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D’Alger et d’Amour de Salima Aït Mohamed

Les douleurs de l’absente

mercredi 10 mars 2004, par Hassiba

Journaliste, Salima Aït Mohamed a exercé dans la presse écrite et à chaîne II (kabyle) de la radio nationale. En 1995, à l’époque où les monstres éteignaient les lumières, Salima Aït Mohamed a choisi de continuer à vivre et... de dire.

Elle s’installe en France où elle vit actuellement. Avant d’atterrir dans le monde de la presse, Salima a suivi une formation en philosophie et en éthnologie (licenciée). Après son passage dans les journaux, elle se met à l’écriture poétique pour dire ses sentiments.

Elle a publié de nombreux livres aux éditions Autres temps : Alger, triste soir (poème), Ecrits d’Algérie, La cuisine égyptienne des pharaons à nos jours, Contes merveilleux de la Méditerranée, Contes magiques de Haute Kayblie, Poésie grecque contemporaine. Son dernier livre est un recueil de poésies de 132 pages intitulé D’Alger et d’amour. Gérard Blua qui présente l’ouvrage note : "Poète avant tout, Salima Aït Mohamed ne pouvait ouvrir son exil en France en 1994 que par un superbe texte, Alger, triste Soir, douleur de l’absence du pays aimé et de la déchirure d’avec les siens. Sept ans après, si les plaies perdurent sous le soleil de Provence, Alger retrouve ses visages dans la mémoire du poète, la Kabylie est à nouveau en fleurs de son histoire". Pour le préfacier, D’Alger et d’Amour, ainsi, déroule d’un poème à l’autre toutes ses racines d’avenir, recréant les fils du voyage et les fils voyageurs laissant les regards pleurer leurs attentes de retrouvailles fraternelles. Avec ces nouveaux textes, conclut Blua, Salima Aït Mohamed confirme qu’elle est l’une des plus brillantes plumes méditerranéennes de sa génération. Salima Aït Mohamed dédie ses poèmes aux poètes qui, en temps de guerre, célèbrent l’offrande de l’amour, à la cité qui sommeille parmi les racines de l’espérance et "aux miens qui attendent le retour des colombes".

On retrouve beaucoup de nostalgie chez Salima. Les villes d’Algérie, celles qui l’ont marquée, reviennent comme le refrain d’une chanson : Tigzirt, Alger, Tipaza puis arrivent les "mots d’exil" où il est question de cérémonie d’adieu, de la maison au bout des champs "où se bousculent les spectres et chimères des jours impatients et des douleurs embrasées". Pour Salima, Tigzirt est une lumière de rose : Tigzirt s’oublie et ignore ses villages, en grappes jubilantes, étendues, sur des éperons verdoyants et songeurs. Le message de Salima est un chant d’espoir, un rendez-vous d’optimisme : "Je crois qu’il faut renaître de nos pleurs amers, de nos lilas assombris...". Que représente la poésie pour cette femme privée de sa terre natale, mais pas de parole ? Pour répondre, elle cite André Pieyre de Mandiargues : "La poésie, comme l’art, est inséparable de la merveille."

Aomar Mohellebi , La Dépêche de Kabylie