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Au secours, le dossier grec revient !

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  • Au secours, le dossier grec revient !

    Entre la Grèce, le reste de la zone euro et le FMI, la situation est explosive. Chacun joue sa partition, et le spectre d'un blocage ressurgit.

    « Nous ne soumettrons jamais notre peuple aux béni-oui-oui de ceux qui veulent voir la Grèce endosser l'austérité pour les années à venir. » Ce tweet envoyé le 17 décembre par le Premier ministre grec Alexis Tsipras donne une petite idée du regain de tensions à l'oeuvre entre la Grèce, ses partenaires de la zone euro et le FMI. Il y a quelques jours, un député de Syriza, le principal parti de la coalition au pouvoir, a même confié que le leader de la gauche radicale n'excluait plus un nouveau référendum, comme celui qui avait failli mener à la sortie du pays de la zone euro en 2015.

    « La deuxième revue » en suspens

    L'application du troisième plan d'aide de 86 milliards d'euros à Athènes décidé in extremis à l'été 2015 est menacée, malgré la première année de croissance positive enregistrée en 2016 depuis... 2007. Les Européens constatent tous les jours la réticence grandissante des Grecs à se plier aux conditions drastiques exigées en échange de leurs prêts. Si bien que la « deuxième revue », c'est-à-dire la seconde phase de contrôle de la bonne application des engagements grecs, est en suspens.
    Le différend porte notamment sur la réforme du marché du travail. La Grèce est censée aligner sa réglementation sur les meilleures pratiques dans les autres États membres. Reste à savoir ce que cela veut dire concrètement. Les Européens veulent en fait qu'Athènes libéralise au plus vite son marché du travail pour augmenter le potentiel de croissance du pays. Les Grecs, au contraire, freinent des quatre fers au nom de la protection des travailleurs… Seconde pierre d'achoppement : la libéralisation du marché de l'énergie censé faire baisser ses coûts dans le pays.

    Une austérité démesurée ?

    Les discussions bloquent enfin sur les questions budgétaires. À court terme, le débat se focalise sur l'ampleur des mesures nécessaires pour atteindre la cible budgétaire fixée à la Grèce pour 2018, à savoir un excédent primaire (hors remboursement des intérêts de la dette) de 3,5 % du PIB. L'objectif est très controversé tant il est exigeant. En comparaison, la France est toujours en déficit primaire de plus de 1 % de son PIB…
    Mais c'est pour la suite que cette cible pose le plus de problèmes. Le FMI et les Européens ne sont même pas d'accord entre eux sur l'ampleur des mesures de rigueur à adopter pour y parvenir. Le Fonds monétaire international (FMI) se montre d'une sévérité sans faille sur ce point. Mais Alexis Tsipras refuse d'aller plus loin que ce qu'il a déjà consenti. Le Premier ministre réclame un peu de clémence, ce qui passe nécessairement, aux yeux du FMI, par un allègement de l'énorme dette du pays qui atteint 180 % du PIB. Sauf que les Européens, eux, ne veulent pas en entendre parler avant d'avoir conclu la seconde revue, c'est-à-dire avant que les Grecs n'aient rempli leurs engagements de réformes. D'autant qu'ils ont déjà accepté, fin 2016, un premier petit allègement à court terme, même s'il est loin d'être suffisant.
    Schäuble reparle d'une sortie de la Grèce de la zone euro

    Faute d'accord entre la Grèce et ses partenaires sur l'application des réformes, les Européens ne débloqueront pas l'argent dont Athènes a besoin pour payer les 8 milliards d'euros qu'elle doit rembourser, notamment à la Banque centrale européenne (BCE) en juillet. Le temps presse, donc. Mais le calendrier est encore plus contraint à cause du cycle électoral européen qui s'ouvrira mi-mars avec les législatives aux Pays-Bas avant de se poursuivre avec la présidentielle française puis les législatives allemandes, en septembre. Selon un expert de la Société générale, il reste un mois utile avant que les élections ne viennent compromettre la possibilité d'un compromis. Or la majorité d'Alexis Tsipras demeure très fragile. Et les opposants internes de Syriza, qui refusent l'austérité, redonnent de la voix, ce qui menace l'application du programme.
    Le blocage est tel qu'un faucon comme le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, a ressorti des cartons son idée de sortir la Grèce de la zone euro, selon le magazine allemand Bild, toujours au rendez-vous lorsqu'il s'agit de critiquer Athènes.
    Le bras de fer entre le FMI et les Européens

    Pour compliquer encore la donne, le FMI fait de l'allègement du fardeau grec un préalable à toute participation au financement du plan d'aide, conformément à ses règles qui l'empêchent de venir au secours d'un pays dont la dette est jugée insoutenable. Problème : plusieurs parlements nationaux, dont le Bundestag allemand, ont conditionné le financement du plan d'aide à la Grèce à l'implication du FMI, gage de sévérité sur les réformes.

    N'en déplaise aux autres États de la zone euro, un allègement de la dette est probablement indispensable pour que la Grèce puisse se financer seule sur les marchés financiers à l'expiration du programme d'aide, mi-2018. En l'absence d'un tel geste, son poids deviendrait incontrôlable au point d'augmenter à 275 % du PIB en 2060, selon l'analyse du FMI qui a fuité la semaine dernière dans la presse pour faire pression sur les Européens et qui doit être officiellement présentée le 6 février. « La dette grecque est totalement intenable. Même avec une application pleine et entière des réformes approuvées dans le cadre du programme d'aide, la dette publique et les besoins de financement vont devenir explosifs sur le long terme », assure l'institution dans son analyse.

    Les Européens sont donc dos au mur. Sans un allègement d'ampleur de la dette, ils pourraient être obligés de décider, tôt ou tard, d'un quatrième plan d'aide depuis 2010. Sauf à se résoudre, après avoir tout fait pour l'empêcher, à laisser la Grèce sortir de la zone euro…


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