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En Libye, le (nouveau) coup d'Etat de Tripoli

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  • En Libye, le (nouveau) coup d'Etat de Tripoli

    A Tripoli, l'ancien premier ministre libyen Khalifa Ghweil et ses partisans ont délogé cette nuit Fayez Sarraj, qui l'avait remplacé en avril avec le soutien de la communauté internationale. La greffe onusienne sur la réalité libyenne n'a pas pris.

    Dans la nuit du vendredi 14 octobre, Tripoli a connu l'un de ces revirements dont seule la Libye a désormais le secret. Peu après la prière du soir, les anciennes autorités de Tripoli, avec à leur tête l'ex chef de l'ex-gouvernement tripolitain, Khalifa Ghweil, issu de l'ancien Parlement libyen, le Congrès général national (CGN), ont repris leurs fonctions. Elles avaient été remplacées en avril dernier par de nouvelles institutions soutenues par la communauté internationale, dans un effort musclé mené par l'ONU d'imposer un pseudo gouvernement d'union nationale (GNA) à la Libye, dirigé par Fayez Sarraj. Un gouvernement fermement soutenu par les capitales occidentales, mais qui n'a jamais réussi à imposer son autorité aux Libyens. Ni auprès du gouvernement dissident de Tripoli, ni auprès du Parlement, élu, réfugié à Tobrouk, dans l'Est du pays.

    Les locaux du nouveau Conseil d’État installé lui aussi en avril dernier et censé remplacer le Congrès général, ont été repris, ainsi que les bâtiments des ministères. Dans un communiqué, Khalifa Ghweil, qui refusait déjà de partir au printemps, a affirmé la "légitimité" de son gouvernement de salut national et appelé ses ministres à reprendre leurs fonctions et à considérer "comme suspendus" tous les responsables nommés par le nouveau gouvernement d'union nationale (GNA) soutenu par l'ONU. Un mandat d'arrêt a même été émis avec ordre d'intercepter Fayez Sarraj et les membres de son conseil de la Présidence, s'ils tentaient de franchir les frontières. La réponse du gouvernement de l'ONU est tombée à peine quelques heures plus tard. Dans un communiqué il intimait l'ordre à son ministre de l'intérieur d'arrêter "les politiciens qui (...) tentent de créer des institutions parallèles et déstabiliser la capitale". Le GNA a condamné la prise de possession du QG du Conseil d’État par "un groupe armé" et la "tentative de saboter l'accord politique" parrainé par l'ONU et signé à Skhirat, au Maroc, en décembre 2015.

    Le plus cocasse de l'affaire est que l'ordre des deux gouvernements rivaux ne peut s'adresser qu'aux mêmes exécutants: les milices de Tripoli. C'est leur appui qui avait permis en avril l'arrivée rocambolesque par la mer de Fayez Sarraj et avait sécurisé la base maritime d'Abu Sita où celui qui devait être le nouvel homme fort de la Libye recevait en enfilade les ministres des affaires étrangères de la «communauté internationale», Jean-Marc Ayrault en tête. Depuis, déçues par leurs nouveaux patrons, privées de salaires par suite de crise des liquidités, les vrais seigneurs de Tripoli ont tourné casaque. D'ailleurs, les plus puissants groupes armés de Tripoli-les unités Rada, Nawasi et les hommes de Haitem Tajouri- tentent depuis quelques mois de changer leur image. Non sans succès. Ils ne s'appellent plus «milices» mais «forces» et assument les pouvoir de police, d'enquête et de sécurisation d'un état défaillant. Mieux, elles se sont distancées des autres factions à tendance islamiste auxquelles elles s'étaient jointes en 2014, lors de la prise de Tripoli par la coalition Aube de la Libye.

