La parole de M. Thierry Meyssan est rare, non qu’il refuse systématiquement les interviews… Mais simplement les médias français ne donnent jamais la parole à cet analyste politique aux propos pourtant toujours mesurés, malgré ses convictions personnelles très marquées en faveur des droits humains et contre les menées géopolitiques de l’Empire états-unien. La réflexion affûtée et pertinente de cet intellectuel français semble extraordinairement atypique dans le brouhaha de la propagande ambiante.
ReOpen911 est fière de mettre en ligne une longue interview de « celui par qui le scandale du 11-Septembre est arrivé » (à son insu). Mais les questions des membres de l’association pour la réouverture de l’enquête sur les attentats terroristes aux Etats-Unis n’abordent pas ce seul sujet : nos membres, citoyens curieux et ouverts, s’intéressent à tous les sujets d’actualité et M. Meyssan répond en toute franchise et indépendance d’esprit à leurs questions. Une interview passionnante, très loin des fantasmes de certains pour qui les relations entre ReOpen911 et Meyssan seraient celles des adeptes d’une secte face à leur gourou !
Retour en arrière sur la « polémique », les accusations d’antisémitisme à son égard (dont on a vu que la récente « affaire Siné » avait peut-être marqué l’essoufflement de cette scandaleuse stratégie de bâillonnement de toute critique de la politique d’Israël), le travail mené avec le Réseau Voltaire qu’il continue à présider depuis sa fondation, les menaces pesant sur sa vie, les dérives liberticides et les atteintes aux droits de l’homme, la politique des États-Unis envers l’Union européenne, et leurs relations avec le nouveau pouvoir en France, les intérêts d’al-Qaïda et même les récents événements en Géorgie : discussion à bâtons rompus au cours de laquelle M. Meyssan n’a jamais recours à la langue de bois.
ReOpen911 : Suite à la parution de L’Effroyable Imposture, « on » (Gérard Miller, Pascal Bruckner, Pierre Marcelle, Alain Finkelkraut, Caroline Fourest, liste non exhaustive…) vous a souvent présenté comme un « révisionniste », vous comparant même à M. Faurisson ; outre que cela permet à moindres frais d’éviter de répondre aux questions et aux points pertinents que soulèvent vos analyses, cela a ancré, par amalgame, dans les esprits d’un grand nombre de nos concitoyens l’idée fausse que vous seriez antisémite. 1
Vous avez pendant longtemps préféré ne pas vous expliquer sur des injures aussi odieuses qu’infondées et autres calomnies (quiconque peut le constater par soi-même en lisant vos livres ou en consultant le site du Réseau Voltaire de fond en comble : il n’y a pas le moindre propos antisémite1, évidemment). Cependant, ne pas y répondre, c’est aussi laisser le champ libre à vos détracteurs ; baisser la garde, n’est-ce pas faire le jeu de ces « salauds », pour reprendre l’élégante formule que M. Fabrice Nicolino (Politis du 11 avril 2002) avait eu à votre égard ?
Thierry Meyssan : Mes détracteurs jouent sur les mots. Comme l’a noté Pierre Vidal-Naquet, le terme “révisionniste” s’applique à tout historien qui fait son travail, celui de réviser les préjugés. Aussi refusa-t-il d’utiliser ce mot pour qualifier ceux qui nient le massacre des juifs d’Europe et lui préféra-t-il celui de “négationnistes”. Cependant mes détracteurs créent une confusion dans l’esprit du public en me traitant de “révisionniste” et en faisant allusion simultanément au professeur Faurisson, condamné maintes fois pour antisémitisme. Ainsi, sans l’avoir dit, ils suggèrent que je suis antisémite.
Je suis humaniste et j’ai lutté -bien plus que ceux qui m’insultent- contre toutes les formes de racisme, y compris l’antisémitisme. En qualité de président du Projet Ornicar, j’ai même reçu les félicitations du Mémorial Yad Vashem, la plus haute autorité morale en la matière. En qualité de président du Réseau Voltaire, j’ai animé le Comité national de vigilance contre l’extrême droite, qui a réuni chaque semaine pendant plusieurs années les 45 plus importantes organisations de gauche (partis politiques, syndicats, associations, loges maçonniques).
