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Le docteur Lahna, volontaire français en Syrie : « La médecine est ma seule arme »

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  • Le docteur Lahna, volontaire français en Syrie : « La médecine est ma seule arme »

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    Quand la connexion Skype parvient enfin à s’établir entre Paris et Maarat Al-Nouman (dans la province d’Idlib, en Syrie), on sait que le temps est désormais compté et précieux. Les traits tirés mais souriant, le docteur Zouhair Lahna, 49 ans, apparaît à l’écran, éclairé par une faible ampoule qu’il lui faudra éteindre vite pour économiser l’électricité. En cette soirée d’octobre, le chirurgien obstétricien d’Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) sort d’une longue journée passée au bloc opératoire avec ses confrères syriens.

    Idlib, Maarat, Alep… Cela fait trois semaines que le docteur Lahna sillonne le nord-ouest de la Syrie pour soigner des patients, opérer les civils blessés et former de jeunes praticiens. Il se rend partout où l’on a besoin de lui. Un engagement bénévole sous l’égide de l’Union des organisations syriennes de secours médicaux (UOSSM), un réseau d’associations médicales internationales ayant des équipes sur place.

    Dans les sous-sols de ce qu’il reste des hôpitaux de fortune ou des cliniques éventrés, il tente de sauver des vies, sans relâche. Il mange et dort sur place, aussi. « Avec les équipes soignantes, on vit dans un huis clos », raconte-t-il. Dans ces zones dont la plupart des localités sont tenues par les rebelles, les risques sont grands d’être la cible de bombardements du régime, mais où aller de toute façon ? Depuis quelques semaines, ce sont désormais les frappes russes, de plus en plus fréquentes, qui inquiètent. Comme les habitants, le docteur Lahna scrute le ciel et se tient informé de l’évolution de la situation via l’application de messages instantanés Whatsapp.

    « Le système sanitaire syrien s’est effondré »


    Sur place, le personnel médical et le matériel manquent et il faut composer avec les fréquentes coupures d’eau et d’électricité. « Il est arrivé qu’on finisse des opérations à la lumière des téléphones portables », dit-il. Il soupire :

    « En quatre ans et demi de guerre, le système sanitaire syrien s’est effondré. Le pays a fait un bond de 70 ans en arrière »

    Les médecins syriens qui n’ont pas été tués se sont, pour la plupart, exilés. Ceux qui choisissent de rester se font de plus en plus rares. Quant aux grandes organisations internationales telles que Médecins sans frontières, leur capacité à mener des activités médicales directes dans le pays n’a jamais été aussi limitée, du fait de la dangerosité du terrain, y compris pour les structures et le personnel de santé.

    « A Alep — deuxième ville du pays, au nord — il ne reste plus qu’un ophtalmologue, une gynécologue et deux réanimateurs pour 300 000 habitants », témoigne Zouhair Lahna. Celle qui a été tristement rebaptisée par ses habitants « la ville des barils » abrite de véritables quartiers fantômes où écoles, université et hôpitaux ont été rayés de la carte. « Tous ceux qui avaient les moyens de financer un départ sont partis. Ceux qui sont encore là sont les pauvres et les faibles. Ou ceux qui sont restés par idéal. »

    C’est pour ces courageux que le chirurgien franco-marocain a accepté de revenir en Syrie pour sa quatrième mission depuis le début de la guerre en 2011. Il avait réalisé la première aux côtés d’un autre médecin français, le professeur Raphaël Pitti, qui vient régulièrement former les soignants syriens à la médecine de guerre.

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    Formations en obstétrique d’urgence

    L’épuisement se fait parfois sentir, jamais le désespoir. « Car malgré les morts et les blessés, la vie prend le dessus », dit le docteur Lahna en évoquant les naissances qu’il a données depuis son arrivée. Le courage des civils et des soignants qu’il rencontre permet d’oublier ces conditions ubuesques. Des « héros » dont il voudrait pouvoir raconter chaque histoire. Il évoque au moins celle du docteur Farida, la dernière gynécologue restée à Alep, qui enchaîne jusqu’à 100 consultations par jour. Il y a aussi tous ces jeunes médecins, la trentaine à peine, qui ont choisi de rester quand ils auraient pu fuir. La plupart n’avaient pas terminé leurs études quand la guerre a éclaté, certains sont à peine formés, tous ont dû apprendre sur le tas.

    Quand il n’opère pas, M. Lahna dispense des formations en obstétrique d’urgence à des groupes de sages-femmes. « Il faut qu’elles puissent remplacer les médecins qui manquent et soient en mesure de réaliser seules une césarienne, n’importe où. » Lui-même se retrouve souvent obligé de faire appel à ses souvenirs de médecine générale pour réaliser des opérations qui dépassent sa spécialité. Vendredi dernier, une fillette qui avait été très grièvement blessée au bassin par un obus tombé sur sa maison a pu être sauvée. L’intervention a duré cinq heures. « Je n’avais jamais réalisé une opération de cette complexité », reconnaît le chirurgien.

    Terrain le plus difficile

    Cela fait pourtant quinze ans qu’il pratique la médecine humanitaire dans des zones de conflit. Mais la Syrie est, de loin, le terrain le plus dangereux et le plus difficile qu’il ait connu. Plus difficile encore que Gaza sous les bombardements israéliens l’été dernier. « Ici, le danger est partout. Et le fait d’être un humanitaire n’assure en rien des conditions de sécurité », explique le médecin.

    Après l’opération de la fillette, il a pourtant décidé de prolonger son séjour de deux semaines. « J’ai moi aussi une fille de cet âge… », confie-t-il, sans plus s’épancher. Sur ses quatre enfants, seuls les deux plus grands savent que leur père est en Syrie. Et comprennent le sens qu’il met dans cet engagement. « La médecine est ma seule arme. Et je me sens plus utile ici aux côtés de mes confrères syriens qu’en France, notamment parce que j’ai l’avantage de parler arabe », explique-t-il. Le docteur Lahna ne fait part de sa colère qu’une fois, à l’évocation de l’inertie des dirigeants internationaux :

    « Le conflit en Syrie est la plus grave crise de notre époque. Quand prendront-ils les décisions nécessaires pour y mettre vraiment fin ? Comment espérer endiguer la crise migratoire si on ne s’occupe pas du problème à la source ? »

    Après un court répit et quelques heures de sommeil chez un collègue, le chirurgien devrait reprendre la route pour sa prochaine destination, si les conditions de sécurité le permettent. Les patients qui l’attendent sont nombreux, mais les déplacements très dangereux.

    Quand il rentrera en France, M. Lahna reprendra ses remplacements à la clinique-hôpital de La Roseraie, à Aubervilliers. Il poursuivra aussi son projet de centre médico-social gratuit pour les réfugiés, de l’autre côté de la Méditerranée, à Casablanca. Jusqu’à un prochain départ pour la Syrie.

    Le Monde

  • #2
    Il est heureux malgré tout ce qui l'entoure comme morts, et il donne du bonheur autour de lui.
    Le bébé, l'éspoire.

    Pourquoi diable une telle photo ne s’achète pas à des centaines de millions de dollars à la place des médiocre peinture de femmes nues ? je ne comprendrai jamais.
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