    Néanmoins, «le coup d’état des milices», comme le qualifie le quotidien anglais The Guardian ne se résume pas aux seuls groupes armées de Tripoli. Khalifa Ghweil, le patron du CGN, a de immédiatement invité les autorités installées dans l'Est, à Tobrouk (dont la Chambre des Représentants, élue en 2014), à former au plus vite un «vrai» gouvernement d'union, «libyo-libyen». L'idée avait germé voici un an et des parlementaires de Tripoli et de Tobrouk s'étaient rencontrés pour trouver une solution à leur brouille qui datait de deux ans. A l'époque la coalition pro-islamiste l'Aube de la Libye, avait pris par les armes, refusant les résultats des élections de la Chambre des Représentants, dont ils étaient les grand perdants. Durant deux ans, l'espagnol Bernardino Léon, envoyé spécial de l'ONU, avait fait la navette dans un effort de réconciliation qui avait sombré dans le ridicule. Quelques mail de l'émissaire, ayant fuité dans les médias, révélaient qu'en réalité l'envoyé de l'ONU négociait un poste grassement rémunéré avec les Émirats arabes unis, l'un des états qui avec l’Égypte, le Qatar et la Turquie, se mêle de très près des affaires libyennes. Les négociations, expatriées dans les palaces marocains et tunisiens, avaient irrité les Libyens confrontés à la montée en puissance de l'Etat islamique et de plusieurs groupes islamistes dans leur pays. La «funduk (hôtel en arabe) diplomatie», ils n'en voulaient plus.


    Réunis à Malte en novembre 2015, les deux présidents des parlements rivaux de Tobrouk et Tripoli, avaient fini par se serrer la main, promettant d'enterrer la hache de guerre et de former un gouvernement d'union libyo-libyen. «Trop tard» avaient rétorqué les chancelleries occidentales, qui poussaient déjà leur casting avec Fayez Sarraj en tête. Le tout piloté par le fort dynamique et volontaire nouvel émissaire de l'ONU, Martin Kobler.

    Mais la greffe onusienne sur la réalité libyenne n'a pas pris. Sarraj et son conseil de la Présidence n'ont d'ailleurs jamais pu siéger à Tripoli, ni d'ailleurs en Libye. Un an plus tard, le constat se résume à un pathétique «tout ça pour ça!»

    La nouvelle donne a t-elle quelques chances de réussir? Il semble que oui, selon l'avis de quelques proches du pouvoir installé à Tobrouk qui ont suivi pas à pas la préparation du «coup de Tripoli.» En réalité, les deux parties ont mené depuis quatre mois de nombreuses rencontres et négociations secrètes, sans oublier d'y associer les deux cités-états les plus puissantes et les mieux armées de la Libye: Misrata et Zintan. Déjà acquis à la cause du pouvoir de l'Est et de l'armée du général Haftar, les Zintani ont adhéré à l'idée de la solution libyo-libyenne. Misrata, plus divisée, a fini, semble-t-il, par l'accepter aussi. Du moins en majorité. Exténuées par les combats de Syrte, où elles sont en première ligne contre Daech, les milices de Misrata se seraient ralliées, à commencer par Halbous, la plus puissante d'entre elles, forte de quelques 3000 combattants. Un accord écrit aurait même été paraphé.

    Pour l'heure, la communauté internationale, fort bavarde depuis un an sur le dossier libyen, garde le silence. Quand à Fayez Sarraj, il aurait déjà rejoint Malte, par un vol spécial privé, affrété in extremis au soir de ce vendredi fatidique, qui résonne comme un camouflet pour la diplomatie onusienne et ses efforts de «réconciliation». Reste à savoir ce qu'en dira la Président François Hollande, lequel, il y a deux semaines à peine, renouvelait son soutien sans réserves à Fayez Sarraj et son gouvernement d'union, en le recevant à Paris... L'équation est simple. Laisser les Libyens régler leurs affaires et constituer un seul État ou persévérer dans l'erreur et laisser ainsi se multiplier les gouvernements «dissidents», reconnus, non-reconnus, parallèles ou renégats...». Dans ce cas, autant livrer tout de suite ce pays situé à 300 kilomètres de l'Europe aux trafiquants et aux djihadistes d'AQMI et de l'EI.

    Marianne

  • #2
    Adieu la libye

    La Libye ne se retournera jamais plus.
    Si Gueddafi a donne le qualificatif de peuplade (Jamahiriya) a son pays ce n'est pas pour riens !! Ils veulent tous avoir le pouvoir a travers leurs tribus respectives !!!
    Sarkozi a commence et les nombreux prétendants au pouvoir continuent !!!
    Voila ce qui arrive a une Nation qui dépend d'une seule personne au lieu de dépendre de ses institutions légales !!!!
    Le Sage

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