De la guerre au cessez-le-feu un même combat
le 10/3/2008 12:18:39
La jeunesse sahraouie, issue des territoires occupés par le Maroc ou des camps de réfugiés de Tindouf, érigés depuis 32 ans, est-elle au diapason de la lutte qu’ont menée leurs prédécesseurs du Front Polisario durant des dizaines d’années et plus singulièrement durant les seize ans de conflit armé avec le Maroc ? Trente-deux ans de lutte qui ont séparé la population sahraouie. L’une vivant dans les territoires occupés et l’autre à des centaines de kilomètres, dans un autre pays, aux camps de réfugiés de Tindouf, au sud-ouest de l’Algérie. Quel sentiment éprouve cette jeunesse en tant que génération succédant à celle ayant porté les armes pour libérer les terres sahraouies et qui a conclu un cessez-le-feu ? La propagande alaouite, forte de moyens et d’imagination, se concentre sur cette frange pour assassiner le rêve de la libération de la Saqia El-Hamra et du Rio del Oro (Oued d’Or), entrepris par les guerrilleros «polisariens». Entre la répression des territoires occupés et l’asile de Tindouf, toute une histoire. Les témoignages de ceux ayant vécu dans les deux endroits sont frappants.
e Front Polisario, le porte-drapeau de l’indépendance sahraouie, s’est érigé depuis 32 ans en barrière de fer contre les politiques expansionnistes du royaume du Maroc qui, jusqu’à aujourd’hui, occupe la majeure partie du territoire sahraoui.
Si le mouvement conduit par des combattants sahraouis mal organisés du fait de la nature bédouine de ce peuple et des innombrables opérations militaires des colons, il reste que celui-ci a gardé son aura auprès des Sahraouis à cause de la justesse de son combat libérateur.
Depuis l’invasion marocaine du territoire sahraoui, à travers ce qui est appelé communément «la marche verte», en 1975 et la répression sauvage qu’endurèrent et qu’endurent toujours les Sahraouis, le Front Polisario a eu à traverser des chemins difficiles, tantôt la férocité des guerres qui ne finissent jamais, tantôt les complicités des puissances qui freinent la concrétisation de son objectif qui passe par l’autodétermination du peuple sahraoui, conformément à la légalité internationale et aux résolutions onusiennes.
L’autre élément s’ajoutant à cette panoplie d’obstacles est la propagande assortie d’une guerre psychologique engagées par le makhzen, dont l’objectif serait débarrasser les nouvelles générations sahraouies d’après-guerre de l’idéal de leur aînés (à la faveur du cessez-le-feu de 1991 conclu entre le Front Polisario et le royaume du Maroc sous l’égide de l’ONU en vue d’organiser un referendum d’autodétermination pour les Sahraouis).
Le régime marocain s’embourbait dans des lectures farfelues pour atteindre son objectif qui est de pousser la nouvelle génération sahraouie post-cessez-le-feu, à la lassitude voire à la compromission.
Premier argument sorti des laboratoires alaouites est celui de la crise «factice» du Sahara. En effet, le makhzen s’est toujours résolu à dire que le conflit du Sahara occidental n’est que l’œuvre de l’Algérie qui pousse des «extrémistes séparatistes à la rébellion» et dont l’objectif n’est autre que celui d’avoir une issue sur l’Atlantique. Suivi des fameuses «provinces du Sud s’attachant à l’intégrité territoriale marocaine» en présentant des colons marocains et des supplétifs sahraouis élevés au rang de «chefs» de tribus sahraouies et au titre de «sages», embrasser la main de Sa Majesté devant les caméras . En outre, la propagande diabolique fait que l’enseignement (illicite) dans les territoires occupés et le matraquage psychologique des populations sahraouies en otage, défendent l’idée de la marocanité du territoire. Pis encore, la propagande se lance dans les insultes de l’ancêtre sahraoui résistant, lui attribuant la fameuse vente des terres sahraouies au bénéfice des Marocains. Une variante qui rappelle étrangement celle de la politique sioniste dans les territoires palestiniens. Bendir : «Nous sommes au service de la révolution»
À partir de 1986, Bendir, chauffeur au Front Polisario, s’est engagé dans la lutte libératrice du Sahara occidental. «Dans l’armurerie et à tout calibre», dit-il. Bendir avoue que les premiers combats étaient durs pour quelqu’un qui n’était pas habitué. «Comme celui qui effectue pour la première fois un long voyage au Sahara», s’amuse-t-il à comparer.
