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Un deputé au dessus des lois

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  • Un deputé au dessus des lois

    Tazmalt est un village hanté. Dans ce huis clos de maison de guingois qui escaladent la colline, un meurtre a été commis en plein jour, devant la moitié du village, y compris les gendarmes. Cinq mois plus tard, aucune arrestation ni inculpation n'ont été faites. « C'est le principe même du roman policier à l'algérienne », explique un juriste. « Tout le monde sait qui est l'assassin mais l'histoire consiste à tout faire pour éviter de tomber dessus. » C'était le 28 juin 1998. Ils étaient bien une centaine et presque tous avaient une pierre dans la main, au coin d'une rue de Tazmalt. Trois jours plus tôt, le chanteur berbère Matoub Lounès a été assassiné à moins de 50 km de là et, un peu partout dans la région, des émeutes spontanées de jeunes gens ont éclaté. Il est dix heures du matin, dans le quartier haut, lorsque Hamza Ouali salue son père Mustapha avant de rejoindre les manifestants : «Ici, chaque fois qu'il existe quelque chose de bien, comme Matoub, il faut que ce soit détruit. Nous sommes comme des gens qui ont soif. Nous approchons la bouche du robinet ouvert, nous nous apprêtons à boire et soudain quelqu'un coupe l'eau par derrière. On n'en peut plus.» Hamza Ouali, 17 ans, est lycéen. Une rafale. Un groupe de jeunes gens venus de tout le bourg arrive à 300 mètres de la Daïra (le siège de la sous-préfecture). Là se sont regroupés quelques notables, une cinquantaine de gendarmes, un escadron antiémeute. Dans la chaleur qui monte, les miliciens du village trottinent comme des cantinières, apportant à boire aux gradés.

    Une voiture Lada grise traverse bruyamment la poussière. Elle s'arrête à la hauteur des uniformes. En sort Smaïl Mira, 45 ans, président de l'Assemblée populaire communale (APC, la mairie), chef des civils armés, l'homme le plus puissant de Tazmalt. « Je l'ai vu attraper la Kalachnikov d'un des gendarmes puis la porter à sa hanche, braquée vers le tas. Le tas, c'était nous», se souvient un jeune manifestant. On entend une rafale. Hamza Ouali s'écroule. Entre la panique et l'émeute, la foule semble devenue folle. On entend des cris: « Smaïl Mira, assassin. » Mains ostensiblement en l'air, un gradé de la brigade locale s'approche des manifestants. « Vous savez qui a tué, la famille sait qui a tué et nous savons qui a tué. Mais je vous en supplie, revenez au calme. » Depuis, le dossier d'instruction somnole. « En Algérie, la peur est devenue une façon de penser », commente un avocat. « Toute notre société s'est construite là-dessus, le raisonnement, les comportements, le langage. » Ne fût-ce que pour prononcer son nom, les voix baissent. En pleine conversation, on se retourne pour voir s'il n'aurait pas surgi, par on ne sait quelle magie. Mais non, personne, un vide avec des réverbères, superbes, incongrus, plantés en rangs serrés comme dans un verger. Incongrus, ils sont partout, illuminant même en plein soleil la poussière de ruelles en torsade. « Ces réverbères, vous verrez, ils sont devenus une obsession ici », lâche un passant. « Lampadaires ». Smaïl Mira, lui, est invisible. Dans la salle d'honneur de la mairie, son état-major offre des sodas d'un air désolé, répétant une nouvelle fois qu'«il est en mission, impossible de le rencontrer ». Lorsqu'on parle de lui, les doigts se tendent avec précipitation vers la fenêtre. «Vous ne voyez pas, là, sur la chaussée ? » Chacun hoche la tête. « Mais si, les lampadaires. » «Il n'y a pas pareil éclairage public dans toute la willaya (préfecture). Moderne, prestigieuse », s'émeut un autre notable. Ils sont prêts à en parler des heures, dissertent, se congratulent. Mais Smaïl Mira a-t-il tué le jeune Hamza Ouali ? Il y a d'abord un silence. Puis, tous en même temps, les notables s'exclament, se frappent la poitrine, rivalisent de rire sonores. Ils ont bien entendu quelque chose. « Mais c'est faux. De la jalousie. On veut lui prendre la mairie. » « Ou les lampadaires. » Smaïl Mira, c'est d'abord une gloire en héritage, celle du fameux commandant Mira, héros impitoyable pendant la guerre de Libération. La photo du cadavre paternel criblé de balles sert d'ex-voto dans la voiture du fils. L'histoire en étendard, la violence pour légende, Smaïl Mira se pose lui aussi en dur. « Etre un enfant de Chahid (martyr de l'indépendance) sert de clé à toutes les portes. C'est une espèce de privilège, de légitimité incontestée, peut être le seul consensus qui existe en Algérie. Tout le monde a voté pour lui et même les autres candidats étaient d'accord quand il s'est présenté la première fois », se souvient l'un d'eux. C'était en 1985, du temps du parti unique. En 1991, après l'annulation des élections remportées par le Fis (Front islamique du salut) et l'instauration de l'état d'urgence, les autorités nomment directement les responsables communaux.
    A Tazmalt, Smaïl Mira, sans étiquette, est maintenu à la tête de la commune. « Désormais, il était clair pour nous tous qu'il avait le soutien du pouvoir et des amis au plus haut niveau », raconte un commerçant. « En Algérie, cela veut dire: tu peux tout faire. » La période s'y prête, sanglante, confuse. Réseaux d'influence. Même si Tazmalt, comme l'ensemble de la Kabylie, est relativement épargnée par les violences, l'ombre du conflit obscurcit tout et permet le reste. Partout dans le pays, les mairies se sont mises à gérer la distribution des anciens biens d'Etat, terres communales, patentes commerciales, logements. Sans contrôle ni recours, tout transite par les réseaux d'influence de l'APC - de l'obtention d'un prêt bancaire à l'attribution d'une allocation jeunes -, un pouvoir énorme dans un pays en proie à une crise économique sans précédent. « Mira a commencé à construire son royaume là-dessus. Il y avait ceux qui étaient servis et les autres faisaient les esclaves », dit un jeune chômeur. «Et lui, pendant ce temps, il fait des lampadaires pour son orgueil, comme un voile sur notre misère. »
    Les libertés ne se donnent pas, elles se prennent

