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En asie du sud, les nations unies aux commandes

vendredi 7 janvier 2005, par Hassiba

Devant les 26 dirigeants réunis hier à Djakarta, Kofi Annan a exhorté les pays donateurs à tenir leurs promesses.

L’ONU sera aux manettes pour gérer les conséquences de « la plus grande catastrophe naturelle à laquelle elle a été confrontée depuis sa naissance », comme l’a dit son secrétaire général, Kofi Annan, lors du sommet d’urgence consacré à la coordination de l’aide internationale, hier à Djakarta (Indonésie). Les Etats-Unis ayant proclamé hier la dissolution de la « coalition humanitaire » qu’ils avaient annoncé avoir formée, avec le Japon, l’Australie et l’Inde, la voie était libre pour donner un rôle clair aux Nations unies. L’organisation a été reconnue comme maître des opérations par les 26 nations et organisations internationales réunies à Djakarta. La présence de navires de l’US Navy près des détroits de Malacca suscite la méfiance des pays de la région. « Ils resteront quelques semaines, peut-être quelques mois, mais certainement pas quelques années », a assuré Kofi Annan.

« Neutre »

Les pays asiatiques touchés par le tsunami avaient appelé vivement à la mise en place d’une autorité « neutre et légitime » pour prendre la tête des opérations de secours. Dès l’ouverture du sommet, le président indonésien Susilo Bambang Yudhoyono a réclamé la nomination d’un « monsieur Catastrophe » au sein de l’ONU, affirmant qu’elle seule a l’autorité nécessaire pour mener ces actions d’urgence. Les difficultés d’acheminement de l’aide dans les régions les plus reculées sont dues avant tout à des problèmes de coordination des opérations.

La tâche dévolue à l’ONU est colossale. D’après l’organisation internationale, le bilan du cataclysme va certainement dépasser les 150 000 morts, puisque des corps sont toujours extraits des décombres et d’autres ramenés par la mer. En tout, cinq millions de personnes ont aujourd’hui besoin d’aide. « Nous avons le devoir d’empêcher le tsunami d’être suivi d’une seconde vague de morts, qui viendrait cette fois de causes que l’on peut prévenir », a insisté Kofi Annan. L’aide doit parvenir vite, car on craint l’explosion d’épidémies.

Promesses

La solution : de l’argent, beaucoup d’argent, et vite. L’ONU a demandé aux pays donateurs de débloquer 977 millions de dollars sur les six prochains mois pour aider les cinq pays les plus touchés dans les domaines de la nourriture, de l’agriculture, de l’hébergement d’urgence, de la santé... Somme inférieure aux 4 milliards de dollars promis à travers le monde. « Beaucoup de ces promesses nous sont déjà parvenues, en nature ou comptant. On a besoin que le reste nous soit rapidement livré en cash », a indiqué le secrétaire général. Son bras droit, Jan Egeland, avait déjà mis en garde contre le risque d’effets d’annonce de la part des pays qui rivalisent de générosité en espérant en retirer un bénéfice politique. Après le tremblement de terre de Bam, en Iran, fin 2003, moins de la moitié des promesses de dons avaient effectivement été versées. Les pays présents à Djakarta ont demandé à l’ONU d’organiser une nouvelle conférence, afin que chaque pays s’engage formellement sur le montant de sa contribution.

L’argent déjà promis ne suffira pas, car l’effort devra se poursuivre sur le long terme : les régions dévastées pourraient mettre de cinq à dix ans pour se relever de la catastrophe. L’UE a annoncé hier qu’elle augmenterait son enveloppe d’aide, qui devrait atteindre les 450 millions d’euros. Dans cette optique, la volonté de mettre en place un moratoire sur la dette des pays concernés, soutenue par la France et le Royaume-Uni, a été saluée ; mais la décision finale ne sera prise qu’au sein du Club de Paris, qui se réunit la semaine prochaine.

Les contributions ne se résument pas à l’effort financier, « même si celui-ci est essentiel ». Pour éviter qu’un nouveau tsunami n’entraîne un désastre comparable au 26 décembre, les pays touchés ont demandé la mise en place d’un système d’alerte dans la région (lire ci-contre). Le Japon a proposé son expertise technique sur le sujet. Par ailleurs, le sommet a insisté sur l’importance de l’éducation des populations en cas de tsunami : le 26 décembre, rares furent ceux qui eurent le réflexe de se protéger vers les hauteurs quand l’océan s’est retiré, annonçant la vague meurtrière.

Par Solenn HONORINE, liberation.fr