“Mois de mars, mois des fous”. Neuf jours durant, tous les stands sont inondés dès 11 heures du matin, heure d’ouverture de la Foire au grand public. Les Algériens sont-ils aussi fous de la voiture ? Voilà une question qui s’impose d’elle-même dès que le contraste “acquisition d’un véhicule neuf et pouvoir d’achat”
sont invités au Salon international automobile d’Alger (SIAA-2012).
Aucun modèle, aucune nouveauté officiellement introduite, et quel que soit le segment, entre tourisme et utilitaire, n’a échappé aux commandes. Entre 300 et 400 commandes/jour en moyenne, les visiteurs commandent, mais aussi versatiles que l’on puisse croire, ils changent de concessionnaire et achètent.
Ils payent cash. Pourvu que le produit soit livré à temps. Des clients que nous avons rencontrés se sont confiés à nous. Sans ambages. Chacun son segment, certains ont dû recourir à leurs économies et à l’endettement, d’autres à la vente de leurs bijoux et certains au crédit à la consommation. Version : chèque certifié et casier judiciaire.
Nassim, aisé et père de famille “Ma voiture coûte 100 millions de plus, mais j’achète”
“J’ai misé plus de 4 millions de dinars sur une voiture qui coûtait, il y a quelques mois seulement, 3 millions de dinars. Je n’ai pas le choix, certes, mais il faut savoir que le vendeur m’a promis de me la livrer en six mois. Pas un jour de plus. C’est extraordinaire car j’allais passer une commande pour acquérir un véhicule asiatique et on m’a proposé de signer un contrat de livraison de douze mois ! Ma femme, en revanche, a signé chez le même concessionnaire, pour une petite cylindrée, un contrat de livraison de huit mois !” Nassim possède pourtant une “écurie” de voitures chez lui. Fin connaisseur des bagnoles “style”, il regrette que les prix soient aussi élevés par rapport à ce qui est proposé en Europe, avec des possibilités de crédit et de reprise, plus d’avantages clients. “C’est une sorte de mépris, mais ce sont les clients parasites qui font subir aux honnêtes gens ce sentiment”, commentera-il encore. Cet Algérois de 42 ans a réglé son problème en une demi-journée, et ce, après une longue queue, où le cocktail “bousculades, violence verbale, accrochage physique et obscénités” était le principal menu d’accueil. Peu importe, un jeune vendeur a quand même servi Nassim, qui n’a aucun lien, côté profil, avec ces dizaines de spéculateurs vulgaires venus transformer un évènement international en souk de quartier.
Fatima, 32 ans, fonctionnaire “Avec le crédit et une aide de mon fiancé, je paye !”
“J’ai acheté un véhicule chinois à crédit et avec zéro taux d’intérêt. C’est plus intéressant pour moi que d’attendre. En plus, ils mettent le véhicule en mon nom dès l’acquisition de la carte jaune. Il suffit de remettre six chèques certifiés et l’affaire est conclue. À quoi sert-il de commander ma voiture à M’sila et attendre huit mois ? Fatima, jeune fonctionnaire aux apparences frileuses, est accompagnée de son père et de son jeune fiancé. Tous deux ignorent la procédure, mais ils cautionnent. Le père, garant et fier de l’être, le fiancé fournisseur de chèques certifiés, ils repartent, contents chez eux, avec un bon de commande, mais sûrs d’être livrés au mois d’avril.
Akli, 52 ans, enseignant retraité à Tizi Ouzou : “8 mois d’attente, c’est trop ! Mais la remise est intéressante !”
Akli, très sympa, mais nonchalant, a commandé un pick-up. Ce qui ne manque pas pourtant en Kabylie ! Mais il préfère le faire à Alger. Au SIAA-2012. “C’est de la folie à Tizi Ouzou. Je suis obligé de payer 8 000 dinars de plus alors que les frais de transport de la voiture relèvent des obligations des concessionnaires qui ont accepté le cahier des charges. À Tizi, ce Pick-up coûte au moins 80 000 dinars de plus qu’à la foire, et je dois attendre six mois. Autant attendre 8 mois, car la remise es intéressante”, dira Akli, sincère.