Lors de la campagne médiatique organisée contre moi, en 2002, j’ai porté plainte pour diffamation contre une douzaine de journaux qui avaient suggéré que j’étais antisémite. J’étais défendu par Me Bernard Jouanneau, qui est précisément l’avocat à l’origine de la jurisprudence contre les “négationnistes”. Globalement, pour des propos quasi-identiques, j’ai gagné les procès à Versailles et perdu ceux à Paris. La Cour d’appel de Paris a reconnu que j’avais été diffamé, mais a considéré que je l’avais bien cherché et qu’il n’y avait pas matière à appliquer la loi et à condamner mes adversaires.
Un pas a été franchi par Pierre Rigoulot. Le co-auteur du Livre noir du communisme a écrit dans son livre sur l’Antiaméricanisme que je niais qu’il y ait eu un attentat contre le Pentagone. Et il m’a attribué entre guillemets une citation antisémite avec référence en bas de page. Il a été condamné pour cela. Depuis, personne ne s’est avisé d’inventer d’autres citations de ce type.
ReOpen911 : Pourquoi ne vous défendez-vous pas contre ces suspicions d’antisémitisme ? Comment convaincre les ReOpenistes et au-delà les sympathisants de l’objectif que s’est fixé cette association, que le Réseau Voltaire n’est pas antisémite. M. Meyssan, que faites-vous concrètement, personnellement et/ou au travers de www.voltairenet.org, pour combattre cette image d’antisémitisme, qui vous est attribuée par vos détracteurs. Par exemple, avez-vous des contacts avec les communautés juives de France ?
Thierry Meyssan : Comme je vous l’ai dit à l’instant, mon action passée est la preuve de mon humanisme. Il n’y a de place à une suspicion d’antisémitisme que pour des gens de mauvaise foi. Au demeurant, je ne m’intéresse pas à démentir que je sois antisémite, mais à agir contre l’antisémitisme. Je n’ai pas de contact avec les communautés juives de France en tant que telles, ni avec aucune communauté religieuse quelle qu’elle soit, car je suis laïc et ne pense pas que les problèmes politiques doivent se régler ainsi.
Une explication est ici nécessaire. Mes convictions humanistes me conduisent à condamner identiquement toute forme de discrimination fondée sur l’appartenance réelle ou supposée à un groupe de population. Je condamne donc à la fois non seulement l’antisémitisme et le sionisme, mais aussi l’amalgame entre les juifs et les crimes perpétrés par l’État d’Israël. Or, profitant du fait que toute personne reconnue comme juive par l’État d’Israël est éligible à la nationalité israélienne, le mouvement sioniste tente d’assimiler anti-sionisme et antisémitisme.
Dès sa création, en 1994, le Réseau Voltaire a combattu toutes les formes d’intolérance. Il y avait unanimité entre nous lorsque nous avons mené campagne contre les idées racistes de l’extrême droite. Dans l’affaire du DPS (Département protection sécurité), nous avons pris de grands risques, travaillé avec l’ambassade d’Israël et suscité une commission d’enquête parlementaire. Jean-Marie Le Pen et le Front national m’ont poursuivi en justice avec le Réseau Voltaire parce que j’avais évoqué la préparation d’une “nuit de cristal”. Aucun avocat n’ayant accepté de nous défendre, j’ai plaidé moi-même ma défense. J’ai gagné. Cependant, tout a changé lorsque, à partir de 1999, nous avons étendu notre action à l’étranger. J’ai eu la surprise de constater que certains de nos administrateurs, sincèrement engagés dans la lutte contre le racisme, défendaient des principes opposés lorsqu’il s’agissait du Proche-Orient. Là-bas, ils se satisfaisaient très bien de l’apartheid israélien. Notre conseil d’administration est devenu un champ de bataille. En définitive, les administrateurs sionistes ont été mis en minorité. Ils ont démissionné, les uns après les autres, non sans insulter avec un acharnement particulier un de nos administrateurs qui est juif antisioniste. Ils ont répandu, via Internet, des calomnies contre lui dans l’espoir de ruiner son entreprise, ce qu’ils ne sont pas parvenus à faire.
