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Ce que les éclipses solaires peuvent nous apprendre.

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  • Ce que les éclipses solaires peuvent nous apprendre.

    Outre le spectacle qu'ils offrent, ces événements astronomiques constituent des rendez-vous souvent riches d'enseignements. Explications d'un astronome.

    Vendredi, alors que la Lune éclipse totalement le Soleil au-dessus des quelques rares terres émergées de l'Atlantique Nord, des scientifiques sont à l'affût. Patrick Rocher, astronome à l'institut de mécanique céleste et de calcul des éphémérides de l'Observatoire de Paris, explique au Point.fr pourquoi la science est si friande d'éclipses et tout ce qu'on leur doit...

    Le Point.fr : Outre la curiosité que suscite la survenue d'une éclipse solaire comme celle d'aujourd'hui, quel est l'intérêt de cet événement astronomique d'un point de vue scientifique ?

    Patrick Rocher : Les éclipses solaires totales intéressent les chercheurs en physique solaire et, en particulier, ceux qui travaillent sur la basse couronne solaire, la base de la couche de gaz ionisé qui baigne notre étoile. Tout simplement parce que les éclipses totales sont le seul moyen d'observer cette partie de l'atmosphère de l'astre (qui constitue une sorte d'interface entre la machinerie interne du Soleil et les manifestations de son activité : taches, boucles magnétiques, éjections de masse coronale, etc., NDLR). Aujourd'hui, lorsque l'on veut observer ce qui se trouve à proximité du Soleil, on utilise ce que l'on appelle un coronographe, une sorte de cache que l'on place dans un télescope ou dans une lunette, pour occulter le Soleil. Sauf que ces gros instruments condensent énormément de lumière, ce qui dégage du même coup beaucoup de chaleur. Aussi, pour s'en prémunir, est-on contraint d'employer un coronographe beaucoup plus large que le diamètre apparent de notre étoile. Mais celui-ci rend alors invisible la basse couronne solaire. Et, si l'on choisit au contraire d'observer le Soleil en utilisant des filtres, cette zone nettement moins lumineuse ne peut pas non plus être observée. Autant dire que tous les chercheurs qui planchent sur la question sont déjà partis pour le Spitzberg !

    Et vous, qu'allez-vous faire ?

    Avec des collègues du Cnes (Centre national d'études spatiales) et de Marseille, nous allons faire des mesures de durée d'éclipse grâce à des photomètres placés au Spitzberg qui vont enregistrer la baisse de la luminosité. Des résultats que nous pourrons confronter à nos prédictions. L'objectif étant de compiler des mesures lors de différentes éclipses pour pouvoir déterminer si le diamètre du Soleil vient à se modifier au fil du temps.

    Quelles découvertes ont déjà été faites, par le passé, grâce aux éclipses ?

    Il y en a plein ! L'une des plus spectaculaires remonte au 18 août 1968. Ce jour-là, en observant une éclipse totale de Soleil depuis l'Inde, l'astronome français Jules Janssen découvre, dans l'atmosphère du Soleil, un gaz totalement inconnu qui n'est autre que de l'hélium. Quelques dizaines d'années auparavant, en 1919, une autre éclipse totale de Soleil permet de vérifier la théorie de la relativité générale d'Einstein. Cela en montrant que la lumière en provenance des autres étoiles se courbe à l'approche du Soleil et donc que l'étoile, par sa masse, déforme bien l'espace-temps autour d'elle. Toujours dans la première moitié du XXe siècle, l'étude d'éclipses anciennes aboutit à la découverte du ralentissement de la rotation de la Terre. Tout simplement parce que, quand les spécialistes établissent des prédictions a posteriori, ils retombent bien sur les bonnes dates mais jamais sur les bons lieux. Et pour cause : la Terre tournait plus vite ! Mais la science n'est pas la seule à avoir bénéficié des éclipses...

    Qui d'autre ?

    Les historiens, à qui elles ont permis de dater bien des événements du passé. On ignorait, par exemple, l'année exacte de la mort de l'empereur d'Occident Louis Ier le Pieux, fils de Charlemagne. Événement pour lequel on ne disposait que d'une chronique médiévale évoquant, pour l'année de la mort de l'empereur, une éclipse de Soleil le mercredi avant l'Ascension. Or les calculs des astronomes ont montré qu'une éclipse totale de Soleil fut visible, en Europe, le 5 mai 840, veille de l'Ascension. C'est donc que Louis Le Pieux est mort en 840. De la même façon, l'année de la mort du roi Hérode a pu être identifiée grâce à une éclipse de Lune dont les calculs ont montré qu'elle était visible à Jérusalem l'année de sa mort.

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