Au terme d’un psychodrame d’une semaine, le Congrès américain a adopté vendredi 3 octobre 2008 une loi autorisant l’injection de 700 milliards de dollars dans l’économie américaine en vue de contenir la bourrasque financière et boursière qui a entraîné la faillite de treize banques et compagnies d’assurances et de sept cent mille foyers américains du fait d’un gestion spéculative des prêts immobiliers, sinistrant l’industrie automobile avec une chute de la production de l’ordre de 26 pour cent, plongeant dans la récession bon nombre de pays européens, dont la France.
René Naba tire les premiers enseignements de ce cataclysme économique tant en ce qui concerne la position des Etats-Unis dans le monde que de la nouvelle configuration économique de la planète.
-Le message subliminal des pays occidentaux au reste du Monde: Oui aux capitaux exotiques, non à l’immigration basanée
-Les avatars militaires des Etats-Unis et la faillite du néo-capitalisme de l’ère post-soviétique signent la fin de cinq siècles de domination absolue de l’Occident sur le reste du monde
Paris, 4 octobre 2008- Sur fond d’un paysage sinistré de l’économie occidentale, marqué par de faillites retentissantes de grands établissements de renom tant aux Etats-Unis qu’en Europe, un basculement stratégique s’est opéré en 2008 au niveau de la «géo-économie» mondiale avec la recomposition de la carte bancaire américaine, l’entrée spectaculaire des fonds souverains arabes ou asiatiques dans le capital de grandes sociétés américaines ou européennes et l’affirmation de plus en plus marquée des grands pays du Sud, les pétromonarchies du Golfe et le groupe Bric (Brésil, Inde, Chine et Afrique du Sud) comme acteurs majeurs de la scène mondiale au point que se pose la question de la pérennité de l’hégémonie planétaire des Etats-Unis et de la viabilité des structures internationales tant financières que politiques mises en place dans la foulée de la Deuxième Guerre Mondiale (1939-1945), notamment le Conseil de sécurité de l’ONU, le Fonds Monétaire International et la Banque Mondiale, ainsi que le G7, le regroupement des sept pays les plus industrialisés de la planète crée après la première crise du pétrole (1973).
L’Inde, via le groupe Mittal, en s’emparant du premier groupe sidérurgique européen (Sacelor-Arcelor), la Chine, en devenant actionnaire du plus gros fonds d'investissement américain, Blackstone, à hauteur de dix pour cent sans droit de vote, pour une valeur de trois milliards de dollars, parallèlement à la mainmise de la Bourse de Dubaï et de Qatar Investment Autority (QIA) sur la moitié de London Stock Exchange et la prise de participation en 2006 de la banque publique russe VTB de 5% du capital du consortium aéronautique franco-allemand EADS, ont démontré leur vitalité et leur ambition de redéfinir les contours de la nouvelle économie mondiale en voie de constitution.
I-La recomposition de la carte bancaire américaine
Ce bouleversement a conduit les dirigeants de la finance internationale sinon à pactiser avec leurs rivaux potentiels, à tout le moins à modérer leurs prétentions du fait de la conjonction de quatre facteurs cumulatifs.
-l’affaiblissement de l’économie américaine du fait des coûts de la guerre d’Irak et d’Afghanistan, estimé par le prix Nobel américain de l’économie Joseph Stiglitz à près de trois mille milliards de dollars (1),
-la gestion spéculative des prêts immobiliers américains et la cascade des pertes connexes qui s’en est ensuivie de l’ordre de 945 milliards de dollars selon un rapport du FMI (2) dont vingt milliards de dollars pour les banques françaises (Crédit agricole, Société générale, Dexia (6,5 milliards d’euro ainsi que les filiales de la CNCE (caisse nationale des caisses d’epargne) Natexis-Nexity (6 milliards d’euros)
-le pactole constitué par les états pétroliers du fait du renchérissement du prix du brut, estimé fin 2007, à 3.355 milliards de dollars,
-le matelas aménagé par les banques centrales étrangères en bons de trésor américain, de l’ordre de 2.500 milliards de dollars.
