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La science économique à la lumière de sa spécificité

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  • La science économique à la lumière de sa spécificité

    La science économique réduite à l’étude de ce qui est spécifique aux échanges marchands et aux transferts de termes de ces échanges paraît à première vue trop strictement délimitée. Elle ne l’est pourtant pas pour paver de certitudes la pratique qu’elle étudie.

    Au titre de ce qui n’est pas spécifique à la pratique des échanges et des transferts économiques, on peut par exemple considérer que l’homme étant égoïste par construction, cette fatalité domine toutes les activités humaines. On peut également exhiber un riche tableau clinique pour montrer que l’homme est aussi par construction un animal social, appartenant à des groupes avec ce que cela comporte souvent de rapports de force. Toutefois, établir la théorie économique sur des généralités de ce genre expose à ne pas cerner d’assez près le réel et le réalisable propres à la pratique étudiée. L’économie politique centrée sur sa spécificité montre tout au contraire qu’elle procure des élucidations essentielles, dont les formations normales des rémunérations du travail et des placements ainsi que celles des autres prix salaires compris, et dont la dynamique elle aussi normale des répartitions de revenus. Sur ces questions notamment, la théorie économique rate son parcours lorsqu’elle prend pour point de départ, comme le dit et l’approuve Dani Rodrik dans son livre Peut-on faire confiance aux économistes ? Réussites et échecs de la science économique (De Boeck, 2015), la « bête de somme des modèles » économiques – celui de l’offre et de la demande « connu de quiconque a suivi un cours d’introduction à l’économie », base qui d’après cet auteur sur ce point de même avis que tant et tant d’autres aujourd’hui dans sa profession conduit de fil en aiguille… « à faire la lumière sur certains phénomènes sociaux, allant des pratiques de lutteurs de sumo à la triche [dans les écoles], à l’aide d’une analyse empirique minutieuse et d’un raisonnement fondé sur les incitations », vive le comportementalisme subjectiviste tenant lieu de science économique…

    Depuis Jean-Baptiste Say, on répète beaucoup que l’économie a pour objet la production, la répartition et la consommation de richesses, à savoir de biens corporels et incorporels ayant une valeur d’échange marchand. Incontestablement l’homme ne fait rien, pas même respirer, sans produire et consommer. Une autre constatation est que la distinction entre l’économique et le non économique tend à être respectée au quotidien : l’économie circonscrite par une définition recevable en logique des ensembles finis va au-devant de ce sage tropisme. Or dans une telle économie, il n’y a en vérité que deux productions et pas une seule consommation. Les deux productions sont d’une part celles de ventes et de marges par la voie d’échanges marchands, d’autre part celles de transferts de termes de ces échanges. Là on est dans ce qui fait le propre de la science économique et ce propre a pour conséquence qu’en dépit de ce qu’on en répète ad nauseam consommer n’est pas en soi un acte économique.

    Distribuée par Hachette Livre et titrée Précis d’économie objective, l'édition brochée de la contribution de Dominique Michaut à la réorientation de l’économie politique est achetable dans de nombreuses librairies, dont celles par internet d’Amazon, de Bookelis et de la Fnac.

    La monnaie, les niveaux de réalité économique
    Une autre conséquence de ce qui est propre à la science économique concerne la monnaie. Non seulement cette dernière est utilisée en tant que terme d’échange économique que le législateur interdit de refuser (dispositif de la monnaie légale), mais aussi elle sert d’unité de mesure en cas de troc. Autrement dit, la monnaie est l’instrument le plus employé pour la quantification des valeurs d’échange marchand, à savoir des prix assumant cette fonction. Il en résulte que la théorie et la pratique monétaires qui ne reposent pas explicitement sur des explications justes des prix par catégories principales d’échange marchand sont de mal à très mal établies. Or voici qu’il y aurait un cercle vicieux si ces explications ne pouvaient pas être élaborées sans référence à un système monétaire comprenant d’autres dispositions que celui de la monnaie légale. Cette impossibilité s’évite en plaçant l’articulation de la science des prix sous l’hypothèse irréaliste de la perfection monétaire, sans bien entendu oublier de lever en fin de parcours cette hypothèse. Ainsi que sans exclure l’éventuelle suffisance de principes de politique économique pour tirer le meilleur parti de l’instrument monétaire, y compris en commerce international moyennant l’application de ces principes d’une zone monétaire à l’autre.

    Une troisième conséquence du propre de la science économique est elle aussi méthodologique. La part du réel et du réalisable qu’il revient à cette science d’étudier ne se manifeste pas qu’à deux niveaux, l’un macro et l’autre micro, mais à trois tout aussi concrets les uns que les autres. Pour éviter des confusions, laissons aux notions de macroéconomie et de microéconomie les acceptions dans lesquelles elles ont fait leur chemin de néologismes. Parallèlement, convenons de dire que les entreprises, les ménages et les organisations publiques se situent à l’échelle de la mésonomie. Cela permet de réserver l’échelle de la macronomie à ce qui se passe sur un espace géographique en matière d’échanges et de transferts économiques, que cet espace géographique soit celui occupé par une nation ou bien soit supra ou infra national. La prise en considération de l’échelle mésonomique permet également de réserver l’échelle de la micronomie à ce qui se passe, toujours en matière d’échanges et de transferts économiques, au sein des entreprises, des ménages et des organisations publiques en tant qu’entités juridiquement constituées. Dans cette convention terminologique, le niveau dit micronomique est celui auquel se trouve ce qu’il est convenu d’appeler la comptabilité analytique, par distinction d’avec la comptabilité générale au niveau mésonomique et la comptabilité nationale au niveau macronomique. Ce recadrage permet de laisser ouverte la reconnaissance de deux éventualités. Certaines définitions recevables en mathématique des ensembles finis valent peut-être pour les trois niveaux, mais possiblement dans des déclinaisons différentes à chaque niveau. Les canons de la comptabilité économique ne sont peut-être pas encore aussi bien affûtés qu’il le faudrait pour éviter des amalgames trompeurs.

    • L'économie définie a pour objet ce qui est spécifique aux échanges marchands et aux transferts de termes de ces échanges. • Le champ de l’économie définie ne comporte que deux productions et aucune consommation. • L'économie définie doit être d'abord étudiée sous l'hypothèse de la perfection monétaire. • Distinguons, en tant qu'échelles d'observation des phénomènes économiques, la mésonomie, la macronomie et la micronomie.

    Ecomatin
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