (Inde) ou le Nelson Mandela (Afrique du sud) du nouveau monde, mais la plus formidable opération de blanchiment de la stratégie américaine après la sinistre mandature de George Bush Jr. Ce président Bounty sans dessein est le seul homme au Monde à avoir bénéficié d’un «Prix Nobel par anticipation», un Prix Nobel non pas précoce mais prématuré, pour sa stricte conformation aux canons de la pensée Wasp (White anglo saxon protestant) qui prône la supériorité de l’anglo sphère sur le reste du Monde.
Ceci explique, rétrospectivement, les lignes de force d’une politique inaugurée avec éclat par le fameux «Salam aleikoum» de son discours du Caire et qui s’achève dans la honte de sa capitulation face au diktat israélien de la colonisation rampante du reliquat de la Palestine. Le débat sur la Palestine a d’ailleurs été escamoté par une vaste opération de diversion destinée à le soustraire de l’agenda public international.
Dans la foulée de la demande d’adhésion de la Palestine à l’ONU, le 23 septembre, l’administration américaine a focalisé l’attention sur une série de sujets pointant tous l’axe de la contestation: L’attentat ou le faux attentat iranien contre l’ambassadeur saoudien à Washington, le sort de la démocratie en Syrie, le nucléaire iranien, enfin le tribunal spécial sur le Liban, (le tribunal Hariri), donnant la possibilité à Israël poursuit sa colonisation de Jérusalem, sans la moindre protestation.
Dans la perspective du retrait américain d’Irak, fin 2011, la nervosité des Etats-Unis pourrait s’expliquer par le vent de panique qui s’est emparé de l’administration après le démantèlement d’un réseau d’agents de la CIA au Liban, en Syrie et en Iran, conduisant la centrale américaine a transféré son quartier général de Beyrouth à Doubaï.
La révélation en juin 2011 par Cheikh Hassan Nasrallah de la découverte de quatre agents de la CIA dans les rangs du Hezbollah a donné le signal à une chasse à l’homme qui a abouti à l’arrestation de 17 agents américains en Syrie et une cellule d’une trentaine de membres en Iran, selon le quotidien libanais «Al Akhbar», mardi 22 novembre 2012,
Bien qu’observant un mutisme officiel sur cette affaire ou cherchant à en minimiser la portée, les Américains ont paru consternés par le démantèlement d’un réseau qu’ils avaient mis tant de soin à édifier, avec d’infinies précautions.
Redoutant un attentat comparable à celui opéré le 18 avril 1983 contre l’ambassade américaine à Beyrouth, qui avait fait 63 morts et 100 blessés, entrainant la décapitation de l’antenne de la CIA au Moyen orient, Washington a procédé à la centralisation de toutes les activités d’espionnage de la centrale américaine vers Doubaï, ordonnant le transfert du personnel des antennes de Beyrouth et d’Arabie saoudite vers l’émirat pétrolier, ajoute le quotidien, sous la plume du directeur de la publication Ibrahim al Amine.
La Ligue arabe, il est vrai, était occupée à instaurer la démocratie dans le Monde arabe, sans le moindre reproche aux Etats-Unis pour son usage abusif du veto. Barack Obama, comme atteint de psittacisme, se prononce pour un état palestinien, mais démilitarisé, sans doute pour se protéger contre la première puissance atomique de l’hémisphère Sud… comme si la sécurité d’Israël, à ses yeux, est sacrée et celle des Palestiniens, c’est juste bon pour les chiens. Pour un état palestinien sur les frontières de 1967, mais entravé du mur d’apartheid. Un état indépendant, mais interdit de proclamer unilatéralement son indépendance.
Mais alors pourquoi ce qui est autorisé pour Israël et le Kosovo, une proclamation unilatérale d’indépendance, est interdit pour les Palestiniens? Le peuple arabe n’est pas un peuple au rabais et vient de le démontrer. Il devrait taper plus souvent sur la table plutôt que de se vautrer devant ses bourreaux.
Le débat de la Palestine à l’ONU a donné lieu à un beau spectacle de bal des hypocrites. L’Europe bien sur, la France en tête, qui a multiplié les pré-conditions, qui pense «se la jouer finaud» en votant pour l’admission à l’Unesco et non pour l’ONU. Sa fameuse politique arabe vaut son pesant de cacahuètes. Et Les Etats-Unis, ces grands défenseurs de la démocratie à travers le monde, menacent les Palestiniens de leur couper les vivres. Pourquoi ce qui est bon pour le sud Soudan ne le serait pas pour la Palestine?
