Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Ce "Voyage au bout de la nuit" a été vendu… 165.000 euros

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Ce "Voyage au bout de la nuit" a été vendu… 165.000 euros

    Les amateurs de belles lettres, de gros chiffres, de grands papiers et de curiosités littéraires en tous genres avaient de quoi être contents, ce 16 octobre, chez Artcurial. On vendait aux enchères la bibliothèque d’un grand collectionneur érudit qui tient à garder l’anonymat.

    Ce collectionneur-là n’a pas collectionné pour rien. Il y avait 288 pièces en vente: rien que des livres et des manuscrits des XIXe et XXe siècles. L’ensemble a réalisé un chiffre de 1.228.394 euros, tous les résultats sont là. Ça correspond à 965.000 euros au marteau, l’estimation était de 919.000 euros.

    Tout ne s’est pas vendu, mais les estimations de plusieurs lots ont été «pulvérisées», comme on dit dans les salles de ventes quand les enchères s’affolent. Un exemplaire de «la Guerre au Luxembourg» de Cendrars, accompagné de six dessins de Kisling et d’un poème autographe, était évalué entre 15 et 20.000 euros: il est parti pour 50.000 euros. Et une édition originale de «l’Etranger» de Camus (1942) s’est vendue pour 17.100 euros (elle était estimée 10-12.000 euros), tandis qu’un des quarante exemplaires de tête du «Rivage des Syrtes» de Gracq a été acheté 27.800 euros (soit le double de son estimation).

    Joli succès aussi pour une édition originale de «l’Amour fou», de Breton: elle était évaluée entre 15 et 20.000 euros, elle a trouvé un acquéreur pour 25.300 euros. C’est aussi qu’elle était dédicacée par le manitou du surréalisme «à Gaston Gallimard. L’invisible et très présent ami d’André Breton».

    Pour avoir une idée de la chose, ajoutez à cela de belles reliures, comme celle d'un Saint-John Perse envolé pour 11.700 euros, des éditions rares de Balzac vendues 10 et 12.000 euros, un manuscrit autographe corrigé de Valery Larbaud pour 15.588 euros, un «Cœur à gaz» de Tzara avec frontispice de Max Ernst pour 9478 euros, un ensemble de 96 poèmes manuscrits de Queneau pour 30.527 euros, ou encore, pour 32.500 euros, une étonnante lettre à Jacques Rivière dans laquelle la très chic «Nouvelle Revue française» se trouve présentée comme une «tour de Babel» peuplée «d’illettrés pédants». Ça semble aimable comme du Céline, mais c’est de Proust.

    Du Louis-Ferdinand Céline, il y en avait pourtant, dans cette vente du 16 octobre. Et c’est lui qui a tout écrabouillé, avec un exemplaire du tirage de tête de l’édition originale du «Voyage au bout de la nuit». Ce n°1 d’un tirage de 10, publié comme il se doit chez Denoël et Steele éditeurs en 1932, était estimé entre 60 et 80.000 euros. Au terme d’une bataille d’enchères entre huit téléphones, il a été acheté 165.000 euros.

    Ce n’est pas seulement parce que le livre est dans un état impeccable. C’est surtout que selon l’expert de la vente, Jean-Claude Vrain, il s’agit très vraisemblablement de l’exemplaire personnel de l’écrivain le plus scandaleux du XXe siècle. Le genre de détail qui, manifestement, a un prix.



    Grégoire Leménager
    ❤️ ❤️ Two souls with but a single thought ❤️ Two hearts that beat as one❤️ ❤️
Chargement...
X