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Les bienfaits économiques de la légalisation du cannabis

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  • Les bienfaits économiques de la légalisation du cannabis

    La légalisation du cannabis a permis de faire ce qui n’a pas pu être fait en 40 ans avec un trillion de dollars.

    Les cartels mexicains de la drogue ont finalement trouvé leur égal, tandis que la vague de légalisation du cannabis aux États-Unis1 transforme radicalement le trafic de drogue dans tout le pays. Pendant que les États en légalisent la consommation comme la production, la quantité de cannabis passant la frontière chute drastiquement, et commence à sérieusement entamer les finances des cartels mexicains.

    Un rapport statistique récemment sorti par l’US Border Patrol2 montre une nette baisse des saisies de cannabis à la frontière mexicaine. Ainsi que le Washington Post le rapporte, les saisies de cannabis à la frontière sud sont tombées à leur plus bas en dix ans : seulement 680 tonnes, bien loin des 1800 tonnes de 2009 qui constituent le plus haut historique. Cette diminution du trafic de drogue coïncide avec les mesures de légalisation et de normalisation du cannabis, à la fois médical et récréatif.

    C’est une excellente nouvelle non seulement pour les États-Unis, mais aussi pour le Mexique. Car le cannabis, à lui seul, représente 40% du total des ventes de drogue aux États-Unis, sur un marché estimé à 100 milliards de dollars. Moins d’exportation de cannabis aux États-Unis signifie une importante diminution des rentrées, et donc autant d’argent en moins disponible pour acheter des armes. Ainsi que le titrait le Time, la baisse des saisies de drogue enregistrée par l’U.S.Border Patrol s’est également confirmée du côté mexicain : l’armée avait saisi 664 tonnes de cannabis en 2014, soit 32% de moins qu’en 2013. Les violences aussi ont décru : alors que les homicides au Mexique suivaient une pente déclinante légère entre 1997 et 2007 -passant de 16 866 à 10 253 victimes-, ce chiffre est ensuite brutalement remonté à 13 155 en 2008 jusqu’à atteindre 22 8523 en 2011. En 2012, année de la légalisation de la drogue au Colorado et à Washington, les homicides ont de nouveau commencé à baisser, d’abord timidement, puis très nettement en 2013 et 2014, chutant à 14 413 victimes ; soit une baisse d’environ 30% des homicides en seulement 3 ans.

    Dans une interview pour Anti-Media, Amir Zendehman, animateur de la célèbre émission de radio « In the Clear with Amir » dédiée au cannabis, offre son point de vue suite à la publication des chiffres de l’US Border :
    « L’étude de l’industrie du cannabis nous montre que dans le cadre d’un marché concurrentiel sain, les prix baissent, la qualité du produit s’améliore, les violences diminuent et le commerce honnête prend la place des transactions illégales. Alors que de nouvelles études révèlent régulièrement les vertus potentielles de la plante, la stigmatisation de la consommation médicale et récréative laisse place à une demande pour un produit de qualité.

    Par exemple, le Colorado vit en ce moment même un boom économique jamais vu dans l’État. Le plus gros problème du Colorado, désormais, est de savoir quoi faire de ces énormes rentrées d’argent qui ont suivi la légalisation. L’exemple du Colorado prouve que la légalisation réduit le crime, baisse les prix et chasse la mauvaise production du marché, permettant l’achat d’un produit offrant une meilleure qualité et une meilleure traçabilité, résultant en un meilleur cadre de vie pour toute la société.
    Les seules victimes de l’acceptation et la légalisation du cannabis sont les cartels et leurs amis, qui ont prospéré pendant des décennies grâce à la prohibition.

    Tandis que la légalisation se répand à travers les États-Unis et le monde comme un feu de forêt, je prédis que l’industrie du cannabis deviendra bientôt l’une des industries les plus importantes et les plus rentables de l’histoire de l’humanité. »

    Et la concurrence légale aux États-Unis a déjà largement attaqué l’écosystème du cannabis au Mexique. Un producteur mexicain de cannabis confiait ainsi à la National Public Radio :
    « Il y a deux ou trois ans, le kilogramme de marijuana se vendait 60 à 90 dollars. Mais désormais, on nous achète le kilo 30 à 40 dollars. La différence est énorme. Si les États-Unis continuent la légalisation, ils vont nous mettre sur la paille ».

    À tel point que le porte-parole de la DEA affirme qu’on voit désormais des échanges se dérouler dans le sens inverse : des consommateurs fortunés du Mexique font venir en contrebande du cannabis américain acheté légalement sur place.

