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Planet veut devenir le Google de l’observation spatiale

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  • Planet veut devenir le Google de l’observation spatiale

    LES PÉPITES DU NEW SPACE (2/5) Avec 200 satellites en orbite de la taille d’une boîte à chaussures, Planet, start-up basée à San Francisco, dispose de la plus grande constellation de satellites en service. Son objectif : devenir le Google de l’observation de la Terre.

    Dans la grande famille du New Space, ces acteurs privés partis de zéro qui veulent démocratiser l’accès à l’espace, on connaît essentiellement les champions : SpaceX, le groupe d’Elon Musk, et Blue Origin, la société spatiale de Jeff Bezos. Challenges a été dénicher en Californie les futures stars du secteur, dans le segment des lanceurs spatiaux, des microsatellites, ou des applications spatiales du futur, comme les usines sur orbite. Plongée en cinq épisodes dans les start-ups qui inventent le spatial de demain. Aujourd’hui, le champion des microsatellites Planet.

    Dans le petit monde du spatial, les champions mondiaux ne sont pas forcément ceux qu’on croit. Le leader mondial des satellites en orbite n’est ainsi ni un gros opérateur type Intelsat, SES ou Eutelsat, ni un monstre du spatial ou de la tech comme SpaceX ou Google.
    Non, le champion en question est bien une start-up de San Francisco, installée dans un quartier SoMa qui hésite encore entre gentrification et dealers de crack.
    Depuis son siège, un ancien bâtiment industriel en brique rouge où s’activent 200 salariés dans un mélange d’open space et de salles blanches, Planet exploite une flotte de 200 satellites, dont 140 lancés en 2017, en orbite à 500 km de la Terre.
    La plupart d’entre eux, dits Dove (colombes), sont de la dimension d’une boîte à chaussures : 30cm sur 10 cm et 10m. "Ils sont capables de prendre chaque jour des images de chaque partie du globe, résume Will Marshall, fondateur du groupe, regard pétillant derrière ses petites lunettes d’ingénieur. C’est la plus grande constellation de satellites de toute l’histoire, et de loin."

    L’objectif de la start-up est clair : devenir une sorte de Google de l’observation de la Terre. Contrairement à Google Maps, dont les photos satellites datent de plusieurs mois, voire de plusieurs années, les satellites de Planet prennent des photos de tous les endroits du monde quasiment en temps réel.
    La société peut ainsi archiver les évolutions des zones urbaines et naturelles, le trafic de tel ou tel port, et proposer des images quasiment en temps réel des aéroports militaires nord-coréens ou iraniens. Les clients ?
    Ils sont très divers : des grands agriculteurs qui veulent optimiser la date de leurs récoltes grâce à l’imagerie spatiale ; des ONG qui veulent obtenir les dernières images disponibles de camps de réfugiés, ou mesurer la déforestation en Amazonie ; des agences de renseignement américaines, comme la National Geospatial Intelligence Agency (NGA) ; mais aussi des géants industriels comme Monsanto, ou des hedge funds qui veulent compter le nombre de places de parking occupées chez Walmart pour anticiper ses résultats…

    Les services de renseignement américains sont clients

    Planet propose des abonnements d'une ou plusieurs années, dont le prix dépend du nombre de zones couvertes. Si la start-up ne communique pas les tarifs, le contrat signé avec la NGA en juillet dernier donne une bonne idée de leur niveau.
    L'agence de renseignement spatial américaine paie 14 millions de dollars pour un accès d'un an à 25 grandes zones géographiques au Moyen-Orient, en Asie, en Amérique Centrale et Amérique du Sud.
    La NGA distribue ensuite les photos au Department of Defence et aux autres agences de renseignement américaines, comme la CIA, mais aussi à diverses agences civiles de cartographie (USGS), de gestion des catastrophes naturelles (FEMA) (disasters), ou des parcs nationaux (NPS).