  • #2
    Gants de sniper

    La naissance des « patriotes », ces milices de civils organisées et armées par les autorités à partir de 1994, va redonner des Kalachnikov et des troupes à ceux qui tiennent déjà la vie locale. L'ère de seigneurs de la guerre vient de sonner. Le fils du commandant Mira s'y trouve à merveille, lui qui arpente en treillis les rues de terre beurrées d'une fine couche de goudron. Il s'arrête parfois devant un groupe, accoudé contre un mur. Salue un puissant, ignore les autres. A la tribune des meetings, il pose son arme devant lui. Parfois, il porte des gants. « Des gants de sniper », disent les enfants. Mais, dans cette région, traditionnellement hostile au pouvoir central, le recrutement des miliciens patine. « A ce moment-là, il s'est passé de drôles de choses à Tazmalt, poursuit un commerçant. Alors qu'il n'y avait pas de terrorisme ici, des habitants ont commencé, par exemple, à recevoir des lettres de menaces, signées de groupes islamistes fantaisistes. J'en ai personnellement eu une. Je n'ai pas réagi.» Selon lui, quelques patriotes goguenards sont alors venus lui annoncer que «s'il [lui] arrivait quelque chose, ce ne sera pas [eux].» Le commerçant poursuit : « Beaucoup de menacés ont paniqué : ils sont allés chercher des klash (Kalachnikov) et se sont enrôlés pour le maire. Maintenant, un va-nu-pieds devient quelqu'un avec un fusil. Les armes sont devenues un statut social. »

    Places fortes.

