Et si l’Iran avait la bombe ?...
Les bruits de bottes américaines et la pression onusienne s’accentuent sur l’Iran sans que l’on sache réellement quels sont la nature du danger et les enjeux stratégiques d’une possession de la bombe atomique par l’Iran. S’impose alors une tentative de projection : que se passerait-il si l’Iran avait la bombe ?
L’affaire d’Iran qui chauffe les milieux diplomatiques, les états-majors et les scientifiques occidentaux depuis deux ans maintenant soulève tant d’éléments symboliques que le seul débat qui nous est proposé des très nombreux (et compétents) spécialistes reste dramatiquement primaire, caricatural.
Car si l’on résume les données du problème, sans caricaturer (ou presque), nous serions face à une crise tellement simple que quiconque remettrait en cause l’accusation générale des volontés bellicistes iraniennes ne pourrait être qu’un fondamentaliste ou son pendant laïc, un fasciste patent. Le symbole de destruction absolu (Hiroshima) représenté par l’atome ne tolère pas la moindre faille dans le dispositif d’interdiction de l’arme atomique (dispositif incarné par le TNP essentiellement). Que les Cinq du Conseil de sécurité de l’ONU aient été rejoints par Israël, le Pakistan, la Corée du Nord, l’Inde, et probablement d’autres, ne semble pas nécessiter une remise en question de l’idéologie de la non-prolifération. Que les Etats-Unis d’Amérique utilisent depuis dix ans (approximativement depuis la guerre de Yougoslavie) des armes à uranium appauvri (et probablement des engins atomiques à faible puissance sur le discret champ de bataille afghan) n’est pas non plus un problème, non plus que la montée en puissance des coopérations pour le nucléaire civile (l’entreprise Areva vend de l’atome comme une marchandise normale un peu partout dans le monde) due à l’enchérissement durable du pétrole.
En outre, il ne semble faire aucun doute pour personne que M. Ahmadinejad est un fou prêt à déclencher l’apocalypse nucléaire aussitôt qu’il en aura la capacité. Que les yeux de l’Oncle Sam soient techniquement capables d’anéantir tout missile avant même sa mise à feu depuis la Guerre Froide ne semble pas remettre en question le danger. Et que les innombrables groupuscules terroristes qui ont voué l’Amérique aux flammes de l’enfer puissent obtenir des "bombes sales" auprès de la Corée du Nord, du Pakistan et surtout du réservoir atomique russe n’est qu’un détail. Non, pour l’ensemble des géopolitologues, aussitôt que l’Iran aura la bombe, soit il s’en servira, soit il la vendra à des kamikazes. Et un fou ne tenant pas compte des risques d’anéantissement de son propre pays, possession entraînera utilisation. CQFD.
Il est étonnant qu’en France aucun analyste ne déroge à l’antienne catastrophiste. Ainsi, pour quelle raison M. El Baradeï, qui en son temps s’est battu seul contre la puissance américaine pour démontrer que l’Irak ne possédait pas d’"arme de destruction massive", est-il le premier sur le front des accusateurs ? Pourquoi les plus hauts dirigeants occidentaux feignent de présenter de façon simpliste le président iranien, comme un nouvel Hitler, Staline ou Ben Laden ? Pour quelle raison pas un seul commentateur ne relève l’évidente préservation de leur monopole par les puissances nucléaires officielles (et ce, quelle que soit la réalité du danger iranien) ? Comment des puissances qui ont quotidiennement tiré profit de la menace qu’ils représentaient pour assurer leur influence sur la marche du monde, pourraient-elles simplement accepter de voir ce monopole battu en brèche ?
Aussi il apparaît utile de se lancer dans quelque hypothèse afin de replacer le coeur du problème. Que se passerait-il donc si Téhéran parvenait à construire une arme atomique ? Premièrement, il s’agirait de toute évidence d’une arme de faible qualité, de faible puissance. Rien ne dit que les capacités militaires iraniennes (malgré la mise en service d’un nouveau missile Achoura d’une portée théorique de 2000 km) ne permettent d’équiper un missile d’une tête nucléaire. Surtout, l’armada américaine de satellites, de navires dans le Golfe Persique et de bases en Irak, Afghanistan et au Pakistan n’auraient aucune difficulté à empêcher le décollage d’un tel engin. Ils en étaient capables face aux Soviétiques et leurs milliers de têtes enterrées dans des silos...
Mais, surtout, toutes les gesticulations actuelles font fi du principe même de dissuasion nucléaire, qui veut que c’est plus la peur de l’arme que le danger réel qui prévaut. C’est la raison pour laquelle tous les programmes nucléaires sont entourés du plus grand secret. Si personne ne connaît exactement l’état des capacités nucléaires de l’Etat d’Israël, personne ne peut savoir s’il est réellement menaçant, en quel délai et sur quel périmètre. Tant que l’incertitude demeure l’adversaire s’abstient.