Dans ce contexte économique chahuté, les capitaux étrangers ont ainsi opéré une percée remarquée dans un système bancaire américain en pleine recomposition, n’épargnant pas même certains des fleurons de Wall Street. Si JP Morgan a réussi à tirer son épingle du jeu, il n’en est pas de même de trois autres grandes banques d’investissement, Merryl Lynch et Lehman Brothers et Morgan Stanley. Confirmant son rôle de prédateur de la finance, JP Morgan s’est ainsi hissé au premier rang des banques américaines, s’emparant coup sur coup en 2008 de la banque Bear Stearns et de Washington Mutual Bank, la plus importante caisse d’épargne du pays, devenant ainsi la plus grosse banque américaine avec des dépôts de l’ordre par 900 milliards de dollars, dont 188 milliards repris à Washington Mutual. Mais les trois autres grandes banques d’investissement de Wall Street, -Merryl Lynch et Lehman Brothers et Morgan Stanley-, ont fait les frais de cette gestion hasardeuse de prêts immobiliers aléatoires, de même que le plus grand groupe d’assurance américain AIG, repêché de justesse avant naufrage par le gouvernement américain.
Lehman Brothers, à la suite d’une dépréciation de près de 25 milliards de dollars de ses actifs, a été conduite à se placer sous la protection du chapitre 11 de la législation financière américaine qui aménage la protection des entreprises en faillite, alors que Morgan Stanley, pour échapper à un sort funeste, faisait alliance avec Mitsubishi UJF, cédant 20 pour cent de ses parts au géant asiatique pour neuf milliards de dollars. Merryl Lynch a été, elle, rachetée purement et simplement par la Bank of America.
Troisième banque d'investissement du pays et sans doute l'une des plus touchée par la crise financière avec près de 40 milliards de dollars de dépréciations depuis le début de la crise, Merryl Lynch avait dû solliciter l’aide du Koweït et de la Corée du sud pour 6,5 milliards de dollars d’actions préférentielles, leur cédant 25% de participation. Elle a même dû céder 8 milliards d'actifs complémenaires après des pertes abyssales au deuxième trimestre 2008 (de l’ordre de 4,89 milliards de dollars). Déjà plombée par 9,75 milliards de dépréciations supplémentaires, elle a été contrainte de céder une nouvelle fois des actifs dont sa part dans Bloomberg et dans Financial Data Services, avant d’être rachetée par Bank of America.
Pour sa part, Citigroup, qui était jusqu’à la crise la première banque des Etats-Unis, a dû solliciter le concours des Fonds Souverains du Koweït et de Singapour pour combler les pertes de l’ordre de 14,5 milliards de dollars résultant d’investissements malheureux dans des produits liés aux crédits «subprimes». Le Prince saoudien Walid Ben Talal, déjà actionnaire de l’établissement, et la famille dirigeante d’Abou Dhabi avec une prise de participation au capital de l’ordre de 7,5 milliards, ont participé à cette opération de renflouage. Au total, la banque a été alimentée à hauteur de 22 milliards de fonds originaires d’Asie et du Moyen-Orient, en 2008. Toutefois, cette jonglerie financière va coûter cher à Citigroup qui va devoir payer 1,7 milliards de dollars par an pour rémunérer les différents investisseurs ayant participé à ses deux recapitalisations d’urgence. La première recapitalisation de 7,5 milliards de dollars, annoncée en novembre 2007, était rémunérée à 11%, soit 825 millions de dollars par an. La seconde, de 12,5 milliards de dollars, à 9 %, soit 875 millions de dollars par an.
Dans le cas de la deuxième opération, les obligations sont non cessibles pendant les sept premières années. Si aucun des investisseurs ne les convertit en actions pendant cette période, elles auront donc coûté plus de 6,1 milliards de dollars à Citigroup. De son côté, Wells Fargo a absorbé le 3 octobre sa concurrente Wachovia pour un montant de 15,1 milliards de dollars (10,86 milliards d'euros). Wachovia, 4eme banque des Etats-Unis, était affligée de 42 milliards de ses dettes. Indice d’une aggravation de la crise qui a déjà jeté à la rue près de 700.000 foyers américains, les banques américaines manifestent désormais des réticences à se lancer dans des opérations de sauvetage faute de garanties financières de l’Etat lequel ne souhaite plus s'impliquer davantage, après le financement de la faillite de treize établissements depuis le début de la crise.
La bourrasque n’a pas épargné non plus l’Europe où deux banques anglaises ont été nationalisées, Northern Rock et Bradford et Bingley, un fonds britannique spécialisé dans l'immobilier, de même qu’une banque belgo néerlandaise Fortis, première banque belge, seconde banque néerlandaise, premier employeur privé en Belgique. Fortis avait racheté il y a un an tout juste, la banque ABN, pour la somme de 24 milliards d'euros, lors que la France et la Belgique s’employaient à renflouer à hauteur de 6,5 milliards d’euros DEXIA, la banque de financement des collectivités locales, et que NATEXIS, filiale de la Caisse d’Epargne Française, était place sous observation.
