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"Notre ami du Qatar" finance les islamistes du Mali

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  • "Notre ami du Qatar" finance les islamistes du Mali

    Le tout nouveau ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, n'ignore aucune des mauvaises nouvelles arrivées d'Afrique subsaharienne. Et rien de l'implication de « notre ami du Qatar », formule d'un officier d'état-major, dans la « capture » du Nord-Mali par plusieurs mouvements djihadistes.

    Le 26 mars, « Le Canard » avait déjà cité les accusations portées par les services français contre ce riche émirat pétrolier. Ce que les analystes de la Direction du renseignement militaire (DRM) confirment, en décrivant cet immense territoire comme « un nouveau sanctuaire terroriste ».

    Personne ne devrait s'en étonner. Depuis plus de trois ans, politiques et militaires sont conscients du danger. Sarkozy le premier, qui, le 26 août 2009, devant les ambassadeurs de France réunis au Quai d'Orsay, avait juré, martial : « La France ne laissera pas Al-Qaida installer un sanctuaire à notre porte, en Afrique. » Et, le 26 janvier 2011, Bernard Bajolet, promu par lui coordonnateur national du Renseignement, évoquait, devant plusieurs députés de la commission des forces armées, « le risque de voir le Sahel se transformer en nouvelle terre du djihad ». On connaît la suite, mais pas sous certains aspects.

    Au début de cette année, plusieurs notes de la DGSE ont alerté l'Elysée sur les activités internationales, si l'on ose dire, de l'émirat du Qatar. Et, sans vraiment insister, diplomatie oblige, sur le patron de cet Etat minuscule, le cheikh Hamad ben Khalifa al-Thani, que Sarko a toujours traité en ami et en allié. Les officiers de la DRM affirment, eux, que la générosité du Qatar est sans pareille et qu'il ne s'est pas contenté d'aider financièrement, parfois en leur livrant des armes, les révolutionnaires de Tunisie, d'Egypte ou de Libye.
    Petit Etat taliban

    Selon les renseignements recueillis par la DRM, les insurgés touareg du MNLA (indépendantistes et laïcs), les mouvements Ansar Dine, Aqmi (Al-Qaida au Maghreb islamique) et Mujao (djihad en Afrique de l'Ouest) ont reçu une aide en dollars du Qatar. Les prises d'otages, les trafics de drogue ou de cigarettes ne peuvent donc suffire à ces islamistes très dépensiers.

    Leur petit Etat taliban connaît ses premières discordes entre Touareg, plus ou moins religieux, et fanatiques de la charia. Mais ces divers groupes sont désormais présents dans plusieurs agglomérations aux frontières du Niger, du Burkina Faso et de l'Algérie. Autres « touristes » armés dont la présence est remarquée au Nord-Mali : des Nigérians de la secte Boko Haram et des instructeurs pakistanais arrivés de Somalie avec une bonne expérience de la guérilla.

    SOS Algérie

    Commentaire attristé d'un diplomate français : « On lève les bras au ciel et on soutient la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest), tout en sachant qu'elle est impuissante. » Plusieurs dirigeants de ces pays, inquiets à l'idée que le virus islamiste ne se répande chez eux, envisagent bien une intervention militaire. Mais ni eux ni l'Union africaine ne disposent des forces nécessaires pour « reconquérir » les villes et le désert du Nord-Mali. Et ce qu'il reste de l'« Etat malien », au sud, « n'existe pas vraiment, la guerre ci-vile menace », selon les services français.

    Et chacun, tels les Français, qui se contentent de « surveiller la zone », comme on dit, de se tourner vers l'Algérie, dont l'armée est la seule capable de franchir les 1 300 km de frontière du Nord-Mali, puis de ne faire qu'une bouchée de ces islamistes. Mais Bouteflika et ses géné raux craignent les retours de bâton. Ils n'ont guère envie, semble-t-il, de « voir de nouveau "fleurir" le terrorisme à domicile », selon le Quai d'Orsay.

    Les occupants de ce petit « Afghanistan africain » ignorent d'autant moins cette « torpeur des Algériens », comme disent méchamment des officiers français,qu'ils détiennent sept de leurs diplomates capturés à Gao. Mieux, avant même cet épisode, ils disposaient déjà d'une première réserve de « boucliers humains » : six otages français et sept autres étrangers. Faute d'arguments militaires convaincants - ces islamistes et leurs alliés ne sont que quelques milliers -, c'est leur arme de dissuasion face aux partisans d'une intervention internationale. Un nouvel art de la guerre ?

    Le Canard Enchaîné – Claude Angeli

    Le pétrole que l'on pourra exploiter à l'avenir au Sahel intéresse le Qatar. Ses propres réserves sont immenses, mais sans doute cet émirat craint-il de les voir un jour se tarir. Des négociations discrètes ont déjà débuté avec Total. Voilà qui n'enchante guère les Algériens, déjà furieux du jeu ambigu mené par le Qatar à l'égard des Touareg au Mali. Avec le risque que ces indépendantistes exercent une mauvaise influence sur leurs frères touaregs algériens.
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