    Aujourd'hui, Smaïl Mira se flatte d'avoir plusieurs centaines d'hommes sous son contrôle et de verrouiller une des ces places fortes qui, de Bejaia à Dellys, ceinturent cette Kabylie rebelle de miliciens favorables au pouvoir. Auprès de ses amis de la capitale, Smaïl Mira décrit volontiers Tazmalt comme sa « République », où rien ne lui échappe. « Ici, la loi existe bien mais elle s'appelle Smaïl Mira », dit un restaurateur. « Face à cette toute-puissance, on se sent bafoués au fond de nous-mêmes. On est si petits : comment pourrions-nous songer à nous révolter ? Comment pourrions-nous imaginer parler de ce qui s'est passé pour le fils Ouali ? Nous sommes devenus des hommes que nous ne reconnaissons plus. » Il s'énerve. Se tourne vers la rangée de lampadaires. « Quand j'en peux plus, je leur parle à eux: bande de salauds, je vous hais. » Devant la maison des Ouali, entre les chapelets d'ail et la cage aux perruches, flotte une banderole : « Hamza, martyr de l'Algérie ». Le vent, qui dévalle la montagne, l'a saupoudrée d'une poussière jaune et fine, comme des épices. A l'intérieur, le salon s'est fait mausolée où une photo de l'enfant mort, la même reproduite à l'infini, sourit fixement aux visiteurs. Quelques heures après le décès, le téléphone a sonné sur la petite table près du hangar. Une voix a dit: « Maintenant, votre fils, il est mort. Qu'est ce qu'on fait ? » Mustapha Ouali, le père, n'a pas eu besoin de demander à son interlocuteur de se présenter. Qui ne reconnaît pas Smaïl Mira, à Tazmalt, surtout chez les Ouali ? Dans l'échiquier des tribus, ce jeu d'alliances et de rivalités qui quadrille chaque village algérien, les deux familles sont en effet liées. « Pour régler des comptes dans son propre clan, il faut être ou bien très chaud ou bien très puissant. Alors, on prend un fusil », dit un villageois. « Mais, les Ouali n'avaient pas les moyens d'une vengeance. Dans ce cas-là, on négocie, sinon on reste seul, hors de tous les clans, et c'est terrible. » Au maire, mis en cause par la rue qui scande son nom en escortant le cadavre de son fils, Mustapha Ouali répond alors au téléphone: «On fait comme vous voulez monsieur Mira, vous avez ma confiance. Je vous confie mon cour. » Moitié de visage. En répétant la phrase, aujourd'hui, le père s'embrouille. Qu'est-ce qu'il aurait dû faire ? Ou dire ? « Qu'est-ce qu'on devient quand son fils est assassiné et qu'on ne peut rien, si ce n'est avoir peur et en même temps honte de cette peur ?», dit un voisin. Appuyé par le FFS (Front des forces socialistes, opposition), seul à demander que la justice soit saisie, Mustapha Ouali a fini par porter plainte.

    Senouci, le fils du voisin rentre chez lui. A 23 ans, il n'a plus qu'une moitié de visage: l'autre a été emporté par la même rafale qui a tué Hamza, le 28 juin. Lui n'a pas porté plainte. « La situation est trop grave, dit-il. Il convient de rester à sa place, c'est tout. » Un de ses amis soupire. « Il faut trop de courage pour parler. Et pour arriver à quoi ? Le dossier est bloqué. Mais je le dis en toute humiliation: j'aurais été le gendarme à qui il a pris l'arme, je ne l'aurais pas arrêté non plus. Je serais le juge, je ne l'inculperais pas non plus. On est un peuple maté jusqu'au tréfonds». Impacts de balles. Au coin de la rue où Hamza Ouali est tombé, des groupes de gamins montrent les impacts de balles sur le volet d'un magasin. En juin, tous étaient « aux émeutes ». « A Tazmalt, on est sortis dans les rues comme ça, aussi simplement que le soleil monte dans le ciel. C'était pour Matoub Lounès bien sûr, mais surtout contre le système. Devant, il y a du noir, pas de travail, les familles mangent sur l'argent du vieux père, qui a sa retraite de France. Alors on voudrait que ça éclate, une guerre ou quelque chose, pour en finir. Pourquoi on n'a pas le droit d'être jeunes et de ne penser qu'à nous coiffer devant la glace, comme dans une vraie vie ?». Le premier jour des manifestations, les gamins sont descendus devant l'APC «où tout le mal se passe. On a cassé les lampadaires, c'était bon, comme si on déchirait le visage du maire ». Lui n'était pas en ville. Il n'est revenu que le deuxième jour, pour filer directement devant la Daïra vers 11 heures du matin. Un lycéen montre les douilles qu'il a ramassées. « Mais quel était le mobile, pourquoi Hamza est mort ? On ne le sait pas et on le sait tous.».
    Les libertés ne se donnent pas, elles se prennent

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    • #3
      Une honte... Que Dieu Le maudisse...

