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A propos de la contribution de Darwin à la théorie de l'évolution

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  • A propos de la contribution de Darwin à la théorie de l'évolution

    Un petit extrait amusant (il faut évidemment lire les terminaisons en "oit" comme "ait"):

    ...Les quadrumanes. Galago, tarsier, lori, maki, indri, guenon, babouin, sapajou, alouate, magot, pongo, orang. remarque. selon l’ordre que je viens de présenter, la famille des quadrumanes comprend donc les plus parfaits des animaux connus, surtout les derniers genres de cette famille ; et en effet, le genre orang (pithecus) termine l’ordre entier, comme la monade le commence...
    Les bimanes. mammifères à membres séparés, onguiculés ; à trois sortes de dents, et à pouces opposables aux mains seulement. l’homme. Variétés : le caucasique, l’hyperboréen, le mongol, l’américain, le malais, l’éthiopien ou nègre. On a donné à cette famille le nom de bimanes, parce qu’en effet les mains seules de l’homme offrent un pouce séparé et comme opposé aux doigts ; tandis que dans les quadrumanes, les mains et les pieds présentent, à l’égard du pouce, le même caractère.

    Quelques
    Observations relatives à l’Homme.

    SI l’homme n’étoit distingué des animaux que relativement à son organisation, il seroit aisé de montrer que les caractères d’organisation dont on se sert pour en former, avec ses variétés, une famille à part, sont tous le produit d’anciens changemens dans ses actions, et des habitudes qu’il a prises et qui sont devenues particulières aux individus de son espèce.

    Effectivement, si une race quelconque de quadrumanes, surtout la plus perfectionnée d’entre elles, perdoit, par la nécessité des circonstances, ou par quelqu’autre cause, l’habitude de grimper sur les arbres, et d’en empoigner les branches avec les pieds, comme avec les mains, pour s’y accrocher ; et si les individus de cette race, pendant une suite de générations, étoient forcés de ne se servir de leurs pieds que pour marcher, et cessoient d’employer leurs mains comme des pieds ; il n’est pas douteux, d’après les observations exposées dans le chapitre précédent, que ces quadrumanes ne fussent à la fin transformés en bimanes, et que les pouces de leurs pieds ne cessassent d’être écartés des doigts, ces pieds ne leur servant plus qu’à marcher.

    En outre, si les individus dont je parle, mus par le besoin de dominer, et de voir à la fois au loin et au large, s’efforçoient de se tenir debout, et en prenoient constamment l’habitude de génération en génération ; il n’est pas douteux encore que leurs pieds ne prissent insensiblement une conformation propre à les tenir dans une attitude redressée, que leurs jambes n’acquissent des mollets, et que ces animaux ne pussent alors marcher que péniblement sur les pieds et les mains à la fois.

    Enfin, si ces mêmes individus cessoient d’employer leurs mâchoires comme des armes pour mordre, déchirer ou saisir, ou comme des tenailles pour couper l’herbe et s’en nourrir, et qu’ils ne les fissent servir qu’à la mastication ; il n’est pas douteux encore que leur angle facial ne devînt plus ouvert, que leur museau ne se raccourcît de plus en plus, et qu’à la fin étant entièrement effacé, ils n’eussent leurs dents incisives verticales.
    Que l’on suppose maintenant qu’une race de quadrumanes, comme la plus perfectionnée, ayant acquis, par des habitudes constantes dans tous ses individus, la conformation que je viens de citer, et la faculté de se tenir et de marcher debout, et qu’ensuite elle soit parvenue à dominer les autres races d’animaux ; alors on concevra :

    1°. Que cette race plus perfectionnée dans ses facultés, étant par-là venue à bout de maîtriser les autres, se sera emparée à la surface du globe de tous les lieux qui lui conviennent ;

    2°. Qu’elle en aura chassé les autres races éminentes, et dans le cas de lui disputer les biens de la terre, et qu’elle les aura contraintes de se réfugier dans les lieux qu’elle n’occupe pas ;

    3°. Que nuisant à la grande multiplication des races qui l’avoisinent par leurs rapports, et les tenant reléguées dans des bois ou autres lieux déserts, elle aura arrêté les progrès du perfectionnement de leurs facultés, tandis qu’elle-même, maîtresse de se répandre partout, de s’y multiplier sans obstacle de la part des autres, et d’y vivre par troupes nombreuses, se sera successivement créé des besoins nouveaux qui auront excité son industrie et perfectionné graduellement ses moyens et ses facultés ;

    4°. Qu’enfin, cette race prééminente ayant acquis une suprématie absolue sur toutes les autres, elle sera parvenue à mettre entre elle et les animaux les plus perfectionnés, une différence, et, en quelque sorte, une distance considérable.

