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D'où vient le manque d'assurance ?

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  • D'où vient le manque d'assurance ?

    Le manque d’assurance varie selon les âges et la personnalité et prend parfois des allures pathologiques qui nécessitent éventuellement une thérapie.
    La confiance en soi peut être définie simplement comme le jugement que l’on a de ses propres compétences. Que se passe-t-il donc lorsque cette
    confiance en soi vient à manquer ?


    Sur le plan comportemental, elle conduit à un « art du camouflage » dont les manifestations sont l’inhibition, l’indécision, la procrastination et les évitements. Sur le plan émotionnel, le manque de confiance se traduit par une tristesse (liée à la dévalorisation), de l’anxiété (liée à la peur de ne pas être la hauteur) et enfin de la honte (liée à la peur d’être mal jugé par les autres).


    Le manque de confiance en soi se traduit enfin par une altération de notre jugement sur nous-même. Ces jugements négatifs peuvent se résumer à sept préjugés capitaux de la confiance en soi : « je ne suis pas capable de », « j’ai besoin que l’on m’aime », « je me trouve nul(le) », « je dois toujours faire mieux », « je n’arrive jamais à me décider », « je dois toujours me faire du souci », enfin « je dois me méfier des autres ». 


    Lorsque le manque de confiance en soi est intense, permanent et instable, il peut être considéré comme une véritable pathologie. Les maladies les plus couramment rencontrées sont la phobie sociale généralisée, certaines dépressions, le trouble d’anxiété généralisée, des conduites addictives comme l’alcoolisme (boire pour se donner confiance et oser aborder les autres). Mais le manque de confiance en soi est plus couramment un trait de personnalité : il peut ainsi toucher tout le monde sans nous entraîner jusqu'à la maladie.


    Plusieurs causes ont été invoquées pour expliquer le manque de confiance en soi : Jerome Kagan a émis l’hypothèse d’un « tempérament inhibé (1) » qui serait inné. Des chercheurs ont pu établir des profils de comportements sociaux assez nets chez les enfants de moins de 36 mois (2) : les leaders, les dominants agressifs, les dominants craintifs, les dominés agressifs, les dominés craintifs. 


    Mais l’attitude de l’entourage semble également importante. Un soutien inconditionnel des parents (c’est-à-dire quel que soit le comportement de l’enfant) influence le niveau de l’estime de soi. Plus l’enfant est aimé plus l’estime de soi serait haute ; ici intervient donc un « facteur amour ». En revanche, un soutien conditionnel (c’est-à-dire qui dépend du comportement des enfants) influence la stabilité de l’estime de soi ; ici c’est le « facteur éducation » qui intervient.


    Une construction qui dure toute la vie


    L’action des enseignants est également déterminante. Au cours d’une expérience très connue (3), on a séparé des élèves d’une classe primaire en deux groupes : l’un avec des enfants à fort potentiel, l’autre avec des enfants à potentiel plus faible. En fin d’année, les progrès furent nettement plus importants dans la classe à fort potentiel. Rien de surprenant ? Sauf que les enfants avaient en fait exactement le même potentiel : on avait simplement fait croire à leurs enseignants qu’une classe était à haut potentiel et l’autre à plus bas potentiel ! C’est l’attitude des professeurs qui a influencé les résultats.


    Un autre facteur est à prendre en compte : les « bons copains ». Les observations cliniques nous montrent les traumatismes de l’enfance liés aux moqueries, aux humiliations et aux mises à l'écart dans les cours d’école. 

    L’adolescence offre une deuxième chance. Si l’adolescent réussit à l’école ou dans des premières expériences amoureuses, la confiance en soi va pouvoir se reconstruire. Pourtant, tout ne se joue pas durant l’enfance et l’adolescence : à l’âge adulte, il existe des facteurs de maintien du manque de confiance en soi

    Le cercles verteux de 
la réussite 


    Enfin, certains traumatismes de vie peuvent venir faire vaciller une confiance en soi préalablement construite : un viol, un grave accident, un échec professionnel, etc. 

    Les pensées négatives associées au manque de confiance en soi ont pour effet de produire un cercle vicieux de l'échec : le sentiment de ne pas être à la hauteur nous fait redouter l'échec et, dès lors, nous fait rester en retrait et freiner notre action. Finalement, on en vient à confirmer a posteriori nos échecs (« tu vois bien que tu n’es pas capable de… »), ce qui ferme le cercle vicieux.


    Mais les cercles peuvent tourner dans l’autre sens. Une thérapie peut aider à renverser le cercle vicieux : elle contribue à modifier les pensées négatives, à avoir une vision plus positive de soi-même, en aidant à agir progressivement et à améliorer les relations avec les autres. Le cercle vicieux peut devenir cercle vertueux. 

    Si le manque de confiance en soi est très fréquent, il n’est pas une fatalité.

    Changer ses schémas de pensée

    Selon l’école cognitiviste (4), une vision de soi-même se construit dès notre plus jeune âge. Cette vision est basée sur nos expériences précoces. Si un enfant est de tempérament craintif et qu’il vit de surcroît dans un milieu parental et scolaire qui ne le met pas en confiance, 
il en viendra à se forger ce type de préjugé (ou « schéma cognitif ») :
« Je ne suis pas capable de… »

    Ce schéma de pensée va se projeter sur toutes ses expériences de vie, associé à une anticipation anxieuse : « Je ne serais pas capable d’aborder cette fille ou cet homme qui me plaît ; de faire parfaitement ce travail ; de réussir mon examen ; de me faire embaucher ; de réussir ma carrière ; d’être une bonne mère ou un bon père… »


    En clinique, on constate que deux grands types de schémas cognitifs sont associés au manque de confiance chez l’adulte.


    • L’addiction à la performance : « Je dois toujours réussir. » La recherche de réussite fait généralement avancer dans la vie, mais elle peut devenir paralysante et faire perdre confiance 
suite à un échec. 

    • Le besoin d’être aimé et approuvé par tout le monde. C’est un autre schéma couramment associé au manque de confiance en soi. Il crée une dépendance à l’égard de l’opinion des autres. Face aux critiques, l’individu est déstabilisé et perd confiance en lui.

    Une solide confiance en soi ne doit dépendre ni de l’approbation des autres, ni de ses performances. C’est 
un savant cocktail entre ces trois composantes que sont la confiance 
en soi inconditionnelle, le besoin de réussite 
et le besoin d’être aimé.

    Frédéric Fanget


    NOTES
    1. Jerome Kagan, La Part de l’inné, Bayard, 2000.
    2. Hubert Montagner, L’Enfant et la Communication, 1978, rééd. Dunod, 2012.
    3. Robert Rosenthal et Lenore Jacobson, « Teacher expectation for the disadvantaged », Scientific American, vol. CCXVIII, n° 4, 1968.
    4. Jeffrey Young et Janet Klosko, Je réinvente ma vie. Vous valez mieux que vous le pensez, L’Homme, 2013.


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