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Magnus Carlsen, le nouveau maître des échecs

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  • Magnus Carlsen, le nouveau maître des échecs

    Le Monde.fr
    Par Pierre Barthélémy


    Vishy Anand (à gauche) et Magnus Carlsen, lors de la dixième partie de leur championnat du monde, le 22 novembre 2013 à Chennai (Inde).
    Avec huit jours d'avance sur son 23e anniversaire, Magnus Carlsen s'est offert un beau cadeau : le titre de champion du monde d'échecs. Vendredi 22 novembre, en obtenant la nulle lors de la 10e des 12 parties prévues dans son match contre le tenant du titre, l'Indien Viswanathan Anand, 43 ans, le joueur norvégien entre dans l'histoire du jeu des rois et cela ne surprendra personne. En 2008, l'ancien champion du monde russe Vladimir Kramnik l'avait annoncé à l'auteur de ces lignes : "La question n'est pas de savoir si Carlsen sera champion du monde, mais juste de savoir quand il le deviendra." La prophétie est simplement confirmée.
    Lireaussi : Echecs : le championnat du monde s'ouvre sur un match nul

    Vishy Anand avait beau avoir l'expérience pour lui, il avait beau être un maître dans la préparation et les ouvertures, il avait beau jouer à domicile, dans sa ville natale de Chennai (l'ancienne Madras), rien n'y a fait. Il n'a jamais eu la moindre chance de conserver sa couronne. Pour Carlsen, le bilan de ces dix parties est impeccable : 3 victoires, 7 nulles et 0 défaite. Même si les débuts du match se sont révélés indécis, avec quatre parties nulles – dont une où Anand n'a pas osé prendre un pion qui lui aurait garanti un avantage durable –, le Norvégien a toujours été dans le contrôle quasi total de la compétition.

    Il n'a pas changé grand chose à sa stratégie habituelle : obtenir des positions pas forcément très favorables, mais des positions où il peut manœuvrer, tourner autour de son adversaire et le "masser" jusqu'à ce qu'une minuscule faille s'ouvre dans l'espace des 64 cases. Et dans cet interstice, Magnus Carlsen insère un coin puis cogne, frappe, martèle sans relâche, avec la violence toute feutrée qui caractérise les parties d'échecs. Cela a fonctionné dans les 5e et 6e parties. Carlsen a une nouvelle fois montré qu'il était capable de faire saigner une pierre en la serrant dans son poing.

    LA FIN D'UNE GENERATION

    Au bord du KO à la mi-match, l'Indien s'est accordé un répit avec deux nulles assez insipides dans les parties suivantes, puis a courageusement joué son va-tout dans la 9e, en lançant avec les pièces blanches une attaque qui ne visait rien moins que le mat, en faisant fi d'un des pions de Carlsen qui courait à dame. Alors que, sur Twitter, les grands maîtres se demandaient qui remporterait ce quitte ou double, le Norvégien calculait. Une seule suite de coups pouvait l'empêcher de perdre. S'il en avait manqué un, il aurait dû abandonner. Il n'en a rien été. Comme mus par un ordinateur, tous les coups sont tombés sur l'échiquier, les uns après les autres, obstinément bons et précis. En revanche, Anand, tout à son désir de l'emporter, de remonter au score, a tragiquement, abominablement gaffé et cédé un troisième point fatal.

    A pas encore 23 ans, Magnus Carlsen prend donc la couronne qui lui semblait destinée depuis plusieurs années. Et il y a fort à parier qu'il la gardera longtemps tant l'écart avec les autres joueurs est considérable. Déjà numéro 1 au classement par points de la Fédération internationale des échecs (FIDE), le Norvégien est loin devant le peloton des poursuivants : le nombre de points qui le séparent du 2e (l'Arménien Levon Aronian) est égal à l'écart entre le 2e et le 20e... Cette victoire sonne la fin de la domination des joueurs nés dans les décennies 1960 et 1970, les Kasparov, Kramnik, Anand. C'est dans la génération des joueurs nés autour de 1990, l'année de naissance de Carlsen, qu'il faut probablement chercher les grands maîtres capables de lui tenir tête dans un futur proche : l'Américain Hikaru Nakamura (4e joueur mondial, né en 1987), l'Italien Fabiano Caruana (6e, né en 1992), le Russe Sergueï Kariakine (11e, né en 1990) voire le Français Maxime Vachier-Lagrave (16e, né en 1990), récent demi-finaliste de la Coupe du monde.

    Les grands joueurs d'échecs ont souvent des surnoms imagés qui tentent de résumer leur style ou leur personnalité : l'Arménien Tigran Petrossian était un boa, pour sa capacité à étouffer ses adversaires sur l'échiquier, l'Américain Bobby Fischer le "Kid de Brooklyn" pour son tempérament de sale gosse génial, le Russe Garry Kasparov l'"Ogre de Bakou" pour sa propension à tout vouloir gagner tandis que Vladimir Kramnik est surnommé "Iceman" pour son sang-froid. Quel pouvait bien être le surnom de Carlsen ? C'est Hikaru Nakamura qui l'a trouvé. Pour lui, Carlsen est Sauron, personnage maléfique et extrêmement puissant du Seigneur des anneaux, représenté dans les films de Peter Jackson par un œil immense qui voit tout, car sur l'échiquier Carlsen est un tueur à qui presque rien n'échappe. Qui sera le hobbit qui tentera de le détruire ?

    Pierre Barthélémy
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

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