CRISE DU CANAL DE SUEZ - De sa construction en 1869 à sa nationalisation en 1956, le canal de Suez est sous la coupe du Royaume-Uni. Mais l'Egypte et Nasser sont bien décidés à récupérer ce bien national. Ainsi débute la crise du canal de Suez.
Histoire du canal de Suez - Inauguré en Egypte en 1869, le canal de Suez constitue une liaison maritime stratégique qui relie la Méditerranée à la mer Rouge et donc à l'océan Indien. Lorsque le président égyptien Nasser nationalise la Compagnie universelle du canal, les réactions ne se font pas attendre. Un conflit armé éclate, mené par le Royaume-Uni, la France et Israël, tous trois alliés contre l'Égypte. Les deux grandes puissances (Etats-Unis et URSS) interviennent immédiatement, dans une atmosphère particulièrement tendue. La crise internationale du canal de Suez s'inscrit ainsi dans un contexte bien particulier, où se côtoient les tensions de la Guerre froide, les conflits israélo-arabes et la fin du colonialisme.
La construction du canal de Suez et la domination britannique
Le projet de la construction d'un canal reliant la mer Méditerranée à la mer Rouge existe depuis la fin du XVIIIe siècle. Il est repris par Ferdinand de Lesseps au milieu du XIXe siècle. Cet ancien consul général d'Alexandrie profite alors de l'amitié qui le lie à Saïd Pacha, devenu vice-roi d'Égypte, pour lui soumettre ses plans. À force de négociations, il obtient une concession de 99 ans. Pour mener à bien la construction du canal, il crée la Compagnie universelle du canal maritime de Suez, en 1858. Toutefois, de peur de perdre sa suprématie commerciale sur la route des Indes, l'Angleterre ne tarde pas à s'opposer aux travaux. Elle parvient à faire interrompre le chantier durant trois ans, mais ne peut empêcher le projet d'aboutir. Le canal de Suez est inauguré le 17 novembre 1869. Il mesure 162 kilomètres et va permettre l'expansion du transport maritime. Rapidement, l'Angleterre réalise l'intérêt commercial de cette route maritime qui relie l'Europe et l'Asie. Elle rachète les actions égyptiennes, devenant ainsi le principal actionnaire de la Compagnie du canal. Peu à peu, la Grande-Bretagne assoit sa domination sur le pays et installe ses troupes dans les zones stratégiques.
La nationalisation du canal de Suez : l'origine du conflit
Depuis le début des années 1880, l'Égypte connaît un certain éveil nationaliste qui mène lentement à la déclaration de son indépendance. En 1936, elle signe un traité avec la Grande-Bretagne, qui évacue ses troupes, à l'exception des hommes postés autour du canal de Suez. Ainsi, en assurant la défense de la voie maritime, la Grande-Bretagne en détient toujours le contrôle. Les Égyptiens voient d'un mauvais œil cette présence envahissante et le roi Farouk Ier devient de plus en plus impopulaire. S'ajoute à cela la naissance du conflit israélo-arabe, en 1948, qui plonge le pays dans la crise. Même après l'armistice, les tensions restent vives.
Au lendemain de la chute de la monarchie égyptienne, Gamal Abder Nasser monte au pouvoir et obtient, en 1954, le retrait total des troupes britanniques. Parallèlement, le président d'Égypte envisage la construction du barrage d'Assouan et demande pour cela une aide financière américaine. Se heurtant à un refus, il décide le 26 juillet 1956 de nationaliser la Compagnie universelle du canal maritime de Suez, jusqu'alors propriété britannique et française. Le choc est brutal.
La Grande-Bretagne réagit aussitôt. Le Premier ministre Anthony Eden voit l'événement comme une menace pour l'économie et le commerce du pays. Très vite, il obtient le soutien de la France, pour qui le comportement de Nasser en faveur des nationalistes algériens est devenu insupportable. Par contre, le président américain Eisenhower refuse de participer au conflit.
