Recep Tayyip Erdogan remporte l'élection présidentielle en Turquie dès le premier tour selon des résultats partiels. Celui qui est actuellement Premier ministre a été élu pour l'instant avec une majorité absolue de suffrages de 52%, après le dépouillement de la quasi-totalité des bulletins.
Au vu de l’écart entre les résultats des différents candidats, c’est une victoire franche et sans contestation, comme l’annonçaient les enquêtes d’opinion et comme l’espérait le candidat Erdogan. Le Premier ministre et chef de file du Parti de la justice et du développement a pleinement remporté son pari d’être largement élu, donc légitimisé par le vote populaire, et de ne pas avoir besoin d’un second tour de scrutin pour s’installer dans le fauteuil présidentiel.
Il sera donc le douzième président de la République turque et surtout le premier à être élu au suffrage universel direct. Ce résultat tourne indiscutablement une page de remous, de contestation et de doutes pour le Parti de la justice et du développement. Un parti qui avait déjà été passablement réconforté par sa victoire aux élections municipales de mars dernier. Une nouvelle ère s’ouvre maintenant pour l’AKP, au pouvoir depuis douze ans.
Le tout-puissant Recep Tayyip Erdogan va maintenant installer un gouvernement à sa botte, modifier la Constitution pour instaurer le régime présidentiel ou semi-présidentiel, et avancer le scrutin législatif prévu normalement pour le printemps prochain, pour filer sereinement vers son prochain objectif : les 100 ans de la République en 2023.
Sitôt élu, Recep Tayyip Erdogan est allé prier dans une mosquée. Le principal candidat d'opposition Ihsanoglu recueille environ 38,9 % des voix et le candidat pro-kurde Demirtas est à environ 9 %. Les premiers résultats ne devraient pas être officiellement annoncés avant ce lundi par les autorités électorales.
■ Extraits de son discours de victoire
« Aujourd’hui, nous tournons la page d’une époque pour faire nos premiers pas vers une période toute neuve. Je le dis de tout mon cœur : entamons le processus qui mène à un nouveau contrat social. Aujourd’hui, au moment où nous bâtissons une nouvelle Turquie, c’est le moment de prendre un nouveau départ, d’ouvrir les portes d’un nouveau contrat social. Laissons les vieilles querelles dans l’ancienne Turquie. Aujourd’hui, pour la Turquie, c’est le début d’une nouvelle ère, aujourd’hui, c’est le jour où la Turquie renait de ses cendres pour devenir la nouvelle Turquie ». (...)
« Nous sommes tous les enfants d’un même ancêtre, d’une même culture, d’une même civilisation, d’une même histoire. Nos choix politiques peuvent diverger, nos styles de vie peuvent être différents, nos croyances, nos religions, nos confessions, nos valeurs, nos racines ethniques et nos langues peuvent ne pas être les mêmes. Mais nous tous sommes les enfants de ce pays. Nous vivons tous à l’ombre de ce même drapeau frappé du croissant et de l’étoile. Chacun de nous est un peu le propriétaire de cet Etat. Avant d’être musulman, chrétien, israélite, assyrien ou yézidi, ce qui compte c’est d’être citoyen de Turquie. Avant d’être alévi ou sunnite, l’important, c’est la citoyenneté turque. Avant d’être turc, kurde, arabe, laze, géorgien, bosnien, circassien, rom, avant d’être Arménien, ce qui importe, c’est la citoyenneté turque ».
Pour le politologue Ali Kazancigil, également directeur de la revue de géopolitique Anatoli, cette élection permet à M. Erdogan d'affirmer fortement son exercice du pouvoir :
"Recep Tayyip Erdogan va agir comme s'il était le chef de l'exécutif."
RFI
10.08.2014
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