Né au début des années 1960, Bendir explique que sa génération a été «un peu flexible».
«On a accepté le cessez-le-feu d’une certaine manière car on est un peuple qui lutte en faveur d’une cause juste que tout le monde connaît. N’étant pas amateurs de sang et de feu, c’est dans le monde qu’on avait confiance, celui de la liberté, de l’égalité et de la paix. C’est pour ça qu’on a accepté le cessez-le-feu». C’est ainsi qu’il justifie la démarche du Front Polisario en 1991, après seize ans de guerre sans merci contre l’occupant marocain.
«C’est aussi parce que les peuples sahraoui et marocain sont frères qu’on a accepté le cessez-le-feu», ajoute-t-il, autour d’un thé. L’homme à la silhouette frêle, parle d’une victoire certaine pour les Sahraouis. Une victoire que Bendir augure dans les négociations ou dans une éventuelle reprise des hostilités.
Le polyglotte Bendir qui s’exprimait en français (l’un des rares Sahraouis à maîtriser cette langue ), affiche ses regrets : «On a constaté qu’il a duré plus que prévu, c’est anormal, un cessez-le-feu sans fin. On n’est pas satisfait du tout», lance-t-il diplomatiquement. «Chaque fois que je discute avec les miens, qui sont les camarades du combat, ils avouent que ce qui a provoqué ça (le cessez-le-feu) c’est la flexibilité des anciens (…) maintenant il faut être un peu plus rigide ! J’ai l’espoir en ces négociations parce que je sais que ma cause est juste, je suis sûr de ma victoire qu’elle soit dans le milieu politique ou militaire. Je suis très sûr !», ajoute-t-il, convaincu en ses mots. Justement la guerre, quelle chance aujourd’hui tant «les combattant du Front Polisario ont vieilli», disent les services chérifiens ? Bendir lance un fou rire en sirotant son thé en plein désert lors d’une pose, en attendant de gagner la localité libérée de Tifariti, où les festivités commémorant le 32e anniversaire de la naissance de la RASD devraient se dérouler :
«Si l’on reprend la guerre, ce sera la vengeance ! Même si on libère le Sahara occidental, nous continuerons la guerre. Parce que moi, je suis issu d’une génération qui a mené le combat armé et qui a souffert des atrocités commises par l’armée royale. Notre jeunesse est disposée moralement, physiquement et en nombre à porter le flambeau. Comme je l’ai été moi et mes compagnons, les jeunes le sont aussi : nous sommes constamment au service de la révolution !», clame-t-il avec un air déterminée. Et quelles chances pour les négociations ? Bendir exprime le souhait de voir le conflit réglé pacifiquement : «J’aimerais bien que ces négociations aboutissent à une solution juste. Sinon, je suis sûr que la solution sera imposée par les armes», dit-il. Reprenant le long et fatigant voyage de huit heures sur piste avec Bendir en direction de Tifariti, celui-ci nous invite à la patience, non pas pour atteindre Tifariti mais pour voir le Sahara occidental se libérer. «Nous vous inviterons dans notre capitale El-Ayoun une fois notre terre libérée», nous promet-il.
Tifariti, l’angoissante énigme du royaume alaouite Arrivé dans cette localité devenue le symbole de la résistance sahraouie après avoir été libérée par deux fois durant la guerre contre l’occupation brutale et illégale marocaine, Tifariti devrait abriter une panoplie d’activités commémoratives, significatives à plus d’un égard.