René Naba tire les premiers enseignements de ce cataclysme économique tant en ce qui concerne la position des Etats-Unis dans le monde que de la nouvelle configuration économique de la planète.
-Le message subliminal des pays occidentaux au reste du Monde: Oui aux capitaux exotiques, non à l’immigration basanée
-Les avatars militaires des Etats-Unis et la faillite du néo-capitalisme de l’ère post-soviétique signent la fin de cinq siècles de domination absolue de l’Occident sur le reste du monde
Paris, 4 octobre 2008- Sur fond d’un paysage sinistré de l’économie occidentale, marqué par de faillites retentissantes de grands établissements de renom tant aux Etats-Unis qu’en Europe, un basculement stratégique s’est opéré en 2008 au niveau de la «géo-économie» mondiale avec la recomposition de la carte bancaire américaine, l’entrée spectaculaire des fonds souverains arabes ou asiatiques dans le capital de grandes sociétés américaines ou européennes et l’affirmation de plus en plus marquée des grands pays du Sud, les pétromonarchies du Golfe et le groupe Bric (Brésil, Inde, Chine et Afrique du Sud) comme acteurs majeurs de la scène mondiale au point que se pose la question de la pérennité de l’hégémonie planétaire des Etats-Unis et de la viabilité des structures internationales tant financières que politiques mises en place dans la foulée de la Deuxième Guerre Mondiale (1939-1945), notamment le Conseil de sécurité de l’ONU, le Fonds Monétaire International et la Banque Mondiale, ainsi que le G7, le regroupement des sept pays les plus industrialisés de la planète crée après la première crise du pétrole (1973).
L’Inde, via le groupe Mittal, en s’emparant du premier groupe sidérurgique européen (Sacelor-Arcelor), la Chine, en devenant actionnaire du plus gros fonds d'investissement américain, Blackstone, à hauteur de dix pour cent sans droit de vote, pour une valeur de trois milliards de dollars, parallèlement à la mainmise de la Bourse de Dubaï et de Qatar Investment Autority (QIA) sur la moitié de London Stock Exchange et la prise de participation en 2006 de la banque publique russe VTB de 5% du capital du consortium aéronautique franco-allemand EADS, ont démontré leur vitalité et leur ambition de redéfinir les contours de la nouvelle économie mondiale en voie de constitution.
I-La recomposition de la carte bancaire américaine
Ce bouleversement a conduit les dirigeants de la finance internationale sinon à pactiser avec leurs rivaux potentiels, à tout le moins à modérer leurs prétentions du fait de la conjonction de quatre facteurs cumulatifs.
-l’affaiblissement de l’économie américaine du fait des coûts de la guerre d’Irak et d’Afghanistan, estimé par le prix Nobel américain de l’économie Joseph Stiglitz à près de trois mille milliards de dollars (1),
-la gestion spéculative des prêts immobiliers américains et la cascade des pertes connexes qui s’en est ensuivie de l’ordre de 945 milliards de dollars selon un rapport du FMI (2) dont vingt milliards de dollars pour les banques françaises (Crédit agricole, Société générale, Dexia (6,5 milliards d’euro ainsi que les filiales de la CNCE (caisse nationale des caisses d’epargne) Natexis-Nexity (6 milliards d’euros)
-le pactole constitué par les états pétroliers du fait du renchérissement du prix du brut, estimé fin 2007, à 3.355 milliards de dollars,
-le matelas aménagé par les banques centrales étrangères en bons de trésor américain, de l’ordre de 2.500 milliards de dollars.
Dans ce contexte économique chahuté, les capitaux étrangers ont ainsi opéré une percée remarquée dans un système bancaire américain en pleine recomposition, n’épargnant pas même certains des fleurons de Wall Street. Si JP Morgan a réussi à tirer son épingle du jeu, il n’en est pas de même de trois autres grandes banques d’investissement, Merryl Lynch et Lehman Brothers et Morgan Stanley. Confirmant son rôle de prédateur de la finance, JP Morgan s’est ainsi hissé au premier rang des banques américaines, s’emparant coup sur coup en 2008 de la banque Bear Stearns et de Washington Mutual Bank, la plus importante caisse d’épargne du pays, devenant ainsi la plus grosse banque américaine avec des dépôts de l’ordre par 900 milliards de dollars, dont 188 milliards repris à Washington Mutual. Mais les trois autres grandes banques d’investissement de Wall Street, -Merryl Lynch et Lehman Brothers et Morgan Stanley-, ont fait les frais de cette gestion hasardeuse de prêts immobiliers aléatoires, de même que le plus grand groupe d’assurance américain AIG, repêché de justesse avant naufrage par le gouvernement américain.
