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La formation de l’Algérien pollueur

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  • La formation de l’Algérien pollueur

    Aujourd’hui se tient le sommet de l’ONU sur le climat. Dimanche, des marches pour la sauvegarde de la planète ont eu lieu dans toutes les grandes villes du monde.

    Les Algériens ne semblaient pas être au courant de cette mobilisation. À moins qu’elle ne les indiffère. Il y a, à ce sujet, comme un consensus national entre un État et un peuple qui se seraient conjointement convertis à la formule keynésienne : “À long terme, nous serons tous morts.”

    L’environnement et le climat, en ce qu’ils expriment l’intérêt citoyen pour un futur collectif, constituent des notions qui nous sont désormais culturellement étrangères.

    C’est à travers une lente évolution que l’Algérien s’est progressivement départi de l’idée de milieu, reconsidérant ses préoccupations sous un angle de plus en plus égocentrique. Il est possible que la menace terroriste, en inculquant massivement le sentiment d’insécurité, à partir du début des années 1990, l’ait poussé à focaliser son attention sur sa seule survie immédiate. La précarité sécuritaire l’ayant ainsi dépouillé du réflexe de solidarité et de destin partagé.

    La stratégie, en ces temps-là, était de réduire le degré d’exposition au danger au maximum : minimiser le temps passé dans les espaces publics, réduire les contacts, s’éviter toute publicité, renforcer toutes les barrières qui nous séparaient de l’extérieur et de… l’autre. Le monde de l’Algérien était réduit à son minimum vital, celui qu’il maîtrisait. Le seuil de sa porte, c’était déjà dehors. Ailleurs. Dans ce contexte, reprocher à son voisin de jeter sa poubelle par la fenêtre pour s’en débarrasser devenait presque déplacé.
    Que veut dire l’environnement dans un paysage de bâtisses explosées et tombées en ruine, de ponts sautés, de routes abandonnées, de forêts calcinées... ? Que signifie le long terme dans un pays qui se voit détruit par les uns, fui par les autres ? Quel sens peut bien avoir la globalité dans un contexte où l’instinct de survie a imposé la règle du chacun pour soi ?
    Quand, au début de la décennie suivante, le régime nouvellement installé optait pour un usage rentier des surplus de recettes pétrolières survenus en même temps qu’il prenait place, il trouvait un peuple entraîné au réflexe du “sauve-qui-peut”, et auquel le souci de survie avait ôté toute notion de projection. Et la corne d’abondance succédant à la terreur, le message fut tout trouvé : “Faites fortune, pas la politique !”, “Accumulez maintenant ; que vous importe alors de quoi demain sera fait ?!” Message qui parvint jusqu’aux terroristes : “Faites fortune, pas la guerre !”

    Depuis, ont été inventées toutes sortes de voies de siphonnage de la rente pour qui sait se brancher aux bons circuits. Même les programmes de développement “national” sont devenus des prétextes à l’enrichissement privé et… à la dévastation écologique du milieu.

    Le réchauffement climatique ? La dégradation de l’espace naturel ? L’économie d’énergie fossile ? C’est du pataquès ! Les Algériens ne se soucient que du cours du brut et du niveau de réserves des hydrocarbures. C’est si important que leur gouvernement les tient régulièrement au courant. Tout en entretenant des institutions cosmétiques de protection de l’environnement, d’économie d’énergie et de recherche de sources alternatives d’énergie : ça ne mange que du pétrole !

    Mustapha Hammouche Liberté
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