    Sept ans après sa création par des anciens de la Nasa, la start-up n'a donc plus rien d'un nain du spatial. Elle emploie 500 salariés, a levé 183 millions de dollars depuis sa création, et dépasserait le milliard de dollars de valorisation. Elle a déjà lancé plus de 300 satellites, utilisant indifféremment des lanceurs ukrainiens (Dnepr), russes (Soyouz), indiens (PSLV), et américains (Minotaur, Antares), en attendant d'embarquer sur le lanceur américano-néo-zélandais Electron de Rocket Lab ces prochains jours.
    Elle s'appuie sur 24 stations-sols dans le monde pour communiquer avec sa flotte de satellites.

    Rachat de la filiale satellites de Google
    Après avoir racheté en 2015 RapidEye, une constellation allemande de cinq satellites, Planet s'est même offert en février 2017 la filiale satellites de Google, Terra Bella (ex-Skybox Imaging), que le géant américain avait achetée trois ans plus tôt pour 500 millions de dollars. "J'ai eu des appels qui me demandaient si c'est bien nous qui rachetions une division de Google, et pas l'inverse", rigole Will Marshall.
    A la faveur de cet accord, Google est devenu actionnaire et client de Planet. La start-up, elle, dispose désormais de trois types de satellites différents : les RapidEye allemands (5m de définition), ses microsatellites Dove (3m de définition), et les ex-satellites Google, dits SkyStats, beaucoup plus gros (120kg) et d'une définition supérieure (90cm).

    L'atout-maître de la société est d'avoir su mener la miniaturisation des satellites à un niveau jamais atteint auparavant.
    Là où un gros satellite télécoms peut peser 6 tonnes et coûter 200 millions de dollars, un satellite Dove de Planet ne pèse que 5 kilos. Son coût de production est un secret bien gardé, mais il est probablement bien inférieur aux 500.000 dollars des satellites de la future constellations OneWeb, qui pèsent 150 kg.
    Les Doves, qui offrent une définition de 3 mètres environ et intègrent 2.000 pièces, présentent aussi l'avantage de pouvoir intégrer régulièrement de nouveaux capteurs et processeurs. Planet en est ainsi à la 14ème génération de Doves. Dans son usine intégrée au siège, en plein coeur de San Francisco, elle est capable de les assembler à la cadence d'une vingtaine de satellites par semaine, une performance unique dans l'industrie.

    Anciens de la Nasa
    L'aventure Planet démarre en 2010, quand trois chercheurs du centre de recherche de la Nasa d'Ames (sud de San Francisco), Will Marshall, Chris Boshuizen et Robbie Schingler, quittent l'agence spatiale pour lancer leur start-up sur le segment des microsatellites.
    Les trois compères sont des poids lourds : le britannique Will Marshall, docteur en physique à l'université d'Oxford, a notamment travaillé sur un atterrisseur et une sonde lunaire, cette dernière ayant découvert de l'eau sur la Lune.

    Installés dans une grande maison de Cupertino, surnommée Rainbow Mansion, ils en utilisent le garage pour leurs bidouillages. Ils désossent un smartphone HTC Nexus One, en utilisent les pièces pour créer leur petit satellite, ajoutent des antennes et quelques composants. Le premier satellite de Planet (à l'époque Planet Labs) est né.
    Les premier Doves seront lancés en 2013 par des lanceurs Soyouz et Antares.

    Deuxième phase
    Quatre ans et 200 satellites sur orbite plus tard, Planet veut passer à la seconde étape de son histoire. "Notre mission 1 était de disposer d'une constellation suffisante pour couvrir le monde entier, c'est le cas depuis novembre dernier, indique Will Marshall. Désormais, nous allons accélérer sur l'analyse des données, comme la reconnaissance d'objets sur les images, et développer un écosystème d'applications autour de nos données." Tout en continuant à fabriquer des satellites à un rythme industriel :
    les Doves ne dépassent pas deux ans d'espérance de vie, avant de se consumer dans l'atmosphère.

    Par Vincent Lamigeon
    challenges
    dz(0000/1111)dz

  • #2
    Intéressant article, je connaissais une startup française qui s'est lancé il y a deux ans dans ce segment très promoteur. Il y a beaucoup d'open source et de composant off the shelf dans les microsatellites, ce qui les rendraient très intéressants pour les pays en développement,

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