COMMUNICATION SUR LA SANTE DU CHEF DE L’ETAT : cynisme et amateurisme
Publié par l'Express le mardi 21 mai 2013 21:54
En termes de stratégie de communication, placer un chef de l’Etat, dont la santé alimente toutes les spéculations, aux « Invalides » relève d’un insondable crétinisme ; surtout quand on a la prétention de pouvoir masquer la vérité. Depuis le début et jusqu’à cette ultime bourde, le pouvoir algérien est la risée du monde entier.
Comment un professeur de médecine commis aux écritures médicales spécieuses a-t-il proféré un diagnostic aussi futile qu’un AIT sans séquelles ( longtemps appelé un malaise ) pour ordonner dans la journée une évacuation vers un hôpital militaire français et annoncer quelques jours plus tard que ce transfert se justifiait par la nécessité de procéder à une embolisation !
Comment une agence de presse, l’APS, voix des slogans et des forbans s’est-elle fourvoyée en assurant que la santé du chef de l’Etat a connu une amélioration spectaculaire alors qu’il était supposé avoir eu un malaise ?
Comment un premier ministre, certes blagueur invétéré, peut-il déclarer que le chef de l’Etat suivait quotidiennement ses dossiers pour nous expliquer quelques jours plus tard que ses médecins lui avaient prescrit un repos complet ?
Plus grave, il a fallu que le Quai d’Orsay communique sur le sujet et que quelques journaux français s’expriment pour que la Cour daigne réagir. Tout se passe comme si l’Algérie officielle n’avait à s’expliquer, se justifier voire rendre des comptes que lorsque les puissances étrangères – au rang des quelles celle contre laquelle on fait braire les rentiers de la mémoire - manifestent une irritation. Les Algériens n’ont droit qu’au silence, au mépris ou à l’humiliation. Ils sont convoqués pour absorber la bouillie du déshonneur ou meubler le sempiternel scénario de la patrie exemplaire menacée par les ennemis auxquels les parrains confient santé, argent et enfants.
Les incongruités d’un pouvoir qui a pourtant le contrôle de tous les medias lourds seraient trop longue à énumérer ; mais ces quelques rappels donnent à saisir le niveau de la décomposition du pouvoir et la veulerie des responsables qui y sévissent. Un professeur de médecine, c’est sérieux; c’est supposer refuser de se rendre complice d’une forfaiture éthique et politique ou ça démissionne quand il a été contraint de commettre l’indicible. Un premier ministre, même algérien, est supposé ne pas accepter de dire une chose et son contraire sur des sujets sensibles et importants pour l’avenir de la nation.
Pourtant dans ce fatras de mensonges, il était possible d’éviter de s’enfoncer dans des déblatérations infantiles car même à distance, même dans un régime né et fonctionnant dans des ténèbres, il y avait des éléments impossibles à cacher.
D’abord on n’hospitalise pas des semaines durant un malade, chef d’Etat au pays des intrigues, pour un AIT sans séquelles. Ensuite beaucoup de ceux qui l’ont entendu savaient que sa dysarthrie, qui l’oblige à communiquer depuis des lustres par des messages écrits, est signe d’une souffrance cérébrale chronique. On se souvient de la voix d’outre-tombe avec laquelle il avait annoncé « ses profondes réformes » en avril 2011. N’importe quel chroniqueur dans une gazette de santé sait que ce handicap quand il dure et se répète chez un insuffisant cardiaque est probablement dû à un système vasculaire lourdement taré.
Comment croire qu’il est possible de cacher des épisodes comateux quand un responsable politique est pris en charge dans un pays où l’information n’est pas régie par les oukases d’Oujda ?
L’hôpital des Invalides est un établissement où sont accueillis essentiellement les grands malades et autres traumatisés de l’armée française qui nécessitent une rééducation lourde quand les fonctions motrices et sensorielles ont été sévèrement atteintes. Cela se sait partout MM Sellal et Bensalah.
Qui, au fond, veut-on tromper de façon aussi éhontée ? M. Bouteflika est un homme physiquement incapable d’exercer sa fonction. A la limite, la question n’est même plus de savoir s’il est vivant ou mort. Cela concerne sa famille, ses proches et ceux qui ont tiré profit de son règne. Pour les autres Algériens, qui sont plus politiques que ne semblent le croire les apparatchiks et les courtisans, le problème est de savoir s’il est utile au pays et s’il peut assumer les fonctions dont ses pairs l’ont pourvu. Il y a longtemps qu’ils ont répondu à ces deux questions. Mais c’est vrai que ce n’est pas eux qui sont écoutés et, ce n’est pas à eux, non plus, que s’adressent les responsables algériens.