Bonne nouvelle pour Akli, le concessionnaire venait de l’informer que son véhicule sera livré dans…15 jours ! Comme quoi, le miracle paye.
Par : Farid Belgacem - Liberté.
sont invités au Salon international automobile d’Alger (SIAA-2012).
Aucun modèle, aucune nouveauté officiellement introduite, et quel que soit le segment, entre tourisme et utilitaire, n’a échappé aux commandes. Entre 300 et 400 commandes/jour en moyenne, les visiteurs commandent, mais aussi versatiles que l’on puisse croire, ils changent de concessionnaire et achètent.
Ils payent cash. Pourvu que le produit soit livré à temps. Des clients que nous avons rencontrés se sont confiés à nous. Sans ambages. Chacun son segment, certains ont dû recourir à leurs économies et à l’endettement, d’autres à la vente de leurs bijoux et certains au crédit à la consommation. Version : chèque certifié et casier judiciaire.
Nassim, aisé et père de famille “Ma voiture coûte 100 millions de plus, mais j’achète”
“J’ai misé plus de 4 millions de dinars sur une voiture qui coûtait, il y a quelques mois seulement, 3 millions de dinars. Je n’ai pas le choix, certes, mais il faut savoir que le vendeur m’a promis de me la livrer en six mois. Pas un jour de plus. C’est extraordinaire car j’allais passer une commande pour acquérir un véhicule asiatique et on m’a proposé de signer un contrat de livraison de douze mois ! Ma femme, en revanche, a signé chez le même concessionnaire, pour une petite cylindrée, un contrat de livraison de huit mois !” Nassim possède pourtant une “écurie” de voitures chez lui. Fin connaisseur des bagnoles “style”, il regrette que les prix soient aussi élevés par rapport à ce qui est proposé en Europe, avec des possibilités de crédit et de reprise, plus d’avantages clients. “C’est une sorte de mépris, mais ce sont les clients parasites qui font subir aux honnêtes gens ce sentiment”, commentera-il encore. Cet Algérois de 42 ans a réglé son problème en une demi-journée, et ce, après une longue queue, où le cocktail “bousculades, violence verbale, accrochage physique et obscénités” était le principal menu d’accueil. Peu importe, un jeune vendeur a quand même servi Nassim, qui n’a aucun lien, côté profil, avec ces dizaines de spéculateurs vulgaires venus transformer un évènement international en souk de quartier.
Fatima, 32 ans, fonctionnaire “Avec le crédit et une aide de mon fiancé, je paye !”
“J’ai acheté un véhicule chinois à crédit et avec zéro taux d’intérêt. C’est plus intéressant pour moi que d’attendre. En plus, ils mettent le véhicule en mon nom dès l’acquisition de la carte jaune. Il suffit de remettre six chèques certifiés et l’affaire est conclue. À quoi sert-il de commander ma voiture à M’sila et attendre huit mois ? Fatima, jeune fonctionnaire aux apparences frileuses, est accompagnée de son père et de son jeune fiancé. Tous deux ignorent la procédure, mais ils cautionnent. Le père, garant et fier de l’être, le fiancé fournisseur de chèques certifiés, ils repartent, contents chez eux, avec un bon de commande, mais sûrs d’être livrés au mois d’avril.
Akli, 52 ans, enseignant retraité à Tizi Ouzou : “8 mois d’attente, c’est trop ! Mais la remise est intéressante !”
Akli, très sympa, mais nonchalant, a commandé un pick-up. Ce qui ne manque pas pourtant en Kabylie ! Mais il préfère le faire à Alger. Au SIAA-2012. “C’est de la folie à Tizi Ouzou. Je suis obligé de payer 8 000 dinars de plus alors que les frais de transport de la voiture relèvent des obligations des concessionnaires qui ont accepté le cahier des charges. À Tizi, ce Pick-up coûte au moins 80 000 dinars de plus qu’à la foire, et je dois attendre six mois. Autant attendre 8 mois, car la remise es intéressante”, dira Akli, sincère.
Bonne nouvelle pour Akli, le concessionnaire venait de l’informer que son véhicule sera livré dans…15 jours ! Comme quoi, le miracle paye.
Par : Farid Belgacem - Liberté.
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