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Algérie-Iran : Ali Laridjani à Alger

mardi 13 juin 2006, par Rédaction

La visite en Algérie de Ali Laridjani, le secrétaire général du Conseil suprême de la sécurité nationale d’Iran, se veut une reconnaissance des bonnes relations entre Alger et Téhéran à l’heure où cette dernière subit des pressions occidentales à cause de son programme nucléaire.

L’Algérie est le seul pays sunnite qui bénéficie de la confiance de l’Iran chiite.

Elle intervient dans un contexte marqué, certes, par une pression accrue sur l’Iran, notamment de la part de Washington pour le ramener à cesser ses activités d’enrichissement de l’uranium, mais assouplie ces derniers jours avec les propositions américaines, dont les exigences sont revues à la baisse, et la position iranienne qui a évolué dans un sens positif.
Toutefois, rien n’est gagné pour autant malgré la disposition affichée de part et d’autre d’aller vers des négociations. Cette visite ressemble, à bien des égards, à une nouvelle sollicitation d’Alger pour une médiation.

Cela est d’autant plus plausible que les premiers contacts entre Washington et Téhéran au début de la crise, épistolaire puissions-nous dire, ont été établis par l’Algérie qui avait servi de “boîte aux lettres”.
Autant Téhéran cultive une méfiance maladive à l’égard des États-Unis, autant elle accorde une totale confiance aux autorités algériennes. Confiance qui remonte à une longue histoire de médiation, de bons offices et de services rendus depuis l’époque du schah jusqu’à aujourd’hui. C’est dans ce sens que cette visite n’est pas une première du genre.

De l’autre côté, les États-Unis sont redevables envers l’Algérie depuis la libération des otages de son ambassade à Téhéran qui a changé complètement l’image d’Alger aux yeux des Américains. Relations que résume parfaitement M. Laridjani en les qualifiant de “relations d’amitié stratégiques solides”. Relations qui ont évolué surtout dans des contextes de crise ayant nécessité la médiation d’Alger. Le poids du secret est donc plus important d’autant que le nouveau régime perçu comme extrémiste et fondamentaliste, et soutenant les mouvements islamistes, n’a pas manqué de “conflits”, que ce soit avec les pays de son voisinage ou avec l’Occident.

L’Algérie, ayant des relations remontant à l’époque de la guerre de Libération nationale avec des pays de la région, notamment l’Irak, a vite fait de “renvoyer l’ascenseur” en participant activement à l’opération de bornage des frontières entre l’Iran et l’Irak en 1975. Geste qui va inaugurer une nouvelle ère diplomatique entre Alger et toute la région. L’histoire secrète sous-tendra les efforts diplomatiques particulièrement avec l’entrée en jeu des mouvements radicaux, le Jihad islamique et le Hizbollah, les plus réputés, soutenus par l’Iran.

Les relations entre Alger et Téhéran deviennent électriques jusqu’à la rupture dans les années de terrorisme, les années 1990. La tension se dissipe lors de la rencontre entre Bouteflika et Khatami qui renouent ces relations d’un genre particulier dans l’histoire de la diplomatie. Les échanges vont s’intensifier à tous les niveaux, culturel, commercial, politique... jusqu’à la nouvelle crise, celle du nucléaire. Le président Bouteflika défendra le droit du sud de l’Iran à disposer de la technologie nucléaire civile. Position qui conforte l’Iran, mais aussi Washington qui voit en l’Algérie “un allié œuvrant pour la paix et les solutions négociées”. Aux Américains qui affichent “publiquement” leur amitié stratégique avec l’Algérie, l’Iran révèle une démonstration de taille dans ses options diplomatiques.

Synthèse de Mourad, algerie-dz.com
D’après Liberté