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Youcef Yousfi ignore les chiffres de son secteur

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  • Youcef Yousfi ignore les chiffres de son secteur

    L’Algérie face à une crise de gouvernance sans précédent

    Samir Allam


    Cinquante ans après l’indépendance, l’Algérie est confrontée à une crise de gouvernance sans précédent dans son Histoire. Ce lundi matin, Youcef Yousfi en a donné une illustration frappante. Sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale, le ministre à la tête du secteur le plus stratégique du pays a avoué ignorer les montants que la taxe sur les superprofits pétroliers (TPE) a rapporté à l’Algérie depuis l’institution de cet impôt en août 2006. Sur d’autres sujets non moins vitaux, comme le nucléaire ou la stratégie algérienne en matière d’hydrocarbures, le ministre de l’Énergie a donné l’impression d’improviser – comme le lui a rappelé la journaliste à l’antenne –, voire de ne pas maîtriser son dossier.


    Les Algériens qui ont écouté l’émission de ce lundi ont de fortes raisons de ne pas se sentir rassurés. Un ministre qui ignore les chiffres de son secteur est‑il en mesure de réfléchir sérieusement à une stratégie dans un contexte économique mondial complexe ? C’est peu probable. Comment alors les décideurs du pays, à leur tête le président Bouteflika, ont‑ils confié les commandes de l’Énergie à un ministre comme Youcef Yousfi ? Chakib Khelil, le prédécesseur de Yousfi, avait beaucoup de défauts mais il maîtrisait parfaitement ses dossiers et connaissait son secteur par cœur.

    Mais Youcef Yousfi n’est pas une exception. Depuis quelques années, des ministres du gouvernement multiplient les fausses promesses et parfois se contredisent. On l’a vu récemment concernant le fichier électoral. Dahou Ould Kablia a dit une chose et son collègue de la Justice presque son contraire (lire). Le ministre de l’Industrie, Mohamed Benmeradi, collectionne les fausses déclarations sur les investissements étrangers en Algérie, notamment le projet Renault. Sur ce dernier point, il a été contredit publiquement par le PDG du groupe français. Même Ahmed Ouyahia, lors de la présentation du bilan de son gouvernement, en août dernier, n’avait pas hésité à affirmer avoir créé un million d’emplois en six mois, soit l’équivalent du nombre de chômeurs en Algérie. Depuis, il n’a jamais corrigé ce chiffre et personne n’a pensé à lui demander des comptes.

    Les faiblesses en matière de gouvernance portent également atteinte à l’image de l’Algérie auprès de ses partenaires étrangers. Lorsqu’un responsable étranger visite l’Algérie, souvent, c’est l’ambassade de son pays qui se charge du travail de coordination entre les différents ministères algériens concernés par la visite. Parfois, deux ministères différents fixent des rendez‑vous à une personnalité étrangère à la même heure ou à quelques minutes d’intervalle. Des bourdes qui illustrent un manque total de coordination. Sans compter les étranges rendez‑vous du président Bouteflika lui‑même. Souvent fixés à la dernière minute, ils durent parfois plusieurs heures, chamboulant le programme de l’invité étranger.

    Cette crise de gouvernance s’est aggravée depuis quelques années. Le président Bouteflika ne demande plus de comptes à ses ministres. Lors des traditionnelles auditions du Ramadhan, tous les ministres présentent des bilans positifs et le chef de l’État ne trouve rien à y redire. De leur côté, les ministres ne demandent plus de comptes à leurs collaborateurs. Les chefs d’entreprises publiques et les responsables des administrations sont nommés et démis, non pas en fonction de leurs résultats, mais souvent selon des critères propres à l’Algérie.
    tsa
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