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Indicateurs économiques : Les chiffres de la discorde

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  • Indicateurs économiques : Les chiffres de la discorde

    Le débat n’est pas tranché en Algérie

    Tandis que les grandes économies de la planète souffrent de la récession économique, notre ministre des Finances promettait, avant-hier devant l’APN, un taux de croissance de 4,1% (6,6% hors hydrocarbures) pour l’exercice 2009. Le taux de croissance devra at-teindre, pour cette année, 5,8%, selon les estimations du ministre. Pour les économistes, ce taux de croissance calculé par l’utilisation d’un seul indicateur économique (le produit intérieur brut) ne peut en aucun refléter la réalité de l’économie nationale. L’indicateur du PIB comme mesure de la croissance économique et du développement reste imparfait. Cet indicateur ne mesure pas, ou mal, l’économie informelle qui constitue plus de 70% du marché en Algérie, selon les dernières estimations. Le gouvernement utilise l’ancienne méthode pour obtenir ce taux de croissance élevé que même les grandes économies trouvent des difficultés à atteindre dans ces temps de crise. La recette est simple: On mesure la somme des valeurs ajoutées des entreprises publiques du pays avant d’ajouter le solde de la balance extérieure qui enregistre, ces dernières années, un excédent non à cause du développement de la productivité de l’économie nationale mais tout simplement grâce à la flambée des cours de brut dans les marchés financiers. On obtient ainsi, selon les termes utilisés par les économistes, une certaine mesure quantitative du volume de la production. Le produit intérieur brut (PIB) a progressé de 3% en juin dernier (6,3% hors hydrocarbures), précise-t-on. Le taux d’inflation a aussi connu une croissance pour atteindre 4,5%. De l’avis des économistes, l’indicateur du taux de croissance n’est pas seulement discutable mais peut induire en erreur les politiques dans l’élaboration de stratégies de développement économique. Le terme de croissance économique ne devra pas être confondu avec développement économique car le calcul de la croissance ne prend pas en considération les mutations économiques et sociales propres à une économie en expansion. Disparition de la couche moyenne En Algérie, la croissance économique a autorisé un enrichissement des caisses de l’Etat mais, parallèlement, elle n’a pas permis de transformer la vie des individus en leur procurant davantage de biens et services. Dans un pays où on se vante d’une hausse des réserves de change à 133 milliards de dollars, il existe, selon les dernières statistiques officielles, plus de six millions de pauvres qui vivent avec un euro. L’enrichissement de l’Etat ne s’est pas traduit par une suppression de la misère matérielle de grands pans de la société et même les fonctionnaires, qui appartenaient dans un temps récent à la couche moyenne, se sont glissés, ces dernières années, dans les couches démunies. La cherté des produits alimentaires de large consommation mais aussi des services, conjuguée à une politique restrictive en matière des révisions des salaires, seraient les causes de cette expansion de la misère matérielle. Pour le simple citoyen, un taux de croissance de 4,1% ou même de 11% ne veut rien dire du moment que ce taux ne conduit pas à une amélioration de son niveau de vie. Pour revenir aux indicateurs macro-économiques, l’optimisme du gouvernement intrigue les économistes qui estiment que l’Algérie ne peut pas être épargnée par les retombées de la crise financière internationale. Certes, les rentrées en devise des hydrocarbures vont atteindre les 80 milliards de dinars en 2008 mais le gouvernement a omis de préciser que la facture des importations a atteint les 32 milliards de dollars, soit presque la moitié de nos entrées financières. Les importations des céréales ont couté 3 milliards de dollars cette année, faisant de l’Algérie l’un des premiers importateurs dans le monde. Pour un pays qui importe 70% de ses besoins alimentaires de l’étranger, il serait inconcevable de croire que l’Algérie sera épargnée par la crise financière. De nombreux observateurs prédisent, en effet, une flambée des prix des produits alimentaires dans les Bourses en raison de la crise bancaire et du durcissement des conditions de crédits qui vont pousser les pays producteurs du «pétrole vert» à revoir à la hausse leurs prix. L’Algérie risque de voir sa facture des importations s’alourdir dans les prochains mois et les réserves de changes pourront être épuisées en l’espace de cinq ans, selon les estimations les plus optimistes. Un scénario qui semble aujourd’hui inévitable vu la frénésie qui s’est emparée, ces dernières semaines, des Bourses. On doit aujourd’hui doubler d’efforts pour redynamiser la production agricole du pays dans l’espoir d’éviter le maximum de dégâts.

    Le Financier
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