Lassé de nager à contre-courant et de «labourer les mers», comme disait Bolivar, j’ai décidé, il y a quelque temps, que je ne me fatiguerai plus à prendre la plume au sujet de notre pays et de ses politiques.
Mais des évènements, déclarations, écrits, articles récents, me poussent irrésistiblement à réagir, tant l’esprit et la lettre en semblent être dénis de réalités, pour ne pas dire pensée magique qui dure et perdure, tout en causant toujours plus de dégâts.
Un certain Einstein avait l’habitude de dire qu’«il est impossible de résoudre un problème à partir des systèmes de pensées qui lui ont donné naissance». Ce genre d’idée ne semble pas effleurer l’esprit de «penseurs» qui, de Washington à Berlin, en passant par les inconditionnels des business-schools à la US, jusque Alger, croient pouvoir guérir les ravages du néolibéralisme par plus de néolibéralisme. Il en est ainsi des fameuses «50 propositions» de notre valeureux Forum des chefs d’entreprises (comme si être chef d’entreprise conférait automatiquement le droit et les capacités de penser la société et son bien-être !), de prises de positions de nombre de journalistes, économistes, anciens ministres de l’économie qui veulent «repenser sur l’économie algérienne», de collègues intellectuels, professeurs membres de «think-tanks» tout dévoués à l’entreprise-privée-remède-à-tout... et j’en passe.
Alors que, en toute évidence éclatante, au moins depuis 2008, il est aveuglant que ce néolibéralisme et sa mondialisation, basés sur l’idolâtrie du privé, le dogme du marché «dit libre» et la détestation de l’Etat – entre autres – sont le cuisant (pour ne pas dire criminel) échec d’une doctrine économique frisant l’intégrisme académique, érigeant un certain fanatisme idéologique issu des Chicago boys en «science» prouvée et aboutie.
Le monde néolibéral brûle de partout : les Néron de la mondialisation le contemplent et en rajoutent !
Depuis le sauvetage (par cet Etat tant honni, rappelons-le) de la finance (non l’économie) mondiale, on peut dire que, enfin, le modèle néolibéral s’est révélé pour ce qu’il est : un système dont tous les bénéfices sont privatisés et les coûts socialisés. A-t-on vu des patrons, des milliardaires… un «marché» quelconque, venir au secours de la planète mise à sac par les gangsters-banquiers-boursicoteurs et autres hauts diplômés en traficotage-spéculation sortis des business-schools américaines ? Non ! Ce sont les Etats, avec de l’argent purement public ! Mais à peine renfloués et récompensés, les mêmes gangsters-traficoteurs en redemandent. Et économistes, intellectuels et politiciens leur donnent raison. Nul ne veut voir qu’il n’existe plus d’Amérique (ou même d’Europe) réellement «capitaliste» dite «de libre entreprise privée» : l’Etat US ayant racheté (donc étatisé, nationalisé) la «totalité du système financier» ; tout ce qui appartenait à ce système lui appartient !
La moindre épicerie qui dispose d’une ligne de crédit bancaire n’a plus rien de «privé» sauf ses profits, bien entendu. Qui peut nier qu’aujourd’hui, les USA ne sont qu’une sorte de nouveau capitalisme d’Etat, digne des pires soviétismes à la Brejnev ? Où se trouve donc cette «entreprise privée» dont on nous rebat les oreilles ? Où étaient ses magiques vertus lors des successives crises de 1930 à 2008 ? Mais… l’Etat, lui, était toujours là ! La question qui se pose est : Etat pour et par qui ? Pas celle de l’Etat in abstracto. Qui s’agite de tout bord en Europe pour sauver les meubles qui restent sinon les Etats ? Mais tels des Néron, les dirigeants regardent leur Rome brûler, tout en psalmodiant les incantations néolibérales qui sont les sources mêmes de l’incendie. Qui peut nier que, autant du côté des USA que de l’Europe, on ne fait qu’aller de bulles en bulles ? Qu’on ne sait absolument plus quoi faire ? Ni que dire ? Rajoutant mesures néolibérales sur dégâts néolibéraux ! Pauvre Einstein, si tu savais !