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      • #4
        Ce même Smail Mira qui le 13 juillet 2007 à 18h00 a tué Kamel Saadi dans la forêt de Yakouren alors que celui ci comme à son habitude faisait son jogging comme des centaines d'autres le font dans cette forêt. Il etait déjà impliqué en 1998 dans le meurtre du jeune Hamza 17 ans et nulle justice pour le punir de son acte car trop puissant et trop près du pouvoir et de nos generaux pour qu'il soit inquiété.A la une d’un journal, Smail Mira s’était affiché avec un PA et affirmait être à la tête d’ une armée civile de 3000 personnes. Son champ d’intervention s’étendait de Béjaia à Boumerdes en passant par Bouira et Tizi Ouzou. Pourtant avertis de son caractère impétueux, des responsables haut placés décident de le mettre au vert en 2001 , à Oran puis à Constantine.
        Il revient sur la scène politique de Tazmalt fin 2002 et fait un très joli discours qu'il a juste oublié de s'appliquer :
        “Nous avons, clame-t-il, la sincère intention de passer outre les clivages traditionnels claniques séparant la population de la région, effacer la zizanie séculaire qu’alimente une partie de nos citoyens et entreprendre un vrai travail de réconciliation de tous les citoyens de cette ville en vue de procéder ensemble à l’édification d’une commune construite sur la justice, la solidarité, le respect des uns et des autres et la garantie de lendemains meilleurs pour les générations à venir ".
        Comment l'ex instituteur de Yakouren qui était devenu un chef patriote s’illustrant par des actions d’éclat contre les hordes islamistes a-t-il pu verser dans la criminalité ? Un homme capable de rassembler des centaines d'hommes et connaissant parfaitement la region ce qui leur avait permit de maintenir la region hors du champs de manoeuvre des terroristes. Serait ce sa barbe qui lui est montée à la tête ?
        Dernière modification par zwina, 15 août 2007, 13h40.
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        • #5
          Le pouvoir monte aussi a la tete de ceux qui peuvent sembler les plus vertueux...

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          • #6
            On vous lirsant, on dirait qu'on parle d'un problème Kurde ou Arménien.

            Alors qu'on est tous algériens. Le jour où on réussira à assurer une cohésion socio-culturelle, l'aglérie va progresser.

            Partageons le pouvoir et les richesses (s'il nous en reste), est, ouest,centre nord et sud.
            Dernière modification par naouas, 15 août 2007, 13h54.

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            • #7
              Naouas

              Le sujet traite d'un problème algerien et je ne vois vraiment pas la relation avec les kurdes ou les armeniens dans ce topic. Concernant les kurdes rappelle toi ce que Saddam Hussein et d'autres ont fait à cette population pour tenter de les exterminer. Ce n'est pas un film mais la realité.
              Les libertés ne se donnent pas, elles se prennent

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              • #8
                C'est précisément à cause de ce genre de débordements que je crains l'installation de milices à long terme. Elles font un excellent boulot mais sont trop difficiles à contrôler.
                Difficile aussi de juguler l'effet de toute puissance que procurent l'arme et le pouvoir.

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                • #9
                  khdiwedj

                  Crois tu que cette impression de toute puissance pourrait conduire ces milices à s'opposer par tous les moyens à l'arrestation d'un de leurs chefs et pour cela seraient capable de commettre une action d'éclat en signe d'avertissement ? En n'oubliant pas que Smail Mira n'est plus le chef d'une milice mais un representant de l'état maire puis député aujourd'hui.
                  Les libertés ne se donnent pas, elles se prennent

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                  • #10
                    Zwina, sois belle et tais-toi,

                    Je rigole.