La crise du canal de Suez
Alors qu'Eisenhower tente de trouver une solution pacifique, la Grande-Bretagne et la France, rejointes par Israël, se rencontrent en secret, à Sèvres. Les trois États mettent alors sur pied un plan d'attaque : Israël, déjà en conflit avec les troupes égyptiennes au niveau de ses frontières, doit envahir le pays. Les deux autres interviendront alors, sous prétexte de protéger le canal. C'est donc comme convenu que le 29 octobre 1956, l'armée israélienne envahit le Sinaï. La France et la Grande-Bretagne envoient aussitôt un ultimatum aux deux belligérants pour qu'ils retirent leurs troupes des zones du canal. Comme prévu, Nasser refuse, donnant un prétexte à l'intervention franco-britannique.
Pris de court par cette intervention surprise, Eisenhower tente d'agir le plus rapidement possible. En pleine Guerre froide, il craint sérieusement que la situation ne conduise les États arabes à se tourner vers l'URSS. Le président américain fait donc appel à l'ONU, afin qu'une résolution de cessez-le-feu soit votée. Malgré cette dernière, les troupes franco-britanniques affluent le long du canal. L'URSS menace alors d'utiliser ses fusées contre les pays concernés si les troupes ne se retirent pas d'Égypte. Malgré les tensions qui les opposent, notamment avec les événements de Hongrie, les "deux grands" s'entendent pour mettre fin au conflit.
Les conséquences du conflit de Suez
À force de sanctions économiques et politiques, l'ONU parvient finalement à faire respecter sa résolution par la Grande-Bretagne. La France n'a d'autre choix que d'accepter, elle aussi, le cessez-le-feu. La défaite est humiliante pour les deux États, qui se retirent progressivement du territoire jusqu'en décembre, sous l'égide de la FUNU (Force d'urgence des Nations Unies). Nasser, quant à lui, jouit d'une popularité grandissante dans le monde musulman. Malgré sa brièveté, la crise du canal de Suez reflète distinctement les diverses tensions de l'époque. Au cœur de la Guerre froide, qui sévit depuis 1946, les relations entre les Etats-Unis et l'URSS restent tendues. Dans ce contexte, les puissances européennes, qui perdent peu à peu de leur influence au Moyen-Orient, ne peuvent aller à l'encontre des "deux grands". Enfin, l'événement ne fait que raviver les conflits israélo-arabes, qui éclatent une nouvelle fois lors de la guerre des Six Jours.
Histoire du canal de Suez - Inauguré en Egypte en 1869, le canal de Suez constitue une liaison maritime stratégique qui relie la Méditerranée à la mer Rouge et donc à l'océan Indien. Lorsque le président égyptien Nasser nationalise la Compagnie universelle du canal, les réactions ne se font pas attendre. Un conflit armé éclate, mené par le Royaume-Uni, la France et Israël, tous trois alliés contre l'Égypte. Les deux grandes puissances (Etats-Unis et URSS) interviennent immédiatement, dans une atmosphère particulièrement tendue. La crise internationale du canal de Suez s'inscrit ainsi dans un contexte bien particulier, où se côtoient les tensions de la Guerre froide, les conflits israélo-arabes et la fin du colonialisme.
La construction du canal de Suez et la domination britannique
Le projet de la construction d'un canal reliant la mer Méditerranée à la mer Rouge existe depuis la fin du XVIIIe siècle. Il est repris par Ferdinand de Lesseps au milieu du XIXe siècle. Cet ancien consul général d'Alexandrie profite alors de l'amitié qui le lie à Saïd Pacha, devenu vice-roi d'Égypte, pour lui soumettre ses plans. À force de négociations, il obtient une concession de 99 ans. Pour mener à bien la construction du canal, il crée la Compagnie universelle du canal maritime de Suez, en 1858. Toutefois, de peur de perdre sa suprématie commerciale sur la route des Indes, l'Angleterre ne tarde pas à s'opposer aux travaux. Elle parvient à faire interrompre le chantier durant trois ans, mais ne peut empêcher le projet d'aboutir. Le canal de Suez est inauguré le 17 novembre 1869. Il mesure 162 kilomètres et va permettre l'expansion du transport maritime. Rapidement, l'Angleterre réalise l'intérêt commercial de cette route maritime qui relie l'Europe et l'Asie. Elle rachète les actions égyptiennes, devenant ainsi le principal actionnaire de la Compagnie du canal. Peu à peu, la Grande-Bretagne assoit sa domination sur le pays et installe ses troupes dans les zones stratégiques.
