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Le génie Bénitez

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  • Le génie Bénitez

    "J'avais placé la défense à 48 m de nos buts, et non 47 ou 49. J'avais calculé qu'à partir de cette distance précise, nous étions plus efficaces pour presser, récupérer et relancer."
    J'ai toujours apprécié Bénitez, depuis qu'il est à Valence. Il est vraiment brillant, ne laisse rien au hasard. Et il faut avouer que grâce à lui, Liverpool a l'un des plus beaux jeux d'Europe.

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    Si Liverpool ne marchera jamais seul, comme le chantent ses chœurs de supporters, il a aussi l'avantage, désormais, de marcher droit. En chemin, il a rencontré Rafael Benitez, marchand de dogmes aux valises gondolées de classeurs, conquérant par métier, devenu son entraîneur et manager contre tout bon sens.

    Cet été, le Castillan partira sur le marché des transferts avec un viatique de 60 millions d'euros, alloués sans ambages par les nouveaux propriétaires du club. La confiance règne. Benitez aussi. D'ici là, le "lucky general" aura peut-être ramené une Ligue des champions à Liverpool, la deuxième après 2005. "Qui d'autre", aurait-il plastronné auprès de son épouse. Sûrement pas Eindhoven, en tout cas, écrasé 3-0 à l'aller et attendu ce soir à Anfield Road pour une partie de plaisir. Parce que, en plus, Liverpool marche fort.

    La révolution de Don Rafael fut d'imposer une cohorte hispanique dans un bastion conservateur, où les étrangers étaient du moins rares, sinon gallois ou irlandais, voire écossais au plus fort de l'exotisme. Révolution culturelle, en filigrane : Benitez a introduit la pensée cartésienne au pays du kick and rush; enseigné la diététique dans un championnat où, de nos jours, bien des professionnels commandent encore un steak-frites le matin d'un match; créé des schémas de jeu sur ordinateur quand, depuis plus d'un siècle, les meilleures tactiques s'échafaudent dans les pubs de la ville.

    Rafael Benitez est un bosseur. "Une bête de somme", dit son ancien assistant à Valence. Il passe des nuits blanches devant son magnétoscope, à épier les courses d'un attaquant, les mouvements d'une défense, les fébrilités d'un gardien. Son ordinateur ronfle toutes les nuits jusqu'à 3 h du matin, perclu de statistiques. Rosario Maudes Benitez n'est pas surprise : à l'âge de 13 ans, quand il jouait dans les rues du quartier populaire où il a grandi, son fils s'interrompait au milieu des matches pour griffonner des impressions et noter ses camarades. "Il avait toujours un petit carnet et un crayon au fond d'une poche."

    Benitez observe tout, recense tout. Sa banque de données est devenue un trésor inestimable, l'un des mieux gardés du Royaume-Uni, où sont recensés les inclinations et les troubles de deux mille footballeurs. Les détails sont patiemment soutirés à un vaste réseau d'accointances : chaque mois, Benitez appelle une quarantaine de joueurs, sans autre forme de civilités, pour actualiser son répertoire. Un informateur déclare à l'Equipe Magazine : "Si un gardien a grossi de 500 grammes, il le sait."

    Son monde à lui tourne rond, parfaitement rond. Il a la taille et la rectitude d'un ballon. En guise de voyage de noces, Rafael Benitez a emmené son épouse à Milanello, le centre d'entraînement du Milan AC, humer l'air vivifiant du perfectionnisme. Témoignage de Santiago Canizares, ancienne ouaille à Valence, dans l'Equipe Magazine : "Avec nous, il voulait tout contrôler, tout régenter, tout organiser. Parfois, on répétait le même mouvement tactique jusqu'à trente fois, parce qu'il manquait un détail à la finition. M. Benitez exigeait beaucoup, on lui donnait beaucoup. Mais on retirait aussi beaucoup." Solennel : "A sa manière, cet homme est un metteur en scène. Avec lui, les choses ont un sens."

    A son arrivée à Lyon, le buteur John Carew a raconté comment, par une obsession furieuse, le général voulait qu'il croise ses tirs au second poteau. Un matin, Carew a marqué dans l'angle interdit et, pris en faute, son entraîneur a expliqué : "Au premier poteau, le gardien a plus de chances de réussir un arrêt réflexe. Au second, le cerveau commande, envoie l'ordre à la moelle épinière qui, ensuite, le transmet aux muscles. Ça devient un mouvement de plusieurs dixièmes de secondes. Au mieux, le gardien ne pourra que repousser le ballon dans les pieds d'un attaquant qui a suivi." Et Carew s'est mis à tirer au deuxième poteau.

    Rafael Benitez est si obstiné, si rabâcheur, que ses élèves l'ont surnommé le marteau-piqueur. L'impression de tout maîtriser lui confère un avantage utile sur le genre humain, celui, durement gagné, de ne pas douter. Sa force de persuasion est très étendue : "Même ma femme dit que je suis bon." Force tranquille : "Mais ma femme, aussi, me coûte cher. Avant chaque finale européenne, elle réclame une montre si je gagne." Force imputrescible : "C'est mon atout : j'ai une grande confiance en moi. Et mon but consiste à la transmettre. Mais il faut travailler, refuser la lassitude."

    A Anfield Road, devant le banc, le gazon est mort de ses piaffements fébriles. Le jeu à l'avenant : les Reds quadrillent intelligemment, courent bravement, tentent prudemment et, parfois, ajoutent une virilité suspecte. De ses épopées valenciennes (un titre national, une Coupe UEFA), Benitez retient surtout les prouesses obscures : "J'avais placé la défense à 48 m de nos buts, et non 47 ou 49. J'avais calculé qu'à partir de cette distance précise, nous étions plus efficaces pour presser, récupérer et relancer."
    Pinailleur forcené, l'homme a quitté Valence en colère, parce que la direction minimisait son travail. Quoi de plus blessant? Le général, en outre, avouait un profond désaccord sur le recrutement : "Je demande une table, on me donne une lampe."

    En dépositaire de l'érudition footballistique, Benitez est devenu un entraîneur référentiel, rétribué quatre millions de francs par an, lui qui, fièrement ou presque, n'avoue aucun passé de joueur. "Les séries inférieures foisonnent d'entraîneurs compétents qui, s'ils dirigeaient une grande équipe, gagneraient aussi des trophées."

    Lui ne pouvait compter sur des dehors glamours : verbe rare et style peu enlevé, ventre rond et tempérament carré, sobriété bonhomme façon curé de campagne. Rafael Benitez ne pouvait pas davantage compter sur ses états de service : brève carrière en troisième division espagnole, deux apparitions fugaces sur le banc de Valladolid (cinq mois) et Osasuna (sept semaines), avant que Valence ne détecte sa science des échecs. Depuis, Don Rafael a battu tous les grands stratèges - Lippi, Capello, Mourinho - et a offert deux montres à son épouse.

    Christian Despont,
    Le Monde
    La mauvaise langue n'est jamais à court d'inventions !

  • #2
    Il est vraiment brillant

    S' il se decide de laisser jouer Nabil Zhar au sein de l' equipe A il sera encore plus brillant

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    • #3
      S'il change son nom pour Nabilo Zhar de Andalucia, il jouera sûrement.
      La mauvaise langue n'est jamais à court d'inventions !

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      • #4
        je confirme c'est un des meilleurs tacticien au monde ya aussi mourinho
        IMPOSSIBLE IS NOTHING

        VIVE l'ALGERIE et Gloire a Nos Martyrs .

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