Le plus intrigant aura été le fait que les pétromonarchies aient asséché les Palestiniens, leur coupant les vivres. Pas étonnant de l’Arabie saoudite, le gardien des lieux saints, est surtout le grand serviteur de l’Amérique. Et le petit Qatar, le grand ami du président Sarkozy, qui joue au commandant en chef en Libye et en Syrie par Otan interposé, que n’a-t-il déployé autant de zèle, tiré un coup de feu pour la Libération de la Palestine?
Le plus pathétiquement cruel dans cette affaire est le fait que La Russie, implosée en Afghanistan par les coups de butoir combinés saoudo américains, ait parrainé l’admission de la Palestine, alors que les Etats-Unis, les grands bénéficiaires de l’effondrement de l’URSS, y apposent leur veto. Il y a des potences qui tardent à être dressées.
Les Occidentaux démolissent les dictateurs, à tour de bras, au nom de la démocratie. Enfin, pas tous, ceux qui les dérangent, pas les autres, les tyrans africains fournisseurs de Djembé et de mallettes; ni les pétromonarchies, générateurs de rétro commissions.
Mais, curieusement, quand la démocratie triomphe dans le monde arabe, c’est l’Hallali. Le Hamas est terroriste, An Nahda, intégriste. Cette distorsion de comportement se retrouve dans le traitement qu’ils réservent aux «petits blancs». Ainsi quand la Grèce veut recourir au référendum pour sa dette, c’est le branle bas de combat contre l’aventurisme d’un pays, qui est pourtant le berceau de la démocratie. Mais quand une organisation internationale, vous savez la fameuse légalité internationale, en l’occurrence l’UNESCO à propos de la Palestine, prend une décision contraire à leurs intérêts, ils prennent carrément des mesures de rétorsion dans le cas d’espèce, les Etats-Unis, la première démocratie au monde, Israël, l’unique démocratie du Moyen orient, qu’ils disent.
Entretien |La nouvelle republique| n°4233 | 24 janvier 2012
René Naba | 24.01.2012 | Paris
Dissonance diplomatique de Obama au moment où les Palestiniens luttent pour décrocher leur adhésion à l’ONU, un islam pétrolier et atlantiste à l’effet boomerang, une Europe dans les rets de la mondialisation financière et prédatrice des pays arabes, des monarchies, sous coupe américaine, préjudiciable au bon fonctionnement de la Ligue arabe, une opposition syrienne amnésique et, enfin, un émir du Qatar jouant au nouveau Field Marshall du monde arabe. Telles sont les grandes questions abordées par La Nouvelle République avec René Naba.
Grands titres
Barack Obama, archétype du conditionnement mimétique du discours dominant, la plus grosse déception de l’histoire diplomatique contemporaine
-L’Islam pétrolier et atlantiste, un instrument d’asservissement du Monde arabe à l’axe israélo-américain
L’Europe, dans les rets de la mondialisation financière, fond en prédatrice sur les pays arabes (Libye, Syrie) pour prendre des gages en vue de négocier au mieux sa relégation inéluctable de la gestion des affaires du Monde.
Les monarchies arabes, sous la coupe américaine, dispose d’une minorité de blocage automatique préjudiciable au bon fonctionnement de la Ligue arabe en ce que les vassaux de l’Amérique et les alliés souterrains d’Israël ont la haute main sur les destinées du Monde arabe.
Syrie: Faire appel à l’ancienne puissance coloniale pour restaurer la démocratie dans son propre pays relève d’une grave déformation mentale.
L’Emir du Qatar qui nourrit l’ambition de jouer le nouveau Field Marshall du Monde arabe devrait méditer le sort de la grenouille qui voulait se faire aussi grosse que le bœuf.
I- ObamaBarack Obama, archétype du conditionnement mimétique du discours dominant, la plus grosse déception de l’histoire diplomatique contemporaine
-L’Islam pétrolier et atlantiste, un instrument d’asservissement du Monde arabe à l’axe israélo-américain
L’Europe, dans les rets de la mondialisation financière, fond en prédatrice sur les pays arabes (Libye, Syrie) pour prendre des gages en vue de négocier au mieux sa relégation inéluctable de la gestion des affaires du Monde.