La rédaction
Publié par l'Express le mardi 21 mai 2013 21:54
En termes de stratégie de communication, placer un chef de l’Etat, dont la santé alimente toutes les spéculations, aux « Invalides » relève d’un insondable crétinisme ; surtout quand on a la prétention de pouvoir masquer la vérité. Depuis le début et jusqu’à cette ultime bourde, le pouvoir algérien est la risée du monde entier.
Comment un professeur de médecine commis aux écritures médicales spécieuses a-t-il proféré un diagnostic aussi futile qu’un AIT sans séquelles ( longtemps appelé un malaise ) pour ordonner dans la journée une évacuation vers un hôpital militaire français et annoncer quelques jours plus tard que ce transfert se justifiait par la nécessité de procéder à une embolisation !
Comment une agence de presse, l’APS, voix des slogans et des forbans s’est-elle fourvoyée en assurant que la santé du chef de l’Etat a connu une amélioration spectaculaire alors qu’il était supposé avoir eu un malaise ?
Comment un premier ministre, certes blagueur invétéré, peut-il déclarer que le chef de l’Etat suivait quotidiennement ses dossiers pour nous expliquer quelques jours plus tard que ses médecins lui avaient prescrit un repos complet ?
Plus grave, il a fallu que le Quai d’Orsay communique sur le sujet et que quelques journaux français s’expriment pour que la Cour daigne réagir. Tout se passe comme si l’Algérie officielle n’avait à s’expliquer, se justifier voire rendre des comptes que lorsque les puissances étrangères – au rang des quelles celle contre laquelle on fait braire les rentiers de la mémoire - manifestent une irritation. Les Algériens n’ont droit qu’au silence, au mépris ou à l’humiliation. Ils sont convoqués pour absorber la bouillie du déshonneur ou meubler le sempiternel scénario de la patrie exemplaire menacée par les ennemis auxquels les parrains confient santé, argent et enfants.
Les incongruités d’un pouvoir qui a pourtant le contrôle de tous les medias lourds seraient trop longue à énumérer ; mais ces quelques rappels donnent à saisir le niveau de la décomposition du pouvoir et la veulerie des responsables qui y sévissent. Un professeur de médecine, c’est sérieux; c’est supposer refuser de se rendre complice d’une forfaiture éthique et politique ou ça démissionne quand il a été contraint de commettre l’indicible. Un premier ministre, même algérien, est supposé ne pas accepter de dire une chose et son contraire sur des sujets sensibles et importants pour l’avenir de la nation.
Pourtant dans ce fatras de mensonges, il était possible d’éviter de s’enfoncer dans des déblatérations infantiles car même à distance, même dans un régime né et fonctionnant dans des ténèbres, il y avait des éléments impossibles à cacher.
D’abord on n’hospitalise pas des semaines durant un malade, chef d’Etat au pays des intrigues, pour un AIT sans séquelles. Ensuite beaucoup de ceux qui l’ont entendu savaient que sa dysarthrie, qui l’oblige à communiquer depuis des lustres par des messages écrits, est signe d’une souffrance cérébrale chronique. On se souvient de la voix d’outre-tombe avec laquelle il avait annoncé « ses profondes réformes » en avril 2011. N’importe quel chroniqueur dans une gazette de santé sait que ce handicap quand il dure et se répète chez un insuffisant cardiaque est probablement dû à un système vasculaire lourdement taré.
Comment croire qu’il est possible de cacher des épisodes comateux quand un responsable politique est pris en charge dans un pays où l’information n’est pas régie par les oukases d’Oujda ?
L’hôpital des Invalides est un établissement où sont accueillis essentiellement les grands malades et autres traumatisés de l’armée française qui nécessitent une rééducation lourde quand les fonctions motrices et sensorielles ont été sévèrement atteintes. Cela se sait partout MM Sellal et Bensalah.
Qui, au fond, veut-on tromper de façon aussi éhontée ? M. Bouteflika est un homme physiquement incapable d’exercer sa fonction. A la limite, la question n’est même plus de savoir s’il est vivant ou mort. Cela concerne sa famille, ses proches et ceux qui ont tiré profit de son règne. Pour les autres Algériens, qui sont plus politiques que ne semblent le croire les apparatchiks et les courtisans, le problème est de savoir s’il est utile au pays et s’il peut assumer les fonctions dont ses pairs l’ont pourvu. Il y a longtemps qu’ils ont répondu à ces deux questions. Mais c’est vrai que ce n’est pas eux qui sont écoutés et, ce n’est pas à eux, non plus, que s’adressent les responsables algériens.
La rédaction
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