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Hommage à Mouloud Mammeri

samedi 25 février 2006, par Kahina

L’œuvre de Mouloud Mammeri était au centre de la rencontre animée par Rachid Belil et Slimane Hachi à l’espace Noun autour de deux ouvrages édités par le CNRPAH : l’Ahellil du Gourara et l’inédit Cheikh Mohand a dit.

Le travail de chercheur de Mouloud Mammeri lui a permis de découvrir l’Ahellil du Gourara.

Slimane Hachi a d’emblée souligné que « dès que Mouloud Mammeri avait pris la direction du Centre national de la recherche anthropologique, préhistorique et ethnologique [CRAPE], qu’il avait dirigé de 1979 à 1980, il avait reconduit les axes de recherche en mettant l’accent sur l’anthropologie saharienne tout en poursuivant ses recherches sur la littérature orale d’expression amazighe ». L’inédit Cheikh Mohand a dit est le deuxième tome, suite au premier volume écrit entièrement en tamazight qui a été publié par la famille du défunt à titre posthume en 1990.

Le chercheur a souligné que Mammeri était en train de finaliser son manuscrit peu de temps avant sa mort tragique. Ainsi, certaines annotations sont demeurées dans l’index sans texte, ce qui apporte une forte touche émotive à cet ouvrage. Le chercheur a également souligné que ce deuxième tome a pu être édité pour la première fois au mois de novembre dernier grâce à la précieuse collaboration de Boussad, le fils de Mouloud Mammeri. Slimane Hachi a expliqué que la poésie de cheikh Mohand El Hocine est un véritable témoignage sur la Kabylie du XIXe siècle, dont un poème de près de deux cents vers sur la révolte de 1871, qui reste un témoignage d’histoire de grande valeur. Ainsi, cette précieuse poésie recueillie par Mammeri « relate le monde de cette Kabylie cadastré, tourmenté et de ses habitants spoliés de leurs terres et condamnés
à l’errance ».

Le chercheur a également mis en exergue « un passage d’une véritable orfèvrerie du verbe, relatant la rencontre entre Da El Hocine et Si Mohand U M’hand qui demeurent deux témoins privilégiés de la Kabylie du XIXe siècle ». L’Ahellil du Gourara a été réédité en 2003, suite à la décision, une année auparavant, du ministère de la Culture de rééditer les plus grandes œuvres publiées par le CRAPE. Rachid Belil explique que « c’est grâce à son travail de chercheur que Mouloud Mammeri a découvert l’Ahellil du Gourara. La première expédition remonte à 1971. Ainsi, Mouloud Mammeri a travaillé dans un autre contexte dans le Gourara. En effet, contrairement à la Kabylie qui était marquée par la colonisation française, dans le Sud algérien, les militaires français n’étaient présents qu’à partir de 1902. Ainsi, autant la Kabylie était marquée par l’histoire récente, autant dans le Sud la tradition était préservée dans une forme d’histoire intemporelle ».

Ainsi, Mouloud Mammeri a effectué un laborieux travail de recherche afin de recueillir et de transcrire ce précieux héritage de la culture orale algérienne, dont un enregistrement avec l’aide d’un ethnomusicologue des chants de Gourara édités dans un album par l’Unesco en 1974. Les chercheurs ont rappelé que les recherches de Mammeri sur les chants du Gourara ont été le début d’un long parcours qui a mené au classement de l’Ahellil du Gourara en tant que patrimoine immatériel mondial de l’humanité à la fin de l’année 2005.

Synthèse de Kahina
D’après la Tribune