Pendant ce temps, en Algérie…
Sait-on qu’un certain Adam Smith (père spirituel absolu, à son insu, des néolibéraux) a écrit ceci : «Laissez trois businessmen faire du business sans surveiller ce qu’ils font et vous avez trois brigands !» Cette phrase du «maître» devrait faire réfléchir à dix fois avant de parler du moindre bienfait du dit «sain libre marché autorégulé». Mais que ce soit dans les «50 propositions», dans les déclarations et écrits récents de certains professeurs et/ou ex-ministres de l’Economie, de maints journalistes «spécialisés»… il n’en est, en ce qui concerne l’Algérie, que de super-crédos, à mon avis, plus néolibéraux les uns que les autres. Il n’est sempiternellement question que de libérer le marché des entraves de l’Etat (à admettre qu’il y ait «Etat» en Algérie et non simple régime de maffieux profiteurs néocolonisés-cooptés, mais on fait «comme si»), de laisser le champ libre (sinon dérouler tapis rouge) à «l’investissement privé», de laisser jouer la saine concurrence, la miraculeuse «compétitivité» (comprendre baisse des salaires, pollution accélérée et enrichissement infini des riches – confondu avec bien être économique), de donner de l’oxygène à la «pauvre» entreprise privée, étranglée par de la bureaucratie étatiste, par de la corruption institutionnalisée, par des charges démentes, des syndicats boulimiques et staliniens… Certains vont même jusqu’à invoquer les «PPP» (partenariats public-privé) comme planche de salut, ou encore l’attraction de (philanthropiques) multinationales et autres «investissements directs étrangers».
En un mot comme en mille, disent-ils, faisons de l’Algérie une USA bis avec tous les crédos venant de ce pays mythique : peuple de leaders et de super-self-made-men, modèle démocratique (l’argent fait ce qu’il veut comme il veut), modèle de pure efficacité économique et de démocratie méritocratique. Mais qui donc ose poser la question du pourquoi tout cela a conduit au chaos mondial de 2008, parti des USA, qui est loin d’en finir ? Qui ose mettre à l’ordre du jour la question de savoir si, une bonne fois, cette sacro-sainte entreprise privée n’a que des droits et des privilèges ? Ne sert-elle donc qu’à enrichir (quitte à tuer les facteurs mêmes qui le permettent : le travail et la nature) leurs patrons (je ne dis pas propriétaires car combien, et même des plus gigantesques, ne fonctionnent quasiment qu’avec de l’argent public ?).
Mais… implorons et invitons les dieux patrons privés-héros, le modèle des USA et de Harvard, seules et uniques planches de salut. Nions que les «PPP» ont ruiné l’Angleterre et mis à genoux USA, Canada et Québec ; nions que le système du «tout privé», du libéralisme économique et de la mondialisation a ruiné la planète, nature comprise, à force de partout imposer (via les IFI en particulier) le modèle US. Plongeons dans le déni de réalité le plus total et cela sauvera l’Algérie !
Mais des évènements, déclarations, écrits, articles récents, me poussent irrésistiblement à réagir, tant l’esprit et la lettre en semblent être dénis de réalités, pour ne pas dire pensée magique qui dure et perdure, tout en causant toujours plus de dégâts.
Un certain Einstein avait l’habitude de dire qu’«il est impossible de résoudre un problème à partir des systèmes de pensées qui lui ont donné naissance». Ce genre d’idée ne semble pas effleurer l’esprit de «penseurs» qui, de Washington à Berlin, en passant par les inconditionnels des business-schools à la US, jusque Alger, croient pouvoir guérir les ravages du néolibéralisme par plus de néolibéralisme. Il en est ainsi des fameuses «50 propositions» de notre valeureux Forum des chefs d’entreprises (comme si être chef d’entreprise conférait automatiquement le droit et les capacités de penser la société et son bien-être !), de prises de positions de nombre de journalistes, économistes, anciens ministres de l’économie qui veulent «repenser sur l’économie algérienne», de collègues intellectuels, professeurs membres de «think-tanks» tout dévoués à l’entreprise-privée-remède-à-tout... et j’en passe.
Alors que, en toute évidence éclatante, au moins depuis 2008, il est aveuglant que ce néolibéralisme et sa mondialisation, basés sur l’idolâtrie du privé, le dogme du marché «dit libre» et la détestation de l’Etat – entre autres – sont le cuisant (pour ne pas dire criminel) échec d’une doctrine économique frisant l’intégrisme académique, érigeant un certain fanatisme idéologique issu des Chicago boys en «science» prouvée et aboutie.
Le monde néolibéral brûle de partout : les Néron de la mondialisation le contemplent et en rajoutent !