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                    • #11
                      Naouas

                      Smail Mira est kabyle..........:22: :22:
                      Les libertés ne se donnent pas, elles se prennent

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                      • #12
                        Qui est Smail Mira ?

                        Dans notre region la famille Mira est très connue, son père est considéré comme moudjahidin (vous comprendrez plus tard pourquoi je dis considéré). Il a approché et connaissait tous les generaux qui sont aujourd'hui à la tête de notre pays. Voici son histoire issue d'un site qui lui est consacré :

                        Abderrahmane Mira est né pendant la période coloniale en Algérie en 1922 à Bounda, pas loin de son village d’origine Taghalat, douar de Beni Mellikèche (Hauteurs de Tazmalt, pas loin d’Akbou) en Kabylie. Orphelin de père, il est pris en charge par son cousin Salem, dit Akli (Né en 1890).
                        A l’âge de 12 ans, il rejoint à Annaba (ex Bône), son frère aîné Amar Mira (Né en 1913, tombé au combat en 1956 près de M’sila lors d’une opération dirigée par Abderrahmane). Puis il quitta le pays à l’âge de 18 ans pour son premier voyage en métropole (France).

                        De retour en Algérie, il effectua son service national obligatoire au sein de l’armée coloniale française. A la fin de la Seconde Guerre Mondiale, il s’établit comme ouvrier métallurgiste à Nancy et, en 1949, il achète, en association de biens avec un de ses amis, un petit bistrot en région parisienne à Aubervilliers, sis 42 boulevard Félix Faure.

                        C’est en pleine ascension sociale qu’il adhère au MTLD (mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques), soit en 1949.
                        En septembre 1954, il vend ses biens et se rend en Algérie pour former des groupes et prendre part à la lutte armée qui était inévitable.
                        Connu pour être un militant nationaliste actif, et pour avoir participé à une manifestation locale demandant la libération des détenues politiques, la gendarmerie coloniale de Tazmalt lui retire sa carte d’identité.

                        A l’aube de la Guerre de Libération Nationale du 1er novembre 1954, Abderrahmane Mira perpètre les premiers attentats contre l’ennemi dans son douar d’origine. Il se rend ensuite à Alger afin de prendre contact avec un ex-chef MTLD de la section de Tazmalt, Larbi Oulebsir. Ce dernier, depuis le 5 novembre 1954, est devenu membre du CNR du MNA (Mouvement National Algérien, parti rival du FLN. Fondé par Messali Hadj). il lui tient un langage ambigu sur la déflagration du 1er novembre. C’est alors que vers décembre 1954, par l’intermédiaire d’un militant de la section MTLD de Tazmalt, Mira rencontre Krim Belkacem, co-fondateur du FLN (Front de Libération National) et premier chef de la Zone 3 (Kabylie). Dés lors, il entreprit les premiers contacts avec des militants de sa région pour le compte du FLN.En avril 1955, il eut une dernière entrevue avec Larbi Oulebsir, lequel est venu s’enquérir de la transformation de la situation politique dans la région par l’émergence du FLN. C’est le soir même que Mira rencontre un autre chef de l’ALN (Armée de Libération Nationale. Bras armé du FLN), Amirouche Aït Hamouda, au village d’Ivejiouène au douar de Beni Mellikèche, pour coordonner et organiser les opérations militaires dans la vallée de la Soummam.
                        Cet évènement fut décisif dans le basculement de la basse Kabylie en faveur du FLN.

                        Le 15 mars 1956, à la tête de 350 Moudjahidine, Mira réussit à effectuer la première liaison entre les troupes des Zones 3, 4 et 5 dans la région de Bou Saada (l’appellation Zone a été remplacée par Wilaya après le Congrès de La Soummam, tenu le 20 Août 1956). Pour cette action, il est décoré de la médaille de la résistance, une des premières attribuées sur le champ de bataille.
                        En 1957, à la mort du colonel Ali Mellah dit Si Cherif, chef de la Wilaya 6 (Sud), Abderrahmane Mira est dépêché par la Wilaya 3 pour assurer son remplacement. C’est là, qu’il est élevé au grade de Commandant. Cette période était particulièrement marquée par les affrontements FLN d’une part et le MNA d’autre part.
                        Atteint d’une dysenterie, il se replie en Wilaya 3 pour se soigner avec quelques hommes qui ont survécu aux affrontements. On lui propose le commandement de la Wilaya Sud, qu’il refuse. Fin juin 1957, Si El Haoues lui succède.