Dans la situation politique internationale actuelle, je pense que le meilleur moyen d’agir contre l’antisémitisme, c’est de dénoncer la prétention illégitime de l’État d’Israël à représenter les juifs dans leur ensemble et à les rendre responsables des crimes du sionisme. Je l’écris de manière récurrente dans mes articles.
ReOpen911 est fière de mettre en ligne une longue interview de « celui par qui le scandale du 11-Septembre est arrivé » (à son insu). Mais les questions des membres de l’association pour la réouverture de l’enquête sur les attentats terroristes aux Etats-Unis n’abordent pas ce seul sujet : nos membres, citoyens curieux et ouverts, s’intéressent à tous les sujets d’actualité et M. Meyssan répond en toute franchise et indépendance d’esprit à leurs questions. Une interview passionnante, très loin des fantasmes de certains pour qui les relations entre ReOpen911 et Meyssan seraient celles des adeptes d’une secte face à leur gourou !
Retour en arrière sur la « polémique », les accusations d’antisémitisme à son égard (dont on a vu que la récente « affaire Siné » avait peut-être marqué l’essoufflement de cette scandaleuse stratégie de bâillonnement de toute critique de la politique d’Israël), le travail mené avec le Réseau Voltaire qu’il continue à présider depuis sa fondation, les menaces pesant sur sa vie, les dérives liberticides et les atteintes aux droits de l’homme, la politique des États-Unis envers l’Union européenne, et leurs relations avec le nouveau pouvoir en France, les intérêts d’al-Qaïda et même les récents événements en Géorgie : discussion à bâtons rompus au cours de laquelle M. Meyssan n’a jamais recours à la langue de bois.
ReOpen911 : Suite à la parution de L’Effroyable Imposture, « on » (Gérard Miller, Pascal Bruckner, Pierre Marcelle, Alain Finkelkraut, Caroline Fourest, liste non exhaustive…) vous a souvent présenté comme un « révisionniste », vous comparant même à M. Faurisson ; outre que cela permet à moindres frais d’éviter de répondre aux questions et aux points pertinents que soulèvent vos analyses, cela a ancré, par amalgame, dans les esprits d’un grand nombre de nos concitoyens l’idée fausse que vous seriez antisémite. 1
Vous avez pendant longtemps préféré ne pas vous expliquer sur des injures aussi odieuses qu’infondées et autres calomnies (quiconque peut le constater par soi-même en lisant vos livres ou en consultant le site du Réseau Voltaire de fond en comble : il n’y a pas le moindre propos antisémite1, évidemment). Cependant, ne pas y répondre, c’est aussi laisser le champ libre à vos détracteurs ; baisser la garde, n’est-ce pas faire le jeu de ces « salauds », pour reprendre l’élégante formule que M. Fabrice Nicolino (Politis du 11 avril 2002) avait eu à votre égard ?
Thierry Meyssan : Mes détracteurs jouent sur les mots. Comme l’a noté Pierre Vidal-Naquet, le terme “révisionniste” s’applique à tout historien qui fait son travail, celui de réviser les préjugés. Aussi refusa-t-il d’utiliser ce mot pour qualifier ceux qui nient le massacre des juifs d’Europe et lui préféra-t-il celui de “négationnistes”. Cependant mes détracteurs créent une confusion dans l’esprit du public en me traitant de “révisionniste” et en faisant allusion simultanément au professeur Faurisson, condamné maintes fois pour antisémitisme. Ainsi, sans l’avoir dit, ils suggèrent que je suis antisémite.
Je suis humaniste et j’ai lutté -bien plus que ceux qui m’insultent- contre toutes les formes de racisme, y compris l’antisémitisme. En qualité de président du Projet Ornicar, j’ai même reçu les félicitations du Mémorial Yad Vashem, la plus haute autorité morale en la matière. En qualité de président du Réseau Voltaire, j’ai animé le Comité national de vigilance contre l’extrême droite, qui a réuni chaque semaine pendant plusieurs années les 45 plus importantes organisations de gauche (partis politiques, syndicats, associations, loges maçonniques).