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le 10/3/2008 12:18:39
La jeunesse sahraouie, issue des territoires occupés par le Maroc ou des camps de réfugiés de Tindouf, érigés depuis 32 ans, est-elle au diapason de la lutte qu’ont menée leurs prédécesseurs du Front Polisario durant des dizaines d’années et plus singulièrement durant les seize ans de conflit armé avec le Maroc ? Trente-deux ans de lutte qui ont séparé la population sahraouie. L’une vivant dans les territoires occupés et l’autre à des centaines de kilomètres, dans un autre pays, aux camps de réfugiés de Tindouf, au sud-ouest de l’Algérie. Quel sentiment éprouve cette jeunesse en tant que génération succédant à celle ayant porté les armes pour libérer les terres sahraouies et qui a conclu un cessez-le-feu ? La propagande alaouite, forte de moyens et d’imagination, se concentre sur cette frange pour assassiner le rêve de la libération de la Saqia El-Hamra et du Rio del Oro (Oued d’Or), entrepris par les guerrilleros «polisariens». Entre la répression des territoires occupés et l’asile de Tindouf, toute une histoire. Les témoignages de ceux ayant vécu dans les deux endroits sont frappants.
e Front Polisario, le porte-drapeau de l’indépendance sahraouie, s’est érigé depuis 32 ans en barrière de fer contre les politiques expansionnistes du royaume du Maroc qui, jusqu’à aujourd’hui, occupe la majeure partie du territoire sahraoui.
Si le mouvement conduit par des combattants sahraouis mal organisés du fait de la nature bédouine de ce peuple et des innombrables opérations militaires des colons, il reste que celui-ci a gardé son aura auprès des Sahraouis à cause de la justesse de son combat libérateur.
Depuis l’invasion marocaine du territoire sahraoui, à travers ce qui est appelé communément «la marche verte», en 1975 et la répression sauvage qu’endurèrent et qu’endurent toujours les Sahraouis, le Front Polisario a eu à traverser des chemins difficiles, tantôt la férocité des guerres qui ne finissent jamais, tantôt les complicités des puissances qui freinent la concrétisation de son objectif qui passe par l’autodétermination du peuple sahraoui, conformément à la légalité internationale et aux résolutions onusiennes.
L’autre élément s’ajoutant à cette panoplie d’obstacles est la propagande assortie d’une guerre psychologique engagées par le makhzen, dont l’objectif serait débarrasser les nouvelles générations sahraouies d’après-guerre de l’idéal de leur aînés (à la faveur du cessez-le-feu de 1991 conclu entre le Front Polisario et le royaume du Maroc sous l’égide de l’ONU en vue d’organiser un referendum d’autodétermination pour les Sahraouis).
Le régime marocain s’embourbait dans des lectures farfelues pour atteindre son objectif qui est de pousser la nouvelle génération sahraouie post-cessez-le-feu, à la lassitude voire à la compromission.
Premier argument sorti des laboratoires alaouites est celui de la crise «factice» du Sahara. En effet, le makhzen s’est toujours résolu à dire que le conflit du Sahara occidental n’est que l’œuvre de l’Algérie qui pousse des «extrémistes séparatistes à la rébellion» et dont l’objectif n’est autre que celui d’avoir une issue sur l’Atlantique. Suivi des fameuses «provinces du Sud s’attachant à l’intégrité territoriale marocaine» en présentant des colons marocains et des supplétifs sahraouis élevés au rang de «chefs» de tribus sahraouies et au titre de «sages», embrasser la main de Sa Majesté devant les caméras . En outre, la propagande diabolique fait que l’enseignement (illicite) dans les territoires occupés et le matraquage psychologique des populations sahraouies en otage, défendent l’idée de la marocanité du territoire. Pis encore, la propagande se lance dans les insultes de l’ancêtre sahraoui résistant, lui attribuant la fameuse vente des terres sahraouies au bénéfice des Marocains. Une variante qui rappelle étrangement celle de la politique sioniste dans les territoires palestiniens. Bendir : «Nous sommes au service de la révolution»
À partir de 1986, Bendir, chauffeur au Front Polisario, s’est engagé dans la lutte libératrice du Sahara occidental. «Dans l’armurerie et à tout calibre», dit-il. Bendir avoue que les premiers combats étaient durs pour quelqu’un qui n’était pas habitué. «Comme celui qui effectue pour la première fois un long voyage au Sahara», s’amuse-t-il à comparer.