La nationalisation du canal de Suez : l'origine du conflit
Depuis le début des années 1880, l'Égypte connaît un certain éveil nationaliste qui mène lentement à la déclaration de son indépendance. En 1936, elle signe un traité avec la Grande-Bretagne, qui évacue ses troupes, à l'exception des hommes postés autour du canal de Suez. Ainsi, en assurant la défense de la voie maritime, la Grande-Bretagne en détient toujours le contrôle. Les Égyptiens voient d'un mauvais œil cette présence envahissante et le roi Farouk Ier devient de plus en plus impopulaire. S'ajoute à cela la naissance du conflit israélo-arabe, en 1948, qui plonge le pays dans la crise. Même après l'armistice, les tensions restent vives.
Au lendemain de la chute de la monarchie égyptienne, Gamal Abder Nasser monte au pouvoir et obtient, en 1954, le retrait total des troupes britanniques. Parallèlement, le président d'Égypte envisage la construction du barrage d'Assouan et demande pour cela une aide financière américaine. Se heurtant à un refus, il décide le 26 juillet 1956 de nationaliser la Compagnie universelle du canal maritime de Suez, jusqu'alors propriété britannique et française. Le choc est brutal.
La Grande-Bretagne réagit aussitôt. Le Premier ministre Anthony Eden voit l'événement comme une menace pour l'économie et le commerce du pays. Très vite, il obtient le soutien de la France, pour qui le comportement de Nasser en faveur des nationalistes algériens est devenu insupportable. Par contre, le président américain Eisenhower refuse de participer au conflit.
La crise du canal de Suez
Alors qu'Eisenhower tente de trouver une solution pacifique, la Grande-Bretagne et la France, rejointes par Israël, se rencontrent en secret, à Sèvres. Les trois États mettent alors sur pied un plan d'attaque : Israël, déjà en conflit avec les troupes égyptiennes au niveau de ses frontières, doit envahir le pays. Les deux autres interviendront alors, sous prétexte de protéger le canal. C'est donc comme convenu que le 29 octobre 1956, l'armée israélienne envahit le Sinaï. La France et la Grande-Bretagne envoient aussitôt un ultimatum aux deux belligérants pour qu'ils retirent leurs troupes des zones du canal. Comme prévu, Nasser refuse, donnant un prétexte à l'intervention franco-britannique.
Pris de court par cette intervention surprise, Eisenhower tente d'agir le plus rapidement possible. En pleine Guerre froide, il craint sérieusement que la situation ne conduise les États arabes à se tourner vers l'URSS. Le président américain fait donc appel à l'ONU, afin qu'une résolution de cessez-le-feu soit votée. Malgré cette dernière, les troupes franco-britanniques affluent le long du canal. L'URSS menace alors d'utiliser ses fusées contre les pays concernés si les troupes ne se retirent pas d'Égypte. Malgré les tensions qui les opposent, notamment avec les événements de Hongrie, les "deux grands" s'entendent pour mettre fin au conflit.
Les conséquences du conflit de Suez
À force de sanctions économiques et politiques, l'ONU parvient finalement à faire respecter sa résolution par la Grande-Bretagne. La France n'a d'autre choix que d'accepter, elle aussi, le cessez-le-feu. La défaite est humiliante pour les deux États, qui se retirent progressivement du territoire jusqu'en décembre, sous l'égide de la FUNU (Force d'urgence des Nations Unies). Nasser, quant à lui, jouit d'une popularité grandissante dans le monde musulman. Malgré sa brièveté, la crise du canal de Suez reflète distinctement les diverses tensions de l'époque. Au cœur de la Guerre froide, qui sévit depuis 1946, les relations entre les Etats-Unis et l'URSS restent tendues. Dans ce contexte, les puissances européennes, qui perdent peu à peu de leur influence au Moyen-Orient, ne peuvent aller à l'encontre des "deux grands". Enfin, l'événement ne fait que raviver les conflits israélo-arabes, qui éclatent une nouvelle fois lors de la guerre des Six Jours.
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