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Espionnage américain : le point sur les dernières révélations

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  • Espionnage américain : le point sur les dernières révélations

    Après le scandale Verizon et le programme Prism, les dernières révélations du Guardian et du Spiegel montrent que l'espionnage américain va plus loin que la récolte d'informations auprès desopérateurs téléphoniques et des géants du Web. Et au sentiment de trahison ressenti par les citoyens s'ajoute désormais celui des pays alliés des Etats-Unis, créant une tension diplomatique digne de la "guerre froide", comme le souligne la ministre de la justice allemande, Sabine Leutheusser-Schnarrenberger.

    Dimanche 30 juin, le Guardian a publié le contenu d'un nouveau document emporté dans sa fuite par l'ancien consultant de la NSA, Edward Snowden. Ce fichier de septembre 2010 met au jour une liste de cibles des services secrets américains, détaillant également les méthodes utilisées, ainsi que l'objectif escompté.
    QUI ? Se basant également sur un document confidentiel de septembre 2010 fourni par Snowden, l'hebdomadaire allemand Der Spiegel avait déjà affirmé, samedi, que la NSA espionnait l'Union européenne : ses bureaux à Bruxelles, ceux de sa mission diplomatique à Washington, ainsi que de sa délégation auprès des Nations unies. Dans ce système d'écoutes mis en place "il y a plus de cinq ans", affirme le Spiegel, les Européens sont explicitement désignés comme des "cibles à attaquer".
    Selon le Guardian, les opérations de surveillance électronique ciblent également certaines ambassades à Washington et des représentations étrangères basées à l'ONU. Dans la liste de 38 entrées figurent des "adversaires idéologiques traditionnels" des Etats-Unis, des pays sensibles du Moyen-Orient, mais également la France, l'Italie, la Grèce, ainsi que d'autres alliés des Américains, tels que le Japon, le Mexique, la Corée du Sud, l'Inde ou encore la Turquie.
    Par ailleurs, le Spiegel explique que les Etats-Unis se livrent à une surveillance à grande échelle en Allemagne : chaque mois, un demi milliard d'appels téléphoniques, de mails et de SMS sont scrutés par la NSA. La moyenne de 20 millions d'appels téléphoniques surveillés par jour peut même monter à 60 millions les jours de pointe, comme le 7 janvier 2013.
    Cette surveillance accrue s'explique par le classement de l'Allemagne dans la liste des 30 "partenaires de troisième classe", dont la NSA n'aurait pas accès au contenu des communications, mais saurait qui est en contact avec qui. L'agence américaine a en effet développé un outil pour enregistrer, analyser et même cartographier les renseignements obtenus. Les pays y sont classés selon une gamme de couleurs allant du vert, pour ceux qui font l'objet de la surveillance la plus réduite, au rouge, pour les plus surveillés, en passant par le jaune et l'orange. Avec deux millions de connections surveillées par jour, la France y est colorée en verte, contre une Allemagne orange, qui culmine à 10 millions.
    Lire aussi : " Espionnage : la France était aussi ciblée" (édition Abonnés)
    COMMENT ? Les méthodes d'espionnage utilisées contre chacune des cibles sont également détaillées : elles vont de l'installation de micros dans les bâtiments officiels à l'infiltration du réseau informatique dans le but de lire les courriers électroniques et les documents internes, en passant par la mise en place d'antennes spéciales afin de réceptionner les échanges...
    "Blackfoot" pour l'opération de surveillance de la représentation française aux Nations unies, "Wabash" pour son ambassade à Washington, "Powell" pour la représentation grecque aux Nations unies, ou encore "Klondyke" pour son ambassade : pour chaque cible, une opération et un nom de code, détaille le Guardian. Pour l'opération "Dropmire", qui ciblait la représentation européenne à Washington, on sait aussi que c'est un fax utilisé pour envoyer des câbles aux ministères des affaires étrangères dans les capitales européennes qui a été mis sur écoute.
    Le Guardian reste en revanche prudent sur les services participant à cet empire d'espionnage organisé. Et même si les derniers documents transmis ont été récupérés à la NSA par Snowden, rien ne dit que la CIA et le FBI n'y prennent pas part. Même si, souligne le quotidien britannique, il est plus probable que la NSA soit l'instigatrice principale, les ambassades et représentations étant techniquement des territoires étrangers.
    POURQUOI ? Depuis les premières révélations d'Edward Snowden, les Etats-Unis se justifient en brandissant l'argument de la lutte antiterroriste. Le document de 2010 suggère néanmoins que l'objectif de "Dropmire", notamment, était d'obtenir des informations sur les désaccords politiques entre les Etats membres de l'Union européenne sur les enjeux mondiaux. Des informations qui peuvent s'avérer très utiles lors des négocations internationales.
    Le président François Hollande a montré lundi qu'il n'était pas dupe, en déclarant : "Nous savons bien qu'il y a des systèmes qui doivent contrôler, notamment pour la lutte contre le terrorisme, mais je ne pense pas que ce soit dans nos ambassades ou dans l'Union européenne que ce risque existe."
    Certains acteurs économiques et de la sécurité en France ont également exprimé leurs craintes que derrière une telle organisation ne se cache un programme d'espionnage industriel.
    Lire : Derrière l'antiterrorisme, l'espionnage industriel massif (édition Abonnés)
    DES CONSÉQUENCES DIPLOMATIQUES. Les révélations du Guardian et du Spiegel ont provoqué un tollé, les réactions se multipliant notamment dans les instances européennes, alors que les négociations sur le traité de libre-échange viennent d'être lancées entre les Etats-Unis et l'Europe. "Entre partenaires, on n'espionne pas !, a ainsi lancé dimanche la commissaire européenne à la justice, Viviane Reding. On ne peut pas négocier sur un grand marché transatlantique s'il y a le moindre doute que nos partenaires ciblent des écoutes vers les bureaux des négociateurs européens."
    Les Etats-Unis doivent "rétablir la confiance" avec leurs "partenaires", "amis" et "alliés" européens, a déclaré lundi un porte-parole de la chancelière Angela Merkel. Pour avancer, les Européens somment donc Washington de s'expliquer, "dans les plus brefs délais", a ajouté la France. Le président François Hollande a également exigé, lundi, que les Etats-Unis cessent "immédiatement" leur espionnage de l'Union européenne, affirmant que la France ne pouvait "pas accepter ce type de comportement".
    Certains, comme le député européen écologiste Daniel Conh-Bendit, vont même jusqu'à appeler à une rupture immédiate des négociations sur le traité de libre-échange transatlantique. Et ce, tant qu'un accord n'a pas été signé avec les Etats-Unis sur la protection des données personnelles.
    par Lucie Soullier
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