    Ce changement dans l’écosystème du commerce de cannabis ne se fait pas seulement sentir dans le réseau de production, mais également du côté des consommateurs et de la distribution : le cannabis mexicain de basse qualité est devenu presque impossible à trouver dans les États qui ont légalisé, tandis que le cannabis de production locale de bonne qualité voit progressivement baisser son prix. Les dispensaires de cannabis aux États-Unis emballent leurs produits de la même manière que n’importe quel article ordinaire de supermarché, vendent leur cannabis sous différentes formes, offrent des informations sur la production de cannabis (détail des croisements d’espèces, agriculture écologique, etc…) ainsi que des informations sur le produit en lui-même comme la durée des effets ou le taux de THC et de CBD, le tout contrôlé par un laboratoire certifié. Dans le même temps, on a vu apparaître des sites internet spécialisés dans le cannabis offrant des retours d’expériences aux utilisateurs, des conseils d’achats ou couvrant l’actualité du cannabis. En bref, l’écosystème du commerce légal de cannabis s’aligne sur les standards de tous les commerces licites que l’on trouve d’ordinaire.

    La légalisation du cannabis aux États-Unis pourrait également avoir un impact économique important. Comme le rapporte Mint Press News :
    « Depuis que Nixon a déclaré la guerre contre la drogue en juin 1971, le coût financier de cette guerre s’est élevé à plus d’un trillion4 de dollars sur 40 années. Plus de 51 milliards sont dépensés chaque année pour mener la guerre contre la drogue, d’après la Drug Policy Alliance, une association destinée à promouvoir des politiques plus responsables envers la drogue. »
    Dans le même temps, les récents rapports à propos de projet du Colorado de taxer le cannabis montrent que cette rentrée massive d’argent va permettre de financer les écoles et les programmes de réhabilitation. En fait, le Colorado est devenu le premier État à générer plus de revenu par le cannabis que par l’alcool – plus de 73,5 millions de dollars pour les seuls sept premiers mois de 2015. Par ailleurs une étude de Jeffrey A. Miron et Katherine Waldock, du Cato Institute, estime que la légalisation du seul cannabis à l’échelle fédérale réduirait les dépenses gouvernementales de plus de 8,7 milliards de dollars par an, et que les taxes prélevées sur l’économie du cannabis s’élèveraient au même montant, soit 17,4 milliards de dollars débloqués pour le gouvernement.

    Ce qui semble être le triomphe éclatant de la politique de dé-criminalisation et de légalisation du cannabis vient par contraste renforcer le constat d’échec cuisant de la guerre contre la drogue. Rendre illégales des substances comme le cannabis a simplement amené l’industrie dans la clandestinité. Parmi les effets de cette clandestinité, on retrouve les habituels problèmes liés à l’absence de cadre légal dans un commerce : impossibilité de régler les problèmes de fraude, concurrence ou vol par le biais légal ; impossibilité de tracer et contrôler la qualité des produits ainsi que d’assurer la sécurité des producteurs, distributeurs et clients ; alimentation des groupes criminels qui deviennent de facto les principaux distributeurs5. Mais en plus, la transformation de cette question de santé publique en problème criminel, et donc traitée non comme une maladie mais comme un crime, a mené à la criminalisation d’une frange importante de la population, alimentant la population carcérale déjà très importante des États-Unis, a servi à passer de nombreuses lois contraires aux libertés individuelles et entrave très largement le processus de guérison et de réhabilitation des drogués.
    Mais pourquoi s’arrêter à la légalisation du seul cannabis ?

    Alors que l’expérience de la légalisation ne cesse de mettre à mal la propagande prohibitionniste, il serait temps d’envisager l’extension de cette légalisation à l’ensemble des drogues. La dépénalisation des drogues au Portugal, désormais vieille de quinze ans, a montré que cela fonctionnait très bien. Les arguments et les données allant en faveur de la légalisation sont légion.

    La question n’est donc pas de savoir quelles sont les bonnes raisons que nous avons de soutenir la légalisation de la drogue. La question est de savoir quelles sont les raisons qui peuvent encore nous amener à soutenir la prohibition.

    Pour ma part, je n’en vois aucune.


    Pour rappel, le cannabis est aujourd’hui légalisé dans les États de Washington, de l’Alaska, de l’Oregon et du Colorado. Par ailleurs, l’essentiel des États américains ont assoupli d’une manière ou d’une autre autre la législation sur le cannabis.

    Une police fédérale spécialement dédiée à la surveillance des frontières, en particulier celle du Mexique constitue l’une des plus importantes force de police des États-Unis.

    En comparaison, le nombre de morts civils depuis le début de la guerre en Afghanistan serait d’environ 26 000.

    Cela amène à un paradoxe terrifiant : les personnes qui devraient rester le plus éloignées possible de ce monde en deviennent du coup les principaux acteurs.

    contrepoints
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