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Bouteflika, Mohamed VI et le business

lundi 21 mars 2005, par nassim

La capitale algérienne, sera-t-elle celle des grandes décisions pour le Maghreb ? C’est, somme toute, l’épaisseur des interrogations des milieux casablancais où l’annonce de la participation de Mohamed VI au Sommet d’Alger et sa probable rencontre avec Bouteflika, ont fait naître de grands espoirs.

Soyons clairs : à Casablanca, loin des méandres politiques de la capitale du royaume, ce sont surtout les aspects économiques du rapprochement entre Rabat et Alger qui priment, avec en perspective la reprise du business entre les deux communautés d’affaires.

Le regain d’optimisme qui prévaut, actuellement, dans la capitale économique du Maroc, partagé certes avec les villes frontalières, trouve son explication dans la déclaration du ministre algérien des Affaires étrangères, M. Abdelaziz Belkhadem, selon lequel il y aura « un sommet algéro-marocain à Alger », en marge du sommet de la Ligue arabe. Selon le ministre algérien, une rencontre entre le Président Abdelaziz Bouteflika et le Roi Mohamed VI est « envisagée », en prélude à un probable sommet des pays de l’UMA, à Alger même. L’annonce de cette rencontre, faite à une chaîne de télévision arabe par M. Belkhadem, ne procède surtout pas du fait du hasard, ni d’une décision prise à la légère par les deux pays. En fait, les signes avant-coureurs de cet événement remontent à plusieurs mois, sinon plus d’une année, avec la réactivation des relations bilatérales entre les deux pays, l’échange de visites de délégations officielles, même si sur le plan de la profondeur elles sont restées, jusque-là, modestes. Certes, les politiques des deux pays n’ont eu de cesse de répéter, ces derniers temps, leur volonté d’assainir leurs relations, même si en toile de fond le dossier sahraoui reste, pour de nombreux observateurs, le point d’interrogation de ce « come back » maroco-algérien.

Et, comme pour donner plus de poids à l’annonce faite par le ministre algérien des Affaires étrangères, le Roi du Maroc a annoncé, samedi, qu’il se rendra à Alger à partir de la capitale française pour assister au sommet de la Ligue arabe. « Il y a des signes avant-coureurs que quelque-chose est en train de se passer entre Alger et Rabat, quelque-chose de nouveau, peut-être, qui serait en mesure de baliser le chemin à une meilleure compréhension de ce que veulent les uns et les autres », estiment des hommes d’affaires casablancais. A Madrid, la semaine dernière, lors de la commémoration des attentats terroristes du 11 mars 2004, Bouteflika et Mohamed VI ont échangé quelques propos.

Nul ne sait ce qu’ils se sont dit, mais cela démontre au moins le fait que « le dialogue n’a jamais été rompu entre les deux pays », estime un diplomate européen en poste à Casablanca. Selon la déclaration du ministre algérien, la rencontre au sommet Bouteflika-Mohamed VI sera le prélude à un sommet de l’UMA, autrement dit, la rencontre entre les deux chefs d’Etat pourrait ouvrir la voie à un déblocage de l’union sur certains dossiers qui ont entravé la bonne marche de l’Union maghrébine. En outre, si une telle rencontre aura lieu, il n’est pas exclu, également, qu’elle ne soit que « le premier pas » vers le règlement de certains contentieux entre les deux pays, et pas seulement politiques, ni ceux relatifs à la réouverture des frontières ou la levée des visas pour les ressortissants marocains.

« La profondeur des relations qui lient les deux pays voisins, au passé presque identique, au plan social, culturel ou historique, n’a cependant d’égal que celle de leur propension à vouloir couper un cheveu en quatre », résume le même diplomate. A Casablanca, en tout cas, on retient son souffle, et « on espère qu’un jour le gaz algérien fera chauffer les affaires entre les deux pays », selon l’expression d’un vieux « beldi » de Casa.

Par Berrada S., quotidien-oran.com