Depuis le sauvetage (par cet Etat tant honni, rappelons-le) de la finance (non l’économie) mondiale, on peut dire que, enfin, le modèle néolibéral s’est révélé pour ce qu’il est : un système dont tous les bénéfices sont privatisés et les coûts socialisés. A-t-on vu des patrons, des milliardaires… un «marché» quelconque, venir au secours de la planète mise à sac par les gangsters-banquiers-boursicoteurs et autres hauts diplômés en traficotage-spéculation sortis des business-schools américaines ? Non ! Ce sont les Etats, avec de l’argent purement public ! Mais à peine renfloués et récompensés, les mêmes gangsters-traficoteurs en redemandent. Et économistes, intellectuels et politiciens leur donnent raison. Nul ne veut voir qu’il n’existe plus d’Amérique (ou même d’Europe) réellement «capitaliste» dite «de libre entreprise privée» : l’Etat US ayant racheté (donc étatisé, nationalisé) la «totalité du système financier» ; tout ce qui appartenait à ce système lui appartient !
La moindre épicerie qui dispose d’une ligne de crédit bancaire n’a plus rien de «privé» sauf ses profits, bien entendu. Qui peut nier qu’aujourd’hui, les USA ne sont qu’une sorte de nouveau capitalisme d’Etat, digne des pires soviétismes à la Brejnev ? Où se trouve donc cette «entreprise privée» dont on nous rebat les oreilles ? Où étaient ses magiques vertus lors des successives crises de 1930 à 2008 ? Mais… l’Etat, lui, était toujours là ! La question qui se pose est : Etat pour et par qui ? Pas celle de l’Etat in abstracto. Qui s’agite de tout bord en Europe pour sauver les meubles qui restent sinon les Etats ? Mais tels des Néron, les dirigeants regardent leur Rome brûler, tout en psalmodiant les incantations néolibérales qui sont les sources mêmes de l’incendie. Qui peut nier que, autant du côté des USA que de l’Europe, on ne fait qu’aller de bulles en bulles ? Qu’on ne sait absolument plus quoi faire ? Ni que dire ? Rajoutant mesures néolibérales sur dégâts néolibéraux ! Pauvre Einstein, si tu savais !
Pendant ce temps, en Algérie…
Sait-on qu’un certain Adam Smith (père spirituel absolu, à son insu, des néolibéraux) a écrit ceci : «Laissez trois businessmen faire du business sans surveiller ce qu’ils font et vous avez trois brigands !» Cette phrase du «maître» devrait faire réfléchir à dix fois avant de parler du moindre bienfait du dit «sain libre marché autorégulé». Mais que ce soit dans les «50 propositions», dans les déclarations et écrits récents de certains professeurs et/ou ex-ministres de l’Economie, de maints journalistes «spécialisés»… il n’en est, en ce qui concerne l’Algérie, que de super-crédos, à mon avis, plus néolibéraux les uns que les autres. Il n’est sempiternellement question que de libérer le marché des entraves de l’Etat (à admettre qu’il y ait «Etat» en Algérie et non simple régime de maffieux profiteurs néocolonisés-cooptés, mais on fait «comme si»), de laisser le champ libre (sinon dérouler tapis rouge) à «l’investissement privé», de laisser jouer la saine concurrence, la miraculeuse «compétitivité» (comprendre baisse des salaires, pollution accélérée et enrichissement infini des riches – confondu avec bien être économique), de donner de l’oxygène à la «pauvre» entreprise privée, étranglée par de la bureaucratie étatiste, par de la corruption institutionnalisée, par des charges démentes, des syndicats boulimiques et staliniens… Certains vont même jusqu’à invoquer les «PPP» (partenariats public-privé) comme planche de salut, ou encore l’attraction de (philanthropiques) multinationales et autres «investissements directs étrangers».
En un mot comme en mille, disent-ils, faisons de l’Algérie une USA bis avec tous les crédos venant de ce pays mythique : peuple de leaders et de super-self-made-men, modèle démocratique (l’argent fait ce qu’il veut comme il veut), modèle de pure efficacité économique et de démocratie méritocratique. Mais qui donc ose poser la question du pourquoi tout cela a conduit au chaos mondial de 2008, parti des USA, qui est loin d’en finir ? Qui ose mettre à l’ordre du jour la question de savoir si, une bonne fois, cette sacro-sainte entreprise privée n’a que des droits et des privilèges ? Ne sert-elle donc qu’à enrichir (quitte à tuer les facteurs mêmes qui le permettent : le travail et la nature) leurs patrons (je ne dis pas propriétaires car combien, et même des plus gigantesques, ne fonctionnent quasiment qu’avec de l’argent public ?).
Mais… implorons et invitons les dieux patrons privés-héros, le modèle des USA et de Harvard, seules et uniques planches de salut. Nions que les «PPP» ont ruiné l’Angleterre et mis à genoux USA, Canada et Québec ; nions que le système du «tout privé», du libéralisme économique et de la mondialisation a ruiné la planète, nature comprise, à force de partout imposer (via les IFI en particulier) le modèle US. Plongeons dans le déni de réalité le plus total et cela sauvera l’Algérie !
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