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Retour de l’argent public dans les banques privées

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    Retour de l’argent public dans les banques privées.
    Quotidien d'Oran

    C’est fini pour les directives Ouyahia. La «norme» est définitivement rétablie en 2007, alors que la dernière banque privée algérienne est morte en 2005. L’ouverture du secteur bancaire est désormais réservée aux banques étrangères qui peuvent recevoir les fonds des entreprises publiques.

    La directive Ouyahia du 8 août 2004 interdisant aux entreprises et offices publics de déposer des fonds dans les banques privées a été annulée sur décision d’Abdelaziz Belkhadem. Ce qui n’était qu’une rumeur très «persistante» est devenue une nouvelle officielle diffusée, hier, par le journal El-Moudjahid. La mesure était dans l’air. M. Abdelatif Benachenhou, ancien ministre de l’Economie, singeant le style journalistique, avait donné le «scoop» le 7 octobre dernier, dans El-Watan, en indiquant que selon des «informations persistantes qui circulent dans les milieux bancaires concernés, le gouvernement aurait décidé de retirer la décision d’août 2004 qui organisait la segmentation du marché du crédit bancaire et du marché monétaire». «Bravo !» avait titré l’ancien ministre. Comme on n’applaudit pas une mesure hypothétique, le recours au conditionnel de la part de M. Benachenhou relevait de la pure coquetterie. Il avait tout simplement l’information et il a fait un long papier «d’appui» centré d’ailleurs sur les bienfaits qu’elle aura sur le processus de privatisation du CPA et de l’ouverture du capital de la BDL. Ce n’était pas un «délit» mais M. Benachenhou est bel et bien un «initié». Il était ministre des Finances quand Ahmed Ouyahia a pris cette mesure et on doit lui reconnaître qu’il ne l’a jamais défendue malgré un contexte marqué par la succession des scandales bancaires. «Il faut déposer l’argent public dans les bonnes banques, qu’elles soient publiques ou privées» avait-il déclaré. Celui qui a avalé la couleuvre d’une directive qui déroge à l’orthodoxie économique a donc eu le privilège d’annoncer la nouvelle, avant Abdelaziz Belkhadem, sur la base d’informations «persistantes». Il suffisait juste d’attendre que l’abrogation devienne officielle. C’est fait. Exit donc la directive Ouyahia après une durée de vie de trois ans pleins et deux mois au cours desquels, les banques privées algériennes ont quasiment disparu pour être remplacées par les banques étrangères. La directive avait la fâcheuse conséquence d’aller à l’encontre de la loi en créant une dichotomie entre le secteur bancaire privé et le secteur public et en remettant en cause le principe de l’autonomie des entreprises.

    Mesure d’exception sur fond de déficience de gouvernance économique
    Très décriée dans le secteur privé, la directive envoyait vers l’étranger un signal totalement contradictoire avec le message de libéralisation économique que l’on essayait de faire passer. Elle donnait surtout l’image d’un pouvoir recourant à des mesures d’exception comme réponse à la déficience de la gouvernance économique du pays. Son effet immédiat a été d’enterrer de manière durable l’émergence de banques privées nationales. Celles qui ont existé - Khalifa Bank, la BCIA, Union Bank, AIB - n’auront laissé que des noms, sulfureux parfois et des ardoises souvent. La dernière banque privée algérienne, la CA Bank, a été mise en liquidation en décembre 2005. Ce n’est pas la circulaire Ouyahia qui est la cause de cette succession de faillites mais en sommant les entreprises et établissements publics de ne placer leurs fonds que dans le secteur public, elle mettait sous suspicion toute autre initiative privée dans le secteur bancaire. Le message était simple : l’Etat ne fait pas confiance au privé. Les particuliers, moins armés que l’Etat, ne pouvaient qu’en prendre acte, à plus forte raison après l’arnaque Khalifa. Alors que les banques privées algériennes disparaissaient, les banques privées étrangères s’installaient. Si le gouvernement a pu imposer sans difficulté l’ostracisme à l’égard du privé algérien, la présence souhaitée par le gouvernement algérien des banques étrangères rendaient problématique le maintien de la directive Ouyahia. Ces mesures restrictives étaient régulièrement citées comme un obstacle dans les rapports des institutions internationales. La directive s’appliquant aussi aux banques étrangères rendait moins intéressante la mise en vente du CPA et l’ouverture du capital de la BDL. La mesure était donc attendue. La directive Ouyahia a fait son oeuvre : l’ouverture du secteur bancaire au privé est de fait une ouverture exclusive au privé étranger qui peut désormais recevoir les fonds publics.
    Mieux vaut un cauchemar qui finit qu’un rêve inaccessible qui ne finit pas…
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