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Zinedine Zidane s'en va dans les larmes

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  • Zinedine Zidane s'en va dans les larmes

    Zinedine Zidane a tiré sa révérence au football, s'en allant, seul dans les larmes et les regrets, au terme de la finale de la Coupe du monde remportée par l'Italie aux tirs au but.

    Non seulement "Zizou" n'a pas réussi son pari de décrocher une deuxième étoile huit ans après celle de 1998 mais il a terminé l'aventure seul, loin des siens, aux vestiaires.

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    Le capitaine des Bleus a été expulsé lors de la seconde mi-temps de la prolongation pour une agression sur Marco Materazzi, hors de toute action de jeu.

    Le temps qu'il se rende compte de l'énormité de son geste, il était certainement trop tard, il ne lui restait plus qu'à tourner le dos à un match qui n'était finalement pas le sien.

    Sans doute restera-t-il le plus grand joueur français de ces 20 dernières années mais son dernier geste en tant que footballeur jette un voile terne sur la fin de son histoire avec les Bleus.

    Zizou était revenu, il y a moins d'un an, pour ne pas achever sa carrière internationale sur la déception frustrante d'une élimination en quart de finale du championnat d'Europe.

    Lui que l'on disait vieillissant, physiquement à des lustres du talent montré en 1998 et 2000, a fait mentir tous ses exégètes.

    Bien qu'il n'ait pas eu l'honneur de soulever une deuxième fois le trophée, privilège réservé à une poignée de joueurs, Zidane a certainement réussi la plus belle de ses six phases finales.

    Face au Brésil en quart de finale, le capitaine tricolore a livré la plus grande performance de ses 12 années sous le maillot bleu.

    Contre l'Espagne et le Portugal, il fut aussi magnifique et déterminant.

    Il inscrivit un but remarquable dans les arrêts de jeu pour sceller l'humiliation des hommes de Luis Aragones (3-1) et transforma sans trembler le penalty pour écarter de son chemin les protégés de Luiz Felipe Scolari (1-0) en demi.

    Dimanche soir à Berlin, dans un stade chargé d'histoire, son talent n'a pas suffi pour empêcher l'inévitable victoire de l'Italie, meilleure équipe du monde à l'évidence.

    Le soir de sa première sélection en août 1994 à Bordeaux, le gamin des quartiers nord de Marseille avait sauvé la France.

    Entré en seconde mi-temps, il avait inscrit deux buts de génie en l'espace de cinq minutes et obtenu un heureux match nul (2-2) face à des Tchèques qui ont rarement réussi aux Français.

    Sous la férule d'Aimé Jacquet, qui nourrissait pour lui une admiration presque sans borne, "Zizou" avait incarné l'espoir d'un renouveau du football hexagonal.

    Il avait été accueilli comme celui qui était capable de mettre fin aux années de disette après le départ d'un autre numéro 10 d'exception, Michel Platini.

    LA PLUS BELLE ET LA PLUS FASCINANTE

    Avec Zidane, la France a tout gagné, la Coupe du monde en 1998 et le championnat d'Europe 2000 qui restera à jamais le chef d'oeuvre du maître à jouer français.

    Avec Zidane, la France s'est imposée pendant deux courtes années comme la plus belle et la plus fascinante équipe du monde.

    L'Euro en Belgique et aux Pays-Bas fut l'apogée de cette génération.

    C'est à peu près cette époque-là que Zidane quitta la Juventus de Turin pour rejoindre le Real de Madrid au terme du plus gros transfert jamais réalisé: 75 millions d'euros.

    Ce record n'a jamais été égalé depuis et Zidane reste le joueur le plus cher de l'histoire du football.

    Paradoxalement, ce fut à partir de cette époque que le déclin du maestro se fit perceptible, en même temps que celui de la France se faisait évident.

    Sa blessure à la veille du Mondial 2002 fut un terrible coup du sort, le privant des deux premières rencontres et l'obligeant à jouer la troisième à peine rétabli d'une déchirure à la cuisse.

    Malgré son courage, il ne put éviter un fiasco qui était largement prévisible: le manque de préparation, l'excès de confiance et la "prime" donnée aux Mondialistes de 1998 aboutirent à une infamante élimination au premier tour.

    Deux ans plus tard, les Français connaissaient à nouveau une déconvenue lors du championnat d'Europe au Portugal.

    Divisés, incapables de jouer ensemble malgré un système de jeu pourtant simple imposé par Jacques Santini, ils perdaient le dernier titre qui leur restait: défaite 1-0 face à la Grèce en quart de finale.

    GROSSE FATIGUE

    Cela en était trop pour Zidane qui, voyant d'un mauvais oeil l'arrivée de Raymond Domenech à la tête de la sélection, décidait de se consacrer uniquement à son club.

    Mais là non plus, les choses n'étaient pas celles qu'il espérait car le Real se montrait incapable de remporter le moindre trophée tandis que son rival de toujours, Barcelone, mettait la Primera Liga et l'Europe sous sa tutelle.

    Malgré tous ces signes de déclin du maître, la France ne pouvait encore se résoudre à se passer de lui et elle le rappelait en août 2005.

    Parce que la patrie était en danger et qu'une non qualification pour la Coupe du monde l'aurait ramenée une décennie en arrière.

    A cause de son passé récent et des enjeux financiers qu'il avait engendrés, la France ne pouvait pas se permettre d'être absente en Allemagne.

    Alors Zidane revint et aida les siens à se qualifier pour un tournoi dans lequel il était presque évident qu'ils ne pourraient pas briller malgré un tirage au sort relativement favorable.

    Avant le Mondial 2006, Zidane avait été honnête.

    Il était fatigué. Il admettait ne pas être satisfait de la manière dont il jouait depuis deux ou trois ans mais il s'avouait prêt à disputer encore quelques matches.

    La prolongation de dimanche fut l'épreuve de trop pour ce joueur complexe et timide dont la violence a sans cesse accompagné le génie.

    Il s'en va donc.

    Dans moins de deux mois, débutent les qualifications pour l'Euro2008, comme pour rappeler que les aventures ne disparaissent pas avec les hommes, aussi grands soient-ils.

    Par Reuters
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