Lors de la campagne médiatique organisée contre moi, en 2002, j’ai porté plainte pour diffamation contre une douzaine de journaux qui avaient suggéré que j’étais antisémite. J’étais défendu par Me Bernard Jouanneau, qui est précisément l’avocat à l’origine de la jurisprudence contre les “négationnistes”. Globalement, pour des propos quasi-identiques, j’ai gagné les procès à Versailles et perdu ceux à Paris. La Cour d’appel de Paris a reconnu que j’avais été diffamé, mais a considéré que je l’avais bien cherché et qu’il n’y avait pas matière à appliquer la loi et à condamner mes adversaires.
Un pas a été franchi par Pierre Rigoulot. Le co-auteur du Livre noir du communisme a écrit dans son livre sur l’Antiaméricanisme que je niais qu’il y ait eu un attentat contre le Pentagone. Et il m’a attribué entre guillemets une citation antisémite avec référence en bas de page. Il a été condamné pour cela. Depuis, personne ne s’est avisé d’inventer d’autres citations de ce type.
ReOpen911 : Pourquoi ne vous défendez-vous pas contre ces suspicions d’antisémitisme ? Comment convaincre les ReOpenistes et au-delà les sympathisants de l’objectif que s’est fixé cette association, que le Réseau Voltaire n’est pas antisémite. M. Meyssan, que faites-vous concrètement, personnellement et/ou au travers de www.voltairenet.org, pour combattre cette image d’antisémitisme, qui vous est attribuée par vos détracteurs. Par exemple, avez-vous des contacts avec les communautés juives de France ?
Thierry Meyssan : Comme je vous l’ai dit à l’instant, mon action passée est la preuve de mon humanisme. Il n’y a de place à une suspicion d’antisémitisme que pour des gens de mauvaise foi. Au demeurant, je ne m’intéresse pas à démentir que je sois antisémite, mais à agir contre l’antisémitisme. Je n’ai pas de contact avec les communautés juives de France en tant que telles, ni avec aucune communauté religieuse quelle qu’elle soit, car je suis laïc et ne pense pas que les problèmes politiques doivent se régler ainsi.
Une explication est ici nécessaire. Mes convictions humanistes me conduisent à condamner identiquement toute forme de discrimination fondée sur l’appartenance réelle ou supposée à un groupe de population. Je condamne donc à la fois non seulement l’antisémitisme et le sionisme, mais aussi l’amalgame entre les juifs et les crimes perpétrés par l’État d’Israël. Or, profitant du fait que toute personne reconnue comme juive par l’État d’Israël est éligible à la nationalité israélienne, le mouvement sioniste tente d’assimiler anti-sionisme et antisémitisme.
Dès sa création, en 1994, le Réseau Voltaire a combattu toutes les formes d’intolérance. Il y avait unanimité entre nous lorsque nous avons mené campagne contre les idées racistes de l’extrême droite. Dans l’affaire du DPS (Département protection sécurité), nous avons pris de grands risques, travaillé avec l’ambassade d’Israël et suscité une commission d’enquête parlementaire. Jean-Marie Le Pen et le Front national m’ont poursuivi en justice avec le Réseau Voltaire parce que j’avais évoqué la préparation d’une “nuit de cristal”. Aucun avocat n’ayant accepté de nous défendre, j’ai plaidé moi-même ma défense. J’ai gagné. Cependant, tout a changé lorsque, à partir de 1999, nous avons étendu notre action à l’étranger. J’ai eu la surprise de constater que certains de nos administrateurs, sincèrement engagés dans la lutte contre le racisme, défendaient des principes opposés lorsqu’il s’agissait du Proche-Orient. Là-bas, ils se satisfaisaient très bien de l’apartheid israélien. Notre conseil d’administration est devenu un champ de bataille. En définitive, les administrateurs sionistes ont été mis en minorité. Ils ont démissionné, les uns après les autres, non sans insulter avec un acharnement particulier un de nos administrateurs qui est juif antisioniste. Ils ont répandu, via Internet, des calomnies contre lui dans l’espoir de ruiner son entreprise, ce qu’ils ne sont pas parvenus à faire.
Dans la situation politique internationale actuelle, je pense que le meilleur moyen d’agir contre l’antisémitisme, c’est de dénoncer la prétention illégitime de l’État d’Israël à représenter les juifs dans leur ensemble et à les rendre responsables des crimes du sionisme. Je l’écris de manière récurrente dans mes articles.
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