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Les secrets de l'éternelle jeunesse se cachent dans le sang

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  • Les secrets de l'éternelle jeunesse se cachent dans le sang

    Une expérience menée sur des souris ravive la discussion scientifique autour du rajeunissement. Cette étude montre que la transfusion de sang de souris jeunes rajeunit les organes de plus vieux rongeurs.


    Kim II-sung, l'ancien dictateur nord-coréen, était bien décidé à vivre jusqu'à l'âge de 120 ans grâce aux transfusions de sang d'hommes jeunes qu'il recevait régulièrement à partir de 1990. C'est du moins ce qu'avait révélé en 1992 son médecin, le Dr Kim So-yeon… deux ans avant la mort de Kim II-sung.
    Pourtant, la piste du rajeunissement par le plasma n'était pas aussi farfelue qu'on le pensait alors. Au moment où le président coréen rêvait d'immortalité, à des milliers de kilomètres de la Corée, un jeune neurologue fraîchement diplômé de Harvard, Thomas Rando, se passionnait pour le développement cellulaire et les moyens de le stimuler. Il lui faudra vingt-cinq ans de plus pour publier, avec son équipe de Stanford en Californie, les résultats d'une expérience de circulation sanguine connectée entre une souris jeune et une souris âgée. Une étude qui allait donner le véritable coup d'envoi scientifique au rajeunissement par le plasma. En reliant les systèmes sanguins d'une souris jeune et d'une plus âgée, Rando et son équipe avaient déjà noté un rajeunissement des muscles et du foie de la vieille souris.

    Dimanche dernier, deux centres de recherche de pointe, à Stanford et Harvard, ont publié simultanément des résultats qui confortent la vision du Pr Rando. Il y a trois ans, l'équipe californienne du Pr Saul Villeda à l'Université de Californie à San Francisco et du Pr Tony Wyss-Coray à Stanford décrivait déjà dans la revue Nature les effets bénéfiques du sang jeune sur les cellules souches du cerveau de souris âgées. Les chercheurs avaient repris le protocole de Rando qui consistait à réunir deux souris par une greffe liant leur circulation (fabrication de siamois).

    Dans la nouvelle expérience, le plus intéressant est l'observation du comportement de vieilles souris, non pas siamoises mais indépendantes, auxquelles du plasma jeune a été transfusé à plusieurs reprises. L'objectif était de tester les performances cognitives de ces rongeurs de 18 mois, ce qui équivaudrait à 70 ans chez l'homme, après qu'ils eurent reçu du plasma de souris jeunes de 3 mois. «Nous avons mesuré deux types d'apprentissages qui sont régulés par la région hippocampique (une zone touchée dans la maladie d'Alzheimer, NDLR)», explique le Pr Villeda. Une première expérience visait la mémoire spatiale. Les souris disposaient de repères placés autour d'une piscine dans laquelle on les plongeait et devaient, en s'aidant de ceux-ci, se souvenir de l'emplacement d'une plate-forme cachée dans l'eau. Dans une deuxième expérience, dite de conditionnement contextuel par la peur, les chercheurs testaient la mémoire d'un environnement hostile, en observant le comportement de souris placées dans un milieu avec des zones électrifiées.
    «Nous avons observé que les vieilles souris à qui avait été administré du plasma de jeunes souris pouvaient repérer plus facilement la plate-forme cachée et commettaient moins d'erreurs en la cherchant, raconte le Pr Villeda. Nous avons aussi remarqué que ces vieilles souris restaient plus vite et plus longtemps immobiles lorsqu'elles étaient replacées dans l'environnement hostile. Le plus important est que les mêmes observations ont été faites aussi bien dans le laboratoire de Stanford que dans celui de San Francisco.» Ce qui explique l'enthousiasme du Pr Villeda: «Notre étude est la première à montrer un effet du sang jeune sur des fonctions cognitives supérieures», souligne-t-il.
    Les résultats obtenus par les équipes de Villeda et Wyss-Coray sont renforcés par la publication simultanée d'autres chercheurs. Le jour où Nature Medicine publiait leurs résultats, une autre revue de premier plan, Science, dévoilait ceux de deux autres équipes de Harvard dirigées par les professeurs Amy Wagers et Lee Rubin, sur l'intérêt thérapeutique potentiel du plasma jeune. Et peut-être même - ce qui serait plus pratique - de l'un des éléments contenus dans le plasma.

    En effet, après avoir identifié une protéine (GDF11) abondante dans le plasma des souris jeunes mais rare dans celui de souris âgées, les chercheurs de Harvard l'ont injectée à des souris âgées pour en observer l'effet sur les muscles. Ils ont ainsi découvert que le GDF11 avait bien revivifié les vieux muscles, ce qui se traduisait par plus de force et plus d'endurance. Dans une autre expérience, de souris «siamoises», ils confirment aussi le bénéfice pour la vieille souris de la connexion avec la circulation de la jeune, avec la réjuvénation du cerveau: croissance des neurones et améliorations des performances olfactives.

    Mais rien n'est encore gagné. La prochaine étape sera de passer à des expérimentations chez l'homme pour vérifier l'innocuité et l'efficacité de l'élixir de jouvence identifié chez les souris. Il est déjà arrivé que des produits rajeunissants se soient finalement révélés cancérogènes.

    le figaro
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