Lehman Brothers, à la suite d’une dépréciation de près de 25 milliards de dollars de ses actifs, a été conduite à se placer sous la protection du chapitre 11 de la législation financière américaine qui aménage la protection des entreprises en faillite, alors que Morgan Stanley, pour échapper à un sort funeste, faisait alliance avec Mitsubishi UJF, cédant 20 pour cent de ses parts au géant asiatique pour neuf milliards de dollars. Merryl Lynch a été, elle, rachetée purement et simplement par la Bank of America.
Troisième banque d'investissement du pays et sans doute l'une des plus touchée par la crise financière avec près de 40 milliards de dollars de dépréciations depuis le début de la crise, Merryl Lynch avait dû solliciter l’aide du Koweït et de la Corée du sud pour 6,5 milliards de dollars d’actions préférentielles, leur cédant 25% de participation. Elle a même dû céder 8 milliards d'actifs complémenaires après des pertes abyssales au deuxième trimestre 2008 (de l’ordre de 4,89 milliards de dollars). Déjà plombée par 9,75 milliards de dépréciations supplémentaires, elle a été contrainte de céder une nouvelle fois des actifs dont sa part dans Bloomberg et dans Financial Data Services, avant d’être rachetée par Bank of America.
Pour sa part, Citigroup, qui était jusqu’à la crise la première banque des Etats-Unis, a dû solliciter le concours des Fonds Souverains du Koweït et de Singapour pour combler les pertes de l’ordre de 14,5 milliards de dollars résultant d’investissements malheureux dans des produits liés aux crédits «subprimes». Le Prince saoudien Walid Ben Talal, déjà actionnaire de l’établissement, et la famille dirigeante d’Abou Dhabi avec une prise de participation au capital de l’ordre de 7,5 milliards, ont participé à cette opération de renflouage. Au total, la banque a été alimentée à hauteur de 22 milliards de fonds originaires d’Asie et du Moyen-Orient, en 2008. Toutefois, cette jonglerie financière va coûter cher à Citigroup qui va devoir payer 1,7 milliards de dollars par an pour rémunérer les différents investisseurs ayant participé à ses deux recapitalisations d’urgence. La première recapitalisation de 7,5 milliards de dollars, annoncée en novembre 2007, était rémunérée à 11%, soit 825 millions de dollars par an. La seconde, de 12,5 milliards de dollars, à 9 %, soit 875 millions de dollars par an.
Dans le cas de la deuxième opération, les obligations sont non cessibles pendant les sept premières années. Si aucun des investisseurs ne les convertit en actions pendant cette période, elles auront donc coûté plus de 6,1 milliards de dollars à Citigroup. De son côté, Wells Fargo a absorbé le 3 octobre sa concurrente Wachovia pour un montant de 15,1 milliards de dollars (10,86 milliards d'euros). Wachovia, 4eme banque des Etats-Unis, était affligée de 42 milliards de ses dettes. Indice d’une aggravation de la crise qui a déjà jeté à la rue près de 700.000 foyers américains, les banques américaines manifestent désormais des réticences à se lancer dans des opérations de sauvetage faute de garanties financières de l’Etat lequel ne souhaite plus s'impliquer davantage, après le financement de la faillite de treize établissements depuis le début de la crise.
La bourrasque n’a pas épargné non plus l’Europe où deux banques anglaises ont été nationalisées, Northern Rock et Bradford et Bingley, un fonds britannique spécialisé dans l'immobilier, de même qu’une banque belgo néerlandaise Fortis, première banque belge, seconde banque néerlandaise, premier employeur privé en Belgique. Fortis avait racheté il y a un an tout juste, la banque ABN, pour la somme de 24 milliards d'euros, lors que la France et la Belgique s’employaient à renflouer à hauteur de 6,5 milliards d’euros DEXIA, la banque de financement des collectivités locales, et que NATEXIS, filiale de la Caisse d’Epargne Française, était place sous observation.
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