Les bruits de bottes américaines et la pression onusienne s’accentuent sur l’Iran sans que l’on sache réellement quels sont la nature du danger et les enjeux stratégiques d’une possession de la bombe atomique par l’Iran. S’impose alors une tentative de projection : que se passerait-il si l’Iran avait la bombe ?
L’affaire d’Iran qui chauffe les milieux diplomatiques, les états-majors et les scientifiques occidentaux depuis deux ans maintenant soulève tant d’éléments symboliques que le seul débat qui nous est proposé des très nombreux (et compétents) spécialistes reste dramatiquement primaire, caricatural.
Car si l’on résume les données du problème, sans caricaturer (ou presque), nous serions face à une crise tellement simple que quiconque remettrait en cause l’accusation générale des volontés bellicistes iraniennes ne pourrait être qu’un fondamentaliste ou son pendant laïc, un fasciste patent. Le symbole de destruction absolu (Hiroshima) représenté par l’atome ne tolère pas la moindre faille dans le dispositif d’interdiction de l’arme atomique (dispositif incarné par le TNP essentiellement). Que les Cinq du Conseil de sécurité de l’ONU aient été rejoints par Israël, le Pakistan, la Corée du Nord, l’Inde, et probablement d’autres, ne semble pas nécessiter une remise en question de l’idéologie de la non-prolifération. Que les Etats-Unis d’Amérique utilisent depuis dix ans (approximativement depuis la guerre de Yougoslavie) des armes à uranium appauvri (et probablement des engins atomiques à faible puissance sur le discret champ de bataille afghan) n’est pas non plus un problème, non plus que la montée en puissance des coopérations pour le nucléaire civile (l’entreprise Areva vend de l’atome comme une marchandise normale un peu partout dans le monde) due à l’enchérissement durable du pétrole.
En outre, il ne semble faire aucun doute pour personne que M. Ahmadinejad est un fou prêt à déclencher l’apocalypse nucléaire aussitôt qu’il en aura la capacité. Que les yeux de l’Oncle Sam soient techniquement capables d’anéantir tout missile avant même sa mise à feu depuis la Guerre Froide ne semble pas remettre en question le danger. Et que les innombrables groupuscules terroristes qui ont voué l’Amérique aux flammes de l’enfer puissent obtenir des "bombes sales" auprès de la Corée du Nord, du Pakistan et surtout du réservoir atomique russe n’est qu’un détail. Non, pour l’ensemble des géopolitologues, aussitôt que l’Iran aura la bombe, soit il s’en servira, soit il la vendra à des kamikazes. Et un fou ne tenant pas compte des risques d’anéantissement de son propre pays, possession entraînera utilisation. CQFD.
Il est étonnant qu’en France aucun analyste ne déroge à l’antienne catastrophiste. Ainsi, pour quelle raison M. El Baradeï, qui en son temps s’est battu seul contre la puissance américaine pour démontrer que l’Irak ne possédait pas d’"arme de destruction massive", est-il le premier sur le front des accusateurs ? Pourquoi les plus hauts dirigeants occidentaux feignent de présenter de façon simpliste le président iranien, comme un nouvel Hitler, Staline ou Ben Laden ? Pour quelle raison pas un seul commentateur ne relève l’évidente préservation de leur monopole par les puissances nucléaires officielles (et ce, quelle que soit la réalité du danger iranien) ? Comment des puissances qui ont quotidiennement tiré profit de la menace qu’ils représentaient pour assurer leur influence sur la marche du monde, pourraient-elles simplement accepter de voir ce monopole battu en brèche ?
Aussi il apparaît utile de se lancer dans quelque hypothèse afin de replacer le coeur du problème. Que se passerait-il donc si Téhéran parvenait à construire une arme atomique ? Premièrement, il s’agirait de toute évidence d’une arme de faible qualité, de faible puissance. Rien ne dit que les capacités militaires iraniennes (malgré la mise en service d’un nouveau missile Achoura d’une portée théorique de 2000 km) ne permettent d’équiper un missile d’une tête nucléaire. Surtout, l’armada américaine de satellites, de navires dans le Golfe Persique et de bases en Irak, Afghanistan et au Pakistan n’auraient aucune difficulté à empêcher le décollage d’un tel engin. Ils en étaient capables face aux Soviétiques et leurs milliers de têtes enterrées dans des silos...
Mais, surtout, toutes les gesticulations actuelles font fi du principe même de dissuasion nucléaire, qui veut que c’est plus la peur de l’arme que le danger réel qui prévaut. C’est la raison pour laquelle tous les programmes nucléaires sont entourés du plus grand secret. Si personne ne connaît exactement l’état des capacités nucléaires de l’Etat d’Israël, personne ne peut savoir s’il est réellement menaçant, en quel délai et sur quel périmètre. Tant que l’incertitude demeure l’adversaire s’abstient.
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