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Abdelaziz Bouteflika annonce ses projets

mardi 20 avril 2004, par Hassiba

“Ils sont venus, ils sont tous là”, cette expression, devenue culte grâce à un chanteur d’origine arménienne, aurait pu trouver la substance de son sens, hier, à l’occasion de la cérémonie de prestation de serment d’Abdelaziz Bouteflika, si trois candidats à l’élection présidentielle du 8 avril dernier - Saïd Sadi, Ali Benflis et Fawzi Rebaïne - n’avaient fait défection.

Tous les autres (hommes politiques, dirigeants de l’institution militaire, walis, parlementaires, représentants de la société civile et du corps diplomatique accrédité à Alger...) ont répondu à l’invitation. Parmi les présents se trouvaient aussi ceux qui ont fortement contesté la réélection de Abdelaziz Bouteflika à la magistrature suprême à l’instar de Abdallah Djaballah (président d’El-Islah et ex-candidat), Moussa Touati (président du Front national algérien) et les plus proches collaborateurs d’ Ali Benflis (Abderrazak Dehdouh, Abbas Mikhalif, Abdelkader Zidouk, Sadek Bouguetaya...).

Une heure et demie avant l’arrivée du chef de l’État, les travées de l’immense salle des conférences du Palais des Nations avaient déjà reçu leurs occupants. Les vedettes du jour se comptaient naturellement parmi des personnalités connues du système (Larbi Belkheir, le général major Mohamed Lamari, Yazid Nourredine Zerhouni...) et des responsables du staff électoral de Abdelaziz Bouteflika (Abdeslem Bouchaouareb, Ouahid Bouabdallah et l’incontournable Abdelmalek Sellal).

Le président de la République a rejoint la salle vers 10h 15mn, précédé de peu par les présidents des deux Chambres parlementaires Abdelkader Bensalah et Karim Younès, du Chef du gouvernement Ahmed Ouyahia et du président du Conseil constitutionnel Mohamed Bedjaoui. Il est invité, juste après la récitation de versets de la sourate dédiée à la repentance (Ettaouba, le choix n’est certainement pas fortuit), par le premier président de la Cour suprême à prêter serment, la main droite posée sur le Coran. Le premier magistrat du pays s’est adressé, ensuite, à la nation, dans son second discours d’investiture. Usant d’un ton conciliant, il a estimé qu’il était temps “d’apprendre à vivre normalement avec les différences des autres”.

Le président Bouteflika a passé en revue les projets qu’il mettra en œuvre durant son second mandat : la concorde nationale, les réformes économiques, la révision du code de la famille, la lutte contre la pauvreté... Aussitôt le dernier mot de son discours prononcé, au bout de trente minutes, il a convié l’assistance à une réception à la salle des banquets. L’heure des congratulations était venue.
La garde rapprochée avait du mal à frayer un passage au président tant les gens se bousculaient presque pour parvenir à lui serrer la main, ou, au mieux, lui faire la double bise.

Le Chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, recevait aussi les hommages des cadres de son parti, de ministres et de parlementaires. Aux représentants de la presse, il s’est refusé à toute déclaration. Il s’est limité à dire qu’il remettrait dans la journée sa démission et celle du gouvernement, conformément aux dispositions de la Constitution.
Aucun commentaire, non plus, de la part du ministre de l’Intérieur, Yazid Nourredine Zerhouni, qu’on dit partant du gouvernement à sa demande.

Au sein des groupes, qui se formaient çà et là, la conversation portait systématiquement sur la crise du FLN et la formation du prochain gouvernement. C’est vers 12h30 que le président de la République a quitté le Palais des Nations en direction du Sanctuaire des martyrs, au pied duquel il a déposé une gerbe de fleurs.

Bouteflika et la presse “responsable”

ll Le discours ne consacre pas une grande place à la question de la presse, mais la petite phrase du président renseigne bien sur la façon dont il conçoit la liberté d’expression. “Nous ferons tout pour améliorer la communication entre les organes du pouvoir et les citoyens, par une information responsable et honnête, consciente de ses devoirs et de sa responsabilité dans le renforcement de la cohésion nationale et dans l’image que nous donnons de notre pays au monde entier qui nous observe et qui nous juge négativement et positivement”.

Presse responsable et honnête ? Voudrait-il insinuer une presse docile, des journaux privés de critiques et des journalistes à la solde du pouvoir en place ?
C’est sans doute le souhait de Bouteflika. Lors de sa campagne électorale, le président s’est livré à un procès en règle contre les journaux qui lui sont critiques.
La suite qu’il entend donner à ses attaques électorales présage du pire. Déjà que le vocable “responsable” rappelle les tristes années du parti unique.

Souhila H. et F. Alilat, Liberté