Né au début des années 1960, Bendir explique que sa génération a été «un peu flexible».
«On a accepté le cessez-le-feu d’une certaine manière car on est un peuple qui lutte en faveur d’une cause juste que tout le monde connaît. N’étant pas amateurs de sang et de feu, c’est dans le monde qu’on avait confiance, celui de la liberté, de l’égalité et de la paix. C’est pour ça qu’on a accepté le cessez-le-feu». C’est ainsi qu’il justifie la démarche du Front Polisario en 1991, après seize ans de guerre sans merci contre l’occupant marocain.
«C’est aussi parce que les peuples sahraoui et marocain sont frères qu’on a accepté le cessez-le-feu», ajoute-t-il, autour d’un thé. L’homme à la silhouette frêle, parle d’une victoire certaine pour les Sahraouis. Une victoire que Bendir augure dans les négociations ou dans une éventuelle reprise des hostilités.
Le polyglotte Bendir qui s’exprimait en français (l’un des rares Sahraouis à maîtriser cette langue ), affiche ses regrets : «On a constaté qu’il a duré plus que prévu, c’est anormal, un cessez-le-feu sans fin. On n’est pas satisfait du tout», lance-t-il diplomatiquement. «Chaque fois que je discute avec les miens, qui sont les camarades du combat, ils avouent que ce qui a provoqué ça (le cessez-le-feu) c’est la flexibilité des anciens (…) maintenant il faut être un peu plus rigide ! J’ai l’espoir en ces négociations parce que je sais que ma cause est juste, je suis sûr de ma victoire qu’elle soit dans le milieu politique ou militaire. Je suis très sûr !», ajoute-t-il, convaincu en ses mots. Justement la guerre, quelle chance aujourd’hui tant «les combattant du Front Polisario ont vieilli», disent les services chérifiens ? Bendir lance un fou rire en sirotant son thé en plein désert lors d’une pose, en attendant de gagner la localité libérée de Tifariti, où les festivités commémorant le 32e anniversaire de la naissance de la RASD devraient se dérouler :
«Si l’on reprend la guerre, ce sera la vengeance ! Même si on libère le Sahara occidental, nous continuerons la guerre. Parce que moi, je suis issu d’une génération qui a mené le combat armé et qui a souffert des atrocités commises par l’armée royale. Notre jeunesse est disposée moralement, physiquement et en nombre à porter le flambeau. Comme je l’ai été moi et mes compagnons, les jeunes le sont aussi : nous sommes constamment au service de la révolution !», clame-t-il avec un air déterminée. Et quelles chances pour les négociations ? Bendir exprime le souhait de voir le conflit réglé pacifiquement : «J’aimerais bien que ces négociations aboutissent à une solution juste. Sinon, je suis sûr que la solution sera imposée par les armes», dit-il. Reprenant le long et fatigant voyage de huit heures sur piste avec Bendir en direction de Tifariti, celui-ci nous invite à la patience, non pas pour atteindre Tifariti mais pour voir le Sahara occidental se libérer. «Nous vous inviterons dans notre capitale El-Ayoun une fois notre terre libérée», nous promet-il.
Tifariti, l’angoissante énigme du royaume alaouite Arrivé dans cette localité devenue le symbole de la résistance sahraouie après avoir été libérée par deux fois durant la guerre contre l’occupation brutale et illégale marocaine, Tifariti devrait abriter une panoplie d’activités commémoratives, significatives à plus d’un égard.
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