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Ghozali : « Le processus électoral est faussé »

dimanche 14 mars 2004, par Hassiba

Bouteflika ne peut être président par sa seule décision. Par vote ou par fraude, il ne peut s’y prendre seul », a déclaré hier Sid-Ahmed Ghozali, ancien Chef de gouvernement et président du Front démocratique (FD, non agréé), à l’occasion de la conférence de presse qu’il a animée au siège de son parti.

Fallait-il comprendre par cette déclaration que M. Bouteflika est toujours le candidat des décideurs ? M. Ghozali ne va pas jusqu’à nommer les forces qui placeraient M. Bouteflika ou un autre candidat à la tête de l’Etat le 8 avril prochain, mais cela ne l’empêche nullement d’affirmer sa conviction que ces élections sont « un processus manifestement faussé ».

« Aucun signe tangible n’indique que les Algériens choisiront librement leur Président », affirme-t-il. Il explique, toutefois, les récentes déclarations du général Mohamed Lamari comme une sérieuse mise en garde quant à l’instrumentalisation des institutions de l’Etat. « Les déclarations du chef d’état-major de l’armée indiquent clairement qu’en l’absence de la neutralité de l’administration, la neutralité de l’armée ne serait pas plus qu’un non-sens. »

Il ne prévoira, cependant, pas l’issue du processus électoral entamé qui est d’ores et déjà « entaché d’irrégularités ». C’est pourquoi le candidat à la candidature du scrutin du 8 avril prochain a adressé une lettre au président du conseil constitutionnel, constitutionnellement seul responsable de la régularité d’un scrutin présidentiel, le mettant en garde contre toutes les irrégularités qui ont marqué les premières phases de la préparation du scrutin présidentiel.

M. Ghozali énumérera les flagrants abus, iniquités et illégalités qui ont marqué la phase critique de collecte des signatures. Il s’agit, selon le conférencier, de « la monopolisation des médias publics par le pouvoir politique et leur asservissement au profit de quelques candidats, l’interdiction de facto qui a empêché les autres candidats de faire connaître les programmes, préalable à toute approche sérieuse des électeurs pour recueillir leur parrainage ainsi que la violation ouverte de la loi par la non-exigence de la présence physique aux APC ou devant les officiers ministériels, des signataires pour certains candidats, en particulier le président-candidat ».

Sur le registre des signatures invalidées par le conseil constitutionnel, soit 10 081 signatures, M. Ghozali précise qu’il n’a aucune raison pour qu’il ne s’en tienne pas à ses propres chiffres. Ces derniers sont apparemment en manifeste opposition avec ceux figurant dans la décision du Conseil constitutionnel. L’invalidation des signatures du candidat à la candidature de la présidentielle 2004 ne peut être fondée, affirme M. Ghozali, sauf si le postulant à la candidature reçoit copie de ces 10 081 signatures apparemment invalidées. M. Ghozali invite la presse à une autre conférence mercredi prochain pour discuter des « graves propos » du ministre de l’Intérieur quant au refus d’agrément au FD.

« Se taire sur ces propos ne peut être pardonnable », dit-il, en s’interrogeant : « Comment peut-on fermer les yeux sur un ministre qui se déclare au-dessus des lois ? »

Ghada Hamrouche, Le Matin