    Ainsi, la race de quadrumanes la plus perfectionnée aura pu devenir dominante ; changer ses habitudes par suite de l’empire absolu qu’elle aura pris sur les autres et de ses nouveaux besoins ; en acquérir progressivement des modifications dans son organisation et des facultés nouvelles et nombreuses ; borner les plus perfectionnées des autres races à l’état où elles sont parvenues ; et amener entre elle et ces dernières des distinctions très-remarquables.

    ...

    Maintenant pour suivre, dans tous ses points, la supposition présentée dès le commencement de ces observations, il convient d’y ajouter les considérations suivantes.

    Les individus de la race dominante dont il a été question, s’étant emparés de tous les lieux d’habitation qui leur furent commodes, et ayant considérablement multiplié leurs besoins à mesure que les sociétés qu’ils y formoient devenoient plus nombreuses, ont dû pareillement multiplier leurs idées, et par suite ressentir le besoin de les communiquer à leurs semblables. On conçoit qu’il en sera résulté pour eux la nécessité d’augmenter et de varier en même proportion les signes propres à la communication de ces idées. Il est donc évident que les individus de cette race auront dû faire des efforts continuels, et employer tous leurs moyens dans ces efforts, pour créer, multiplier et varier suffisamment les signes que leurs idées et leurs besoins nombreux rendoient nécessaires.

    Il n’en est pas ainsi des autres animaux ; car, quoique les plus parfaits d’entre eux, tels que les quadrumanes, vivent, la plupart, par troupes ; depuis l’éminente suprématie de la race citée, ils sont restés sans progrès dans le perfectionnement de leurs facultés, étant pourchassés de toutes parts et relégués dans des lieux sauvages, déserts, rarement spacieux, et où, misérables et inquiets, ils sont sans cesse contraints de fuir et de se cacher. Dans cette situation, ces animaux ne se forment plus de nouveaux besoins ; n’acquièrent plus d’idées nouvelles ; n’en ont qu’un petit nombre, et toujours les mêmes qui les occupent ; et parmi ces idées, il y en a très-peu qu’ils aient besoin de communiquer aux autres individus de leur espèce. Il ne leur faut donc que très-peu de signes différens pour se faire entendre de leurs semblables ; aussi quelques mouvemens du corps ou de certaines de ses parties, quelques sifflemens et quelques cris variés par de simples inflexions de voix leur suffisent.

    Au contraire, les individus de la race dominante, déjà mentionnée, ayant eu besoin de multiplier les signes pour communiquer rapidement leurs idées devenues de plus en plus nombreuses, et ne pouvant plus se contenter, ni des signes pantomimiques, ni des inflexions possibles de leur voix, pour représenter cette multitude de signes devenus nécessaires, seront parvenus, par différens efforts, à former des sons articulés : d’abord ils n’en auront employé qu’un petit nombre, conjointement avec des inflexions de leur voix ; par la suite, ils les auront multipliés, variés et perfectionnés, selon l’accroissement de leurs besoins, et selon qu’ils se seront plus exercés à les produire. En effet, l’exercice habituel de leur gosier, de leur langue et de leurs lèvres pour articuler des sons, aura éminemment développé en eux cette faculté.

    De là, pour cette race particulière, l’origine de l’admirable faculté de parler ; et comme l’éloignement des lieux où les individus qui la composent se seront répandus favorise la corruption des signes convenus pour rendre chaque idée, de là l’origine des langues, qui se seront diversifiées partout.
    Ainsi, à cet égard, les besoins seuls auront tout fait : ils auront fait naître les efforts ; et les organes propres aux articulations des sons se seront développés par leur emploi habituel.

    Telles seroient les réflexions que l’on pourroit faire si l’homme, considéré ici comme la race prééminente en question, n’étoit distingué des animaux que par les caractères de son organisation et si son origine n’étoit pas différente de la leur.
    Jean-Baptiste de Lamarck, Philosophie zoologique, 1809

    Pour info, "De l'origine des espèces" de Darwin a été publié en 1859...

