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Ceci-dit, dans certains pays à forte compétitivité (exemple : Japon), le suicide ferait presque partie de la culture de l'entreprise... La réflexion et la mise en oeuvre de solutions ne devraient-elles donc pas transcender les limites géographiques et prés carrés?
Les suicides en entreprise forcent à agir sur le stress au travail
[ 18/07/07 ]
Le ministre du Travail, Xavier Bertrand, s'est dit hier « préoccupé » par la série de suicides qui frappe PSA. A la rentrée, les partenaires sociaux devront définir les moyens de lutter contre la montée du stress en entreprise.
La liste noire s'allonge. Lundi, un ouvrier de cinquante-cinq ans de l'usine PSA de Mulhouse s'est pendu sur son lieu de travail, portant à six le nombre de salariés du groupe automobile à se suicider cette année. Depuis décembre, le Technocentre de Renault, à Guyancourt (Yvelines), a lui aussi connu trois suicides coup sur coup. De son côté, la centrale EDF de Chinon a vu quatre ouvriers mettre fin à leurs jours en deux ans... Impossible de n'y voir qu'une simple série noire, préviennent les experts : « Ces suicides sont la partie emergée de l'iceberg ; ils témoignent de l'accroissement depuis de nombreuses années de la souffrance au travail », insiste Dominique Chouanière, médecin et responsable du projet « Stress au travail » de l'INRS.
Alors que le sujet des suicides liés au travail a longtemps été sous-estimé et tabou, l'inquiétude gagne désormais jusqu'au gouvernement. Hier, Xavier Bertrand, ministre du Travail, des Relations sociales et des Solidarités, s'est dit « préoccupé » par cette série de suicides et a rappelé que le stress fera partie des sujets à débattre lors de la conférence sociale de la rentrée sur les conditions de travail. Une manière de mettre la pression sur les employeurs : après avoir longtemps nié toute responsabilité dans les suicides de salariés et tenté de minimiser l'ampleur du stress et son impact, ils sont désormais au pied du mur. Course à la productivité, pression accrue aux résultats, harcèlement moral, individualisation des carrières, multiplication des objectifs parfois contradictoires...
Lutte contre le stress
Les syndicats, médecins du travail et chercheurs dénoncent pourtant depuis plusieurs années l'impact sur la santé psychique des modes de management « modernes » apparus dans les années 1990 et en vogue dans toutes les grandes entreprises. Ils attendent aujourd'hui des résultats. « Il y a un vrai malaise, il faut traiter le problème à la base », insiste Vincent Duse, délégué CGT de PSA Mulhouse. Les syndicats commencent ainsi à accentuer la pression en demandant la requalification en accident de travail de certains suicides, comme chez Renault dernièrement.
Le chantier qui attend les partenaires sociaux s'annonce large et compliqué. Jusqu'alors, les rares initiatives en faveur d'une lutte accrue contre le stress paraissent en effet bien maigres. Certes, des « observatoires internes » commencent à voir le jour, tout comme des numéros verts, chez PSA notamment, de soutien psychologique aux salariés en détresse. De même, des séances individuelles ou collectives de lutte contre le stress apparaissent.
Mais ces approches manquent de rigueur scientifique et les spécialistes les jugent totalement insuffisantes...
« On met des cautères sur des jambes de bois », résume Dominique Chouanière. Pour Christophe Dejours, spécialiste de santé au travail, c'est tout l'enjeu futur : « Changer l'organisation du travail pour diminuer les sources de stress », plutôt que « former les salariés à la gestion du stress, ce qui va dans le sens de la conservation de l'organisation du travail ».
Derek Perrotte
[ 18/07/07 ]
Le ministre du Travail, Xavier Bertrand, s'est dit hier « préoccupé » par la série de suicides qui frappe PSA. A la rentrée, les partenaires sociaux devront définir les moyens de lutter contre la montée du stress en entreprise.
La liste noire s'allonge. Lundi, un ouvrier de cinquante-cinq ans de l'usine PSA de Mulhouse s'est pendu sur son lieu de travail, portant à six le nombre de salariés du groupe automobile à se suicider cette année. Depuis décembre, le Technocentre de Renault, à Guyancourt (Yvelines), a lui aussi connu trois suicides coup sur coup. De son côté, la centrale EDF de Chinon a vu quatre ouvriers mettre fin à leurs jours en deux ans... Impossible de n'y voir qu'une simple série noire, préviennent les experts : « Ces suicides sont la partie emergée de l'iceberg ; ils témoignent de l'accroissement depuis de nombreuses années de la souffrance au travail », insiste Dominique Chouanière, médecin et responsable du projet « Stress au travail » de l'INRS.
Alors que le sujet des suicides liés au travail a longtemps été sous-estimé et tabou, l'inquiétude gagne désormais jusqu'au gouvernement. Hier, Xavier Bertrand, ministre du Travail, des Relations sociales et des Solidarités, s'est dit « préoccupé » par cette série de suicides et a rappelé que le stress fera partie des sujets à débattre lors de la conférence sociale de la rentrée sur les conditions de travail. Une manière de mettre la pression sur les employeurs : après avoir longtemps nié toute responsabilité dans les suicides de salariés et tenté de minimiser l'ampleur du stress et son impact, ils sont désormais au pied du mur. Course à la productivité, pression accrue aux résultats, harcèlement moral, individualisation des carrières, multiplication des objectifs parfois contradictoires...
Lutte contre le stress
Les syndicats, médecins du travail et chercheurs dénoncent pourtant depuis plusieurs années l'impact sur la santé psychique des modes de management « modernes » apparus dans les années 1990 et en vogue dans toutes les grandes entreprises. Ils attendent aujourd'hui des résultats. « Il y a un vrai malaise, il faut traiter le problème à la base », insiste Vincent Duse, délégué CGT de PSA Mulhouse. Les syndicats commencent ainsi à accentuer la pression en demandant la requalification en accident de travail de certains suicides, comme chez Renault dernièrement.
Le chantier qui attend les partenaires sociaux s'annonce large et compliqué. Jusqu'alors, les rares initiatives en faveur d'une lutte accrue contre le stress paraissent en effet bien maigres. Certes, des « observatoires internes » commencent à voir le jour, tout comme des numéros verts, chez PSA notamment, de soutien psychologique aux salariés en détresse. De même, des séances individuelles ou collectives de lutte contre le stress apparaissent.
Mais ces approches manquent de rigueur scientifique et les spécialistes les jugent totalement insuffisantes...
« On met des cautères sur des jambes de bois », résume Dominique Chouanière. Pour Christophe Dejours, spécialiste de santé au travail, c'est tout l'enjeu futur : « Changer l'organisation du travail pour diminuer les sources de stress », plutôt que « former les salariés à la gestion du stress, ce qui va dans le sens de la conservation de l'organisation du travail ».
Derek Perrotte
Ceci-dit, dans certains pays à forte compétitivité (exemple : Japon), le suicide ferait presque partie de la culture de l'entreprise... La réflexion et la mise en oeuvre de solutions ne devraient-elles donc pas transcender les limites géographiques et prés carrés?