                        En septembre 1957, à l’appel de Krim Belkacem, qui lui portait beaucoup d’estime, Mira part en Tunisie où il assure la fonction d’Inspecteur militaire aux frontières.
                        En février 1959, avec une demi-section (13 personnes), il contourne la ligne Morrice (ligne électrifiée séparant la frontière algéro-tunisienne) par le Sud tunisien pour revenir dans la Wilaya 3 pour y assurer, après désignation par l’Etat-Major du FLN à Tunis, l’intérim du Colonel Amirouche (Chef de la Wilaya 3, depuis le départ du Colonel Mohamedi Saïd à l’Académie Militaire d’Egypte en 1957), convoqué par l’organisation extérieure (Propos du Colonel Mohamedi Saïd recueillis par mon père, Smaïl Mira) afin de s‘expliquer sur l’exécution sous ses ordres de 3200 hommes, civils et militaires, accusés à tort de trahison et d’appartenance à ce qu’il a été appelé « la bleuite » (Opération de manipulation montée par les Services Secrets français à la fin des années 50, qui a déclenché une purge dévastatrice au sein de l’ALN) [Voir Annexes].

                        Mira arrive en Kabylie à la mi-mars. Le 22 Mars, aux PC de la Wilaya 6, Amirouche envoie une lettre au comité de la Wilaya 3 pour les informer de la situation et de l'arrivé de son successeur, et rédige un autre courrier pour ce dernier (SHAT : Informations écrites par Amirouche lui même dans son agenda personnel récupéré après sa mort, 1H1700-1 et évoqué également dans le Dossier Mira, chef de la Wilaya 3, 1H3418-3) [Voir Annexes].


                        Le 28 Mars 1959, l’ALN vient de perdre deux de ses plus grands officiers supérieurs au cour d’une bataille sanglante au lieu dit « Djebel Thamer » à 70 kms Est de Bou-Sâada. Elle opposa plusieurs unités de Parachutistes de l'armée ennemis commandées par le Colonel Ducasse & le Lieutenan-colonel Watel aux forces du 1er Bataillon des Tireurs de Armée de Libération. A la fin de la journée, le combat qui dura depuis l’aube est rompu : 55 Martyrs et 17 prisonniers. C’est là que le Comandant Omar Idriss a avoué juste avant sa mort la présence des deux corps des chefs historiques Si El Haoues et Amirouche parmi les morts.


                        Le Tigre de la Soummam succède définitivement au Colonel Amirouche après une période d’intérim d’un mois, assurée conjointement avec Mohand Oulhadj, l’adjoint de l’ex-Chef de Wilaya, un homme d’un certain âge (48 ans), ancien commerçant et fraîchement débarqué au rang de l’ALN (Fin 1955, Commandant depuis Juin 1958). Mohand Oulhadj, le remplaçant désigné par Amirouche avant son départ pour Tunis devient ensuite second du remplaçant désigné par l’Etat-Major du FLN.


                        Particulièrement virulent à l’égard de l’affaire de la bleuite [Voir Annexes] qui a décimé l’Elite et les Instruits de la Wilaya 3, Mira expulse le Commandant Mahyouz et Tahar Amirouchène (membre du conseil de la Wilaya 3), ordonne l’arrêt immédiat des tortures et libère les derniers prisonniers.