Les monarchies arabes, sous la coupe américaine, dispose d’une minorité de blocage automatique préjudiciable au bon fonctionnement de la Ligue arabe en ce que les vassaux de l’Amérique et les alliés souterrains d’Israël ont la haute main sur les destinées du Monde arabe.
Syrie: Faire appel à l’ancienne puissance coloniale pour restaurer la démocratie dans son propre pays relève d’une grave déformation mentale.
L’Emir du Qatar qui nourrit l’ambition de jouer le nouveau Field Marshall du Monde arabe devrait méditer le sort de la grenouille qui voulait se faire aussi grosse que le bœuf.
Question: Barack Obama vient de prononcer son dernier discours sur l’Etat de l’Union de sa mandature. Quelles réflexions vous suggèrent le personnage et son mandat ?
RN: Barack Obama est apparu au cours des quatre ans de sa mandature comme l’archétype du conditionnement mimétique du discours dominant. Comme symbole de docilité et résignation, il est en passe de surpasser dans l’imaginaire du Monde Oncle Tom et sa case et Uncle Bun’s. Le fait de donner pour non de code «Geronimo» à l’opération spéciale visant à l’élimination d’Oussama Ben Laden, le 2 Mai 2011, renvoie aux pires souvenirs de la conquête de l’Ouest et à l’éradication des Peaux rouges. Ce fait révèle le degré de conditionnement mimétique quasi pavlovien de son auteur, en même temps que sa pathologie.
Le lexique militaire américain abonde d’expressions belliqueuses visant à magnifier le triomphe de l’homme blanc sur les amérindiens, de Tomahawk, (le missile à longue portée utilisé conte l’Irak), à l’hélicoptère Apache qui semait l’apocalypse dans le ciel du Vietnam. En empruntant un vocabulaire identique, le premier président post raciale de la société multiculturelle américaine occulte la part africaine de sa complexion mentale et de sa personnalité. Obama apparaît de ce fait comme la reproduction, en négatif, de ses prédécesseurs prédateurs.
Il est désormais clairement établi que Barack Obama ne passera pas dans l‘histoire comme le Mahatma Gandhi (Inde) ou le Nelson Mandela (Afrique du sud) du nouveau monde, mais la plus formidable opération de blanchiment de la stratégie américaine après la sinistre mandature de George Bush Jr. Ce président Bounty sans dessein est le seul homme au Monde à avoir bénéficié d’un «Prix Nobel par anticipation», un Prix Nobel non pas précoce mais prématuré, pour sa stricte conformation aux canons de la pensée Wasp (White anglo saxon protestant) qui prône la supériorité de l’anglo sphère sur le reste du Monde.
Ceci explique, rétrospectivement, les lignes de force d’une politique inaugurée avec éclat par le fameux «Salam aleikoum» de son discours du Caire et qui s’achève dans la honte de sa capitulation face au diktat israélien de la colonisation rampante du reliquat de la Palestine. Le débat sur la Palestine a d’ailleurs été escamoté par une vaste opération de diversion destinée à le soustraire de l’agenda public international.
Dans la foulée de la demande d’adhésion de la Palestine à l’ONU, le 23 septembre, l’administration américaine a focalisé l’attention sur une série de sujets pointant tous l’axe de la contestation: L’attentat ou le faux attentat iranien contre l’ambassadeur saoudien à Washington, le sort de la démocratie en Syrie, le nucléaire iranien, enfin le tribunal spécial sur le Liban, (le tribunal Hariri), donnant la possibilité à Israël poursuit sa colonisation de Jérusalem, sans la moindre protestation.
Dans la perspective du retrait américain d’Irak, fin 2011, la nervosité des Etats-Unis pourrait s’expliquer par le vent de panique qui s’est emparé de l’administration après le démantèlement d’un réseau d’agents de la CIA au Liban, en Syrie et en Iran, conduisant la centrale américaine a transféré son quartier général de Beyrouth à Doubaï.
La révélation en juin 2011 par Cheikh Hassan Nasrallah de la découverte de quatre agents de la CIA dans les rangs du Hezbollah a donné le signal à une chasse à l’homme qui a abouti à l’arrestation de 17 agents américains en Syrie et une cellule d’une trentaine de membres en Iran, selon le quotidien libanais «Al Akhbar», mardi 22 novembre 2012,
Bien qu’observant un mutisme officiel sur cette affaire ou cherchant à en minimiser la portée, les Américains ont paru consternés par le démantèlement d’un réseau qu’ils avaient mis tant de soin à édifier, avec d’infinies précautions.