    Notons que le dernier paragraphe en rouge n'est que du tnoufiq pour se protéger des religieux Chrétiens qui étaient revenus avec la parenthèse napoléonienne. L'auteur n'en pensait pas autrement. Il est aussi bon de savoir que la "Monade" que l'auteur identifie comme étant à la base du règne animal se crée selon lui spontanément car "très simple"!!! Les autres espèces animales ont par la suite, toujours selon l'auteur, "évoluées" (le mot n'est toujours pas utilisé à l'époque) à partir de cette monade qui a vu le jour toute seule.
    Chacun pour Dieu et Dieu pour tous

  • #2
    L'idée révolutionnaire de Darwin n'est pas tant que les especes changent au fil du temps (d'ailleurs ce n'est pas une trouvaille de Lamarck non plus) mais que cette mutation se fait selon les mécanismes de variabilité aléatoire d'un individu à l'autre au sein des especes et par la selection naturelle.

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    • #3
      Envoyé par AAnis Voir le message
      L'idée révolutionnaire de Darwin n'est pas tant que les especes changent au fil du temps (d'ailleurs ce n'est pas une trouvaille de Lamarck non plus) mais que cette mutation se fait selon les mécanismes de variabilité aléatoire d'un individu à l'autre au sein des especes et par la selection naturelle.
      - Je n'ai pas dit que c'était une trouvaille de Lamarck : j'ai trouvé son texte synthétique et amusant, hada makane.

      - Ta précision sur la contribution de Darwin peut te paraitre importante mais elle est complétement hermétique pour le commun des mortels : pour ses derniers, "l'homme descend du singe" et c'est Darwin qui l'a dit (merci la vulgarisation scientifique). Or, Lamarck l'a dit aussi et bien avant Darwin.

      - Il en résulte que Darwin n'était pas parti de zéro et les matérialistes européens étaient déjà très disposés à épouser sa contribution.
      Chacun pour Dieu et Dieu pour tous

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      • #4
        le commun des mortels : pour ses derniers, "l'homme descend du singe" et c'est Darwin qui l'a dit (merci la vulgarisation scientifique)
        C'est un peu comme "Einstein a inventé la bombe atomique". Malheureusement, il y a un grand travail à faire en terme de vulgarisation scientifique.

        - Il en résulte que Darwin n'était pas parti de zéro
        Dans l'histoire des idées, je ne connais aucun exemple de quelqu'un qui part de zéro, d'une idée qui emerge du néant qu'il serait impossible de lier à d'autres idées du lieu ou de l'époque ou elle apparait.

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        • #5
          Envoyé par AAnis Voir le message
          C'est un peu comme "Einstein a inventé la bombe atomique".
          Ou Edison qui aurait inventé l'électricité

          Envoyé par AAnis Voir le message
          Dans l'histoire des idées, je ne connais aucun exemple de quelqu'un qui part de zéro, d'une idée qui emerge du néant qu'il serait impossible de lier à d'autres idées du lieu ou de l'époque ou elle apparait.
          Vu de cet angle, peut-être. Mais certaines idées ont bien émergé dans des environnements "hostiles" et pas très propices, quand bien même elles seraient héritières d'idées plus anciennes. Ce n'était sûrement pas le cas de Darwin dont le livre a reçu un accueil chaleureux dès sa publication et dont les précurseurs, comme Lamarck, avaient déjà "habitué" les gens à ce "mode de pensée" évolutionniste.
          Chacun pour Dieu et Dieu pour tous

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          • #6
            Ce n'était sûrement pas le cas de Darwin dont le livre a reçu un accueil chaleureux
            Ah non, l'accueil n'était pas chaleureux mais plutôt intéressé, ce qui n'a pas changé. Qu'on soit pour ou contre cette théorie, elle ne laisse personne indifférent.

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            • #7
              Envoyé par AAnis Voir le message
              Ah non, l'accueil n'était pas chaleureux mais plutôt intéressé, ce qui n'a pas changé.
              Laissons les faits parler :

              Accueil "De l'origine des espèces"

              Le livre sort en librairie le 24 novembre 1859, les 1 250 exemplaires du premier tirage sont épuisés dans la journée. Il sera réédité six fois entre 1859 et 1872.
              On est très loin du mec qui s'est battu pendant des années pour attirer l'attention sur ses idées et éventuellement les faire accepter...
              Chacun pour Dieu et Dieu pour tous

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              • #8
                C'est exactement ce que j'ai dit.

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