                        Au mois d’Août 1959, au moment où il assure effectivement la réalité du pouvoir de la Wilaya 3, il fait face à la plus grande campagne militaire française jamais déployée en Algérie, « l’Opération Jumelle », et le mois de septembre, à une tentative de dissidence de la Zone 2 de la Wilaya 3 appelée « l’affaire des officiers libres ».
                        Mira, ayant un tempérament de battant
                        , ne se résigne pas à la défaite. Il envoie deux compagnies se ravitailler en armes en Tunisie et demande l’aide appropriée. La première, sous la conduite du Capitaine Sahnoun Abdelkader (Abdelkader El Bariki), est décimée prés d’Annaba, à son retour de Ghardimaou (Tunisie). La seconde ne reviendra pas.

                        Entre temps, à la faveur d’une embuscade tendue par le 2ème RIMA (Régiment d’Infanterie Marine Aéroporté), commandé par le Capitaine Tréguer, près du col de Chellata au nord d’Akbou, Abderrahmane Mira « le Tigre de la Soummam » tombe au champ d’honneur le 6 novembre 1959 alors qu’il était en partance pour le conseil de la Wilaya 3.
                        Et de là, sa dépouille a été transportée dans un hélicoptère pour l’exposer dans quelques villages de la région, et le dernier a été son village d’origine Taghalat, douar de Beni Mellikèche, afin de montrer quel sort attendait toutes les personnes essayant d’enfreindre les lois de la République et pour les affaiblir en voyant le sort de leur chef. [Voir Photos]Après que tout le monde l’ait vu, ils l’ont remis dans cet hélicoptère pour une destination inconnue.
                        Cette méthode qui consistait à exposer les dépouilles des officiers de l’ALN et de les faire disparaître était souvent pratiquée par l’armée française de l’époque pour les raisons citées ci-dessus.

                        Le 1er novembre 1984, l’Algérie indépendante le décore, à titre posthume, de la plus haute distinction de la nation : « la médaille du Martyr ».
                        Le 10 novembre 1986, le ministère des Moudjahidine rectifie son grade de commandant en celui de Colonel, car tout commandant de Wilaya porte le grade de colonel suite aux décisions du Congrès de la Soummam de 1956 .
                        Il faut aussi rappeler qu'Abderrahmane Mira fait parti de nos moudjahidins qui ont une tombe sans corps à l'interieur. Une association à sa mémoire tente depuis des années d'obtenir l'endroit où le corps d'Abderrahmane Mira a été enterré après avoir été exposé dans plusieurs village, nulle réponse à leur demande et pourtant il est clair que l'armée française sait parfaitement ce qu'elle en a fait puisque cela doit être consigné dans des archives.
                        Dernière modification par zwina, 17 août 2007, 18h46.
                        Les libertés ne se donnent pas, elles se prennent

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                        • #13
                          Sur ce lien vous pourrez voir un article et une photo de Smail Mira.

                          http://www.depechedekabylie.com/read...52&ed=MTA1MQ==
                          Dernière modification par zwina, 15 août 2007, 16h18.
                          Les libertés ne se donnent pas, elles se prennent

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                          • #14
                            Crois tu que cette impression de toute puissance pourrait conduire ces milices à s'opposer par tous les moyens à l'arrestation d'un de leurs chefs et pour cela seraient capable de commettre une action d'éclat en signe d'avertissement ? En n'oubliant pas que Smail Mira n'est plus le chef d'une milice mais un representant de l'état maire puis député aujourd'hui.
                            Non pas s'opposer, mais tu y vois une affaire de personnalité, et un problème propre à ce Mira. L'arme et le sentiment de totalité liberté, le sentiment d'avoir raison, d'être un sauveur, l'absence de contrôle et de contre pouvoir, autant de pouvoir sans filet de sécurité, ça donne le vertige.
                            Tu peux remplacer ce Mira par un autre, mais ça ne règle pas le problème.

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                            • #15
                              on ne sera mieux servi que par soi meme: a quand la gazette de At ghovri?
                              on fera des copies dans l une des casemates que ton pere, et ses compagnons (dont le mien) ont connue. Je suis sur qu elle n est pas encore repertoriee!

                              ...bof, qu ils aillent tous se faire cuire uen soupe de feves: la kabylie se fera sans eux.
                              Lu-legh-d d'aq-vayli, d-ragh d'aq-vayli, a-d'em-tegh d'aq-vayli.

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