Redoutant un attentat comparable à celui opéré le 18 avril 1983 contre l’ambassade américaine à Beyrouth, qui avait fait 63 morts et 100 blessés, entrainant la décapitation de l’antenne de la CIA au Moyen orient, Washington a procédé à la centralisation de toutes les activités d’espionnage de la centrale américaine vers Doubaï, ordonnant le transfert du personnel des antennes de Beyrouth et d’Arabie saoudite vers l’émirat pétrolier, ajoute le quotidien, sous la plume du directeur de la publication Ibrahim al Amine.
La Ligue arabe, il est vrai, était occupée à instaurer la démocratie dans le Monde arabe, sans le moindre reproche aux Etats-Unis pour son usage abusif du veto. Barack Obama, comme atteint de psittacisme, se prononce pour un état palestinien, mais démilitarisé, sans doute pour se protéger contre la première puissance atomique de l’hémisphère Sud… comme si la sécurité d’Israël, à ses yeux, est sacrée et celle des Palestiniens, c’est juste bon pour les chiens. Pour un état palestinien sur les frontières de 1967, mais entravé du mur d’apartheid. Un état indépendant, mais interdit de proclamer unilatéralement son indépendance.
Mais alors pourquoi ce qui est autorisé pour Israël et le Kosovo, une proclamation unilatérale d’indépendance, est interdit pour les Palestiniens? Le peuple arabe n’est pas un peuple au rabais et vient de le démontrer. Il devrait taper plus souvent sur la table plutôt que de se vautrer devant ses bourreaux.
Le débat de la Palestine à l’ONU a donné lieu à un beau spectacle de bal des hypocrites. L’Europe bien sur, la France en tête, qui a multiplié les pré-conditions, qui pense «se la jouer finaud» en votant pour l’admission à l’Unesco et non pour l’ONU. Sa fameuse politique arabe vaut son pesant de cacahuètes. Et Les Etats-Unis, ces grands défenseurs de la démocratie à travers le monde, menacent les Palestiniens de leur couper les vivres. Pourquoi ce qui est bon pour le sud Soudan ne le serait pas pour la Palestine?
Le plus intrigant aura été le fait que les pétromonarchies aient asséché les Palestiniens, leur coupant les vivres. Pas étonnant de l’Arabie saoudite, le gardien des lieux saints, est surtout le grand serviteur de l’Amérique. Et le petit Qatar, le grand ami du président Sarkozy, qui joue au commandant en chef en Libye et en Syrie par Otan interposé, que n’a-t-il déployé autant de zèle, tiré un coup de feu pour la Libération de la Palestine?
Le plus pathétiquement cruel dans cette affaire est le fait que La Russie, implosée en Afghanistan par les coups de butoir combinés saoudo américains, ait parrainé l’admission de la Palestine, alors que les Etats-Unis, les grands bénéficiaires de l’effondrement de l’URSS, y apposent leur veto. Il y a des potences qui tardent à être dressées.
Les Occidentaux démolissent les dictateurs, à tour de bras, au nom de la démocratie. Enfin, pas tous, ceux qui les dérangent, pas les autres, les tyrans africains fournisseurs de Djembé et de mallettes; ni les pétromonarchies, générateurs de rétro commissions.
Mais, curieusement, quand la démocratie triomphe dans le monde arabe, c’est l’Hallali. Le Hamas est terroriste, An Nahda, intégriste. Cette distorsion de comportement se retrouve dans le traitement qu’ils réservent aux «petits blancs». Ainsi quand la Grèce veut recourir au référendum pour sa dette, c’est le branle bas de combat contre l’aventurisme d’un pays, qui est pourtant le berceau de la démocratie. Mais quand une organisation internationale, vous savez la fameuse légalité internationale, en l’occurrence l’UNESCO à propos de la Palestine, prend une décision contraire à leurs intérêts, ils prennent carrément des mesures de rétorsion dans le cas d’espèce, les Etats-Unis, la première démocratie au monde, Israël, l’unique démocratie du Moyen orient, qu’ils disent.
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