Accueil > ALGERIE > Algérie : Les caisses obscures de Khalifa

Algérie : Les caisses obscures de Khalifa

dimanche 14 janvier 2007, par Ahlem

Le procès du plus grand scandale financier en Algérie continue de dévoiler les dessous de la gestion frauduleuse de Khalifa Bank qui a permis au patron Rafik Khalifa de détourner des milliards.

Le procès Khalifa scandalise la population en Algérie.

La présidente du tribunal criminel de la cour de Blida a clôturé, hier, au cinquième jour du procès Khalifa, le volet de la procédure « fallacieuse » par laquelle est née El Khalifa Bank, et est entrée dans le vif du sujet, celui de la caisse principale de l’ex-banque. Dans une suite logique, Mme Brahimi commence par appeler à la barre le premier responsable de la caisse principale, Akli Youcef, traduit en criminel avec cinq chefs d’inculpation, qui a « éclairé » son auditoire par des données « invraisemblables » sur la manière avec laquelle a été géré son département. Evidemment, il commence par retracer son parcours professionnel en Algérie. La présidente néglige certaines « haltes », mais l’arrête lorsqu’il dit qu’il était caissier à la BDL avant de rejoindre dans un premier temps l’agence de Chéraga d’El Khalifa Bank, en septembre 1997, puis son poste de caissier principal de la banque, depuis son ouverture en janvier 1998.

« C’est là que je voulais en venir (...) Nous voilà donc face à la grande famille de la BDL », lance la présidente, un sourire au coin des lèvres. Elle devait, sans doute, faire allusion au faite que la majorité des cadres qui entouraient Abdelmoumène Khalifa du temps de son « règne » sont venus de la banque publique BDL. La caisse principale, une poule aux œufs d’or pour Khelifa ! La présidente demande à Akli de lui expliquer le rôle de la caisse principale et la provenance de l’argent par lequel elle était alimentée. « Quand je suis arrivé à la caisse principale, le coffre-fort était vide, et ce n’est qu’au fil des jours qu’il a évidemment commencé à être rempli avec l’argent des dépôts transmis par les différentes agences d’Alger », dit-il. « Vous voulez dire l’argent des épargnants et des entreprises publiques et privées qui sont venues placer leur argent dans cette banque ? » tient à préciser la présidente qui arrache un tout petit « oui » de la part de son interlocuteur.

Jusque-là, Mme Brahimi était très calme, mais elle haussa soudainement le ton lorsque l’accusé lui explique que pour faire sortir l’argent de la caisse principale, il lui suffisait juste « un coup de fil de la part du patron qui demandait telle ou telle somme ».« Khelifa m’appelait assez souvent pour que je lui envoie de l’argent à travers certaines personnes qu’il m’envoyait lui ou qui étaient chargées de m’appeler à sa place pour que je le fasse », explique-t-il en notant que sa hiérarchie directe au sein de la banque était la direction de la trésorerie, gérée à l’époque par M. Baichi. La présidente veut en savoir plus. « Le patron m’appelait et me disait qu’il va lui-même passer prendre l’argent ou m’envoyer quelqu’un, et je lui préparait cette somme en dix minutes, quel que soit son montant et sans prendre la peine de les enregistrer où encore de faire signer des décharges et laisser ainsi une trace écrite », exolique-t-il.

La présidente lui demande les monnaies dans lesquelles sortait l’argent. « Il y avait de l’argent qui sortait en dinar et d’autres en devises, que ce soit en franc français ou plus tard en euro, en dollar américain, en franc belge ou encore d’autres monnaies. » Le montant exact de ces sommes ? Akli Youcef dit ne pas s’en souvenir, d’autant plus qu’il a « sorti l’argent de cette manière à plusieurs reprises ». La présidente sortit alors un tableau sur lequel sont portés ces chiffres. Les données sont accablantes. Elle fait savoir ainsi que le caissier principal envoyait des sommes colossales d’argent à Abdelmoumène Khelifa sans aucune trace écrite. « Les chiffres sont là pour l’attester ! » En moins de quatre ans d’existence, 2,292 milliards de DA, 1,799 million de dollars, 8,105 millions d’euros, 7 millions de francs français, 8 700 francs belges sont sortis de la caisse principale sur ordre d’Abdelmoumène Khelifa à Akli Youcef qui ne les a « notés » nulle part.

Des milliards étaient prêts en dix minutes seulement pour Abdelmoumène ! Akli explique dans ce sens qu’il a demandé à Khelifa s’il pouvait ou non enregistrer cet argent. Ce dernier lui répondait que « ce sera régularisé dans un proche avenir », et qu’il « en avait besoin pour les dépenses du groupe ». Par conséquent, précise la présidente, « tu pouvais facilement prendre un milliard pour Moumène et un autre pour toi sans t’en soucier ? » L’avocat d’Akli Youcef, M. Bourayou, s’oppose à la question et fait savoir à la juge que c’est là une déduction qui n’a pas lieu d’être. La présidente passe à autre chose et demande des précisions sur les noms des personnes, envoyées par le « boss », pour venir prendre de l’argent. « Il y avait Krim Ismail, Djamel Guelimi, Chachoua Abdelhafid, auxquels je pouvais donner de l’argent sans avoir l’accord de Khelifa, puisque je savais qu’ils venaient systématiquement de sa part », affirme Akli.

Synthèse de Ahlem, algerie-dz.com
D’après le Jeune Indépendant