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Algérie. Attention, la rente pétrolière s'évapore

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  • Algérie. Attention, la rente pétrolière s'évapore

    La chute des cours risque d’avoir des conséquences dramatiques dans un pays où la paix sociale est maintenue grâce aux revenus de l’or noir.

    Les nouvelles qui parviennent des marchés pétroliers plaident pour un revirement sur le dossier des subventions et le gouvernement, à l’inverse des assurances qu’il tente de donner, n’a pas beaucoup de choix dans sa caisse à outils. Actuellement, près de 30 milliards de dollars, soit le quart de notre PIB, sont affectés au soutien des prix de biens et services de consommation tels que le carburant, le pain, le sucre, le logement, l’eau, l’électricité, le transport… presque 20 autres milliards de dollars sont affectés, dans le cadre des transferts sociaux, au soutien des prestations de santé, de l’éducation, de l’enseignement et de la formation.

    Cette situation est un lourd héritage d’une utopie appelée dans le temps “socialisme algérien” ou “socialisme de mamelles”, pour reprendre une formule chère à Noureddine Boukrouh [figure intellectuelle et politique], avec sa politique des prix administrés. La subvention des biens et services était considérée à la fois comme la meilleure solution pour une distribution équitable des richesses du pays et le parfait remède contre la précarité des couches défavorisées.

    Il a fallu attendre la crise de 1986 [dont le point de départ était aussi la chute des prix des hydrocarbures] pour se rendre à l’évidence de notre errance dans des théories économiques aux résultats pas toujours efficients. C’est-à-dire aux coûts supportés dépassant de loin les maigres objectifs atteints.

    Le gâchis s’est matérialisé, et à la première occasion, par des pénuries, une inflation au taux exponentiel, de la corruption, la dignité bafouée du citoyen consommateur. L’effort d’une tentative de modernisation de l’économie nationale s’est vite dilué dans l’embellie financière des années 2000 avec l’envolée des prix des hydrocarbures. Les réformes économiques mais aussi institutionnelles seront mises en stand-by et remises en cause pour certaines.
    Evasion fiscale

    Enivrés par l’argent du pétrole qui coulait à flots, nos gouvernants troqueront les devises de l’orthodoxie financière contre des slogans du genre “kayen el-khir”, “il y a des parts du gâteau pour tout le monde”. La subvention directe des biens et services sera, encore une fois, utilisée comme un crédit-bail dans le négoce d’achat de la paix sociale. Difficile alors de faire la part des choses entre subventions et gaspillage des deniers de la collectivité.

    Le zèle sera poussé au point que même le hadj [pèlerinage à La Mecque, cinquième pilier de l’islam] est subventionné alors que ce rituel, selon les termes du texte sacré, est réservé à celui qui en a les moyens.

    Un amalgame sera entretenu entre deux concepts différents comme le sponsor et la subvention. Des sociétés nationales reviennent aux commandes de clubs sportifs “privés” comme dans les années 1979-1980, mais sans les réformes ni les résultats de l’époque. Du coup, des entreprises étatiques sont sommées de verser aux quelques joueurs des clubs à titre de salaires et de prises en charge des sommes cent fois supérieures aux montants affectés aux cadres qui assurent le cœur du métier de l’entreprise. Le seul gagnant reste l’évasion fiscale [pour lutter contre, les détenteurs de fonds non déclarés sont actuellement incités à les déposer avant fin 2016 dans les banques, contre une taxe forfaitaire de 7 %. Les sommes en circulation dans le marché informel sont officiellement évaluées à 37 milliards de dollars.]
    Gaspillage

    Aujourd’hui que le baril vient de descendre sous la barre des 50 dollars, des constats s’imposent. Les soins médicaux sont subventionnés alors que 80 % se font dans le privé ou chez le voisin tunisien. En 2015, il est plus économique pour un éleveur de donner à manger à ses bêtes du pain plutôt que du fourrage. Le lait est toujours subventionné pour alimenter les pâtisseries alors que son prix réel est 5 fois supérieur et que la filière est en banque- route.

    Sans usines d’envergure, Alger est l’une des villes les plus polluées avec un prix d’essence à la pompe calqué sur les monarchies des pétrodollars. Et la liste est longue. Malgré ces subventions et transferts sociaux, de l’ordre de 50 milliards de dollars par an, le pouvoir d’achat des Algériens reste des plus faibles dans la région.

    La mise en veille des réformes économiques et institutionnelles est une parenthèse qui n’a que trop coûté au pays et qu’il faut fermer tant qu’il est encore temps. Les subventions doivent redevenir un des outils de promotion de la production nationale et non de gaspillage des ressources non renouvelables.

    Mourad Kezzar
    Liberté
    Si vous ne trouvez pas une prière qui vous convienne, inventez-la.” Saint Augustin
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