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Irak : La sale guerre de George W. Bush et Tony Blair

mercredi 5 mai 2004, par Hassiba

George W. Bush et Tony Blair sont éclaboussés par les scandales de torture sur les Irakiens. C’est la sale guerre de “Libération” des alliés.Ce qui a été considéré au début comme des cas isolés, se révèle, selon un rapport du général américain Antonio Taguba, être une pratique systématique des soldats américains.

Les services de renseignements US sont directement pointés du doigt par un rapport de l’armée américaine sur les tortures subies par les détenus irakiens dans les prisons de Abou Gharib et de Bucca. Se référant aux témoignages des soldats, le général Antonio Taguba impute la responsabilité des sévices subis par les prisonniers irakiens aux services de renseignements militaires qui “incitaient” les geôliers, à recourir à ces pratiques.

Ce sont là les aveux de militaires américains affectés dans les centres de détention en Irak rapportés par cet officier supérieur de l’US Army, dont une partie a été publiée lundi dernier par le Los Angeles Times. Ces faits sont loin d’être récents à voir le rapport du général Taguba. “Entre octobre et décembre 2003, à la prison de Abou Gharib, de nombreux sévices sadiques, flagrants et gratuits ont été infligés à plusieurs détenus”, lit-on dans le document classé “secret/pas de diffusion à des étrangers”. On apprend ainsi que les soldats américains “ont frappé et sauté sur les pieds nus des prisonniers”, “utilisé des chiens sans muselière pour faire peur aux détenus”, “sodomisé un détenu”, “menacé des prisonniers masculins de viol”, etc. Ces actes ont touché d’autres prisons, selon l’auteur du rapport qui affirme, également : “Plusieurs soldats ont commis des actes indignes et de graves violations de la loi internationale à Abou Gharib et au camp Bucca.”

Il faut dire que Washington a tout fait pour garder le scandale secret aussi longtemps que possible, en vain.
En effet, il a fallu que des images de ces sévices soient publiées à partir du 28 avril dernier par la presse américaine, particulièrement par la chaîne de télévision CBS, pour que le contenu du rapport du général Antonio Taguba, qui date d’au moins six mois, tombe, lui aussi, entre les mains des médias. CBS a annoncé avoir retardé de deux semaines la diffusion de son document à la demande du chef d’état-major interarmées, Richard Meyers, qui avait argué, pour justifier la demande, la sécurité des otages américains en Irak. Les affirmations contenues dans le document du général Taguba sont corroborées par la générale de réserve de l’US Army, Janis Karpinski, chargée de la gestion du système pénitentiaire militaire américain en Irak.

Janis Karpinski accuse

Cette dernière, qui a été suspendue de ses fonctions, accuse, à son tour, le renseignement militaire. Citée dans le rapport Taguba, la générale “attribue la plupart des sévices qui se sont produits à Abou Gharib au renseignement militaire”. Celui-ci, selon Karpinski, a donné les idées à la police militaire qui ont conduit à de telles pratiques sur les prisonniers. Le sergent Javal Davis confirme avec force détails ces faits en disant avoir entendu les suggestions des membres du renseignement militaire aux geôliers pour les mettre en pratique sur les détenus, du genre : “Assoupli ce type pour nous. Assure-toi qu’il ait une mauvaise nuit. Assure-toi qu’il ait le traitement.”
Une fois l’ignoble tâche accomplie, le renseignement militaire ne manquait jamais de remercier et de faire des compliments, ajoute le sergent Javal Davis, dans son témoignage au général Taguba. Maintenant que le pot aux roses a été découvert, l’on cherche du côté du Pentagone à en minimiser l’impact. Comme si cela pouvait laisser une quelconque place au doute quant à la véracité de ces faits, Washington tergiverse quand même et désigne d’autres commissions d’enquête. Même la CIA accusée directement se met de la partie et décide de participer à une enquête sur le sujet entamée par le département de la défense. En attendant les conclusions de ces investigations, le Pentagone s’attelle à minimiser la portée de ces actes en les qualifiant de “dérives isolées”. Tout en reconnaissant n’avoir pas pris connaissance de ce rapport réalisé à la demande du général Ricardo Sanchez, le chef d’état-major interarmées des forces américaines, le général Richard Meyers, n’hésite point à affirmer que “ce n’est pas systématique”. En dépit de toutes les preuves sur l’implication du renseignement militaire, Meyers s’acharne à essayer de l’en disculper. “Je serais très surpris s’il y avait quelqu’un dans le renseignement disant ‘fais ceci’, car tout le monde sait que c’est mal”, a-t-il dit à la presse. Comme argument, c’est vraiment tiré par les cheveux parce qu’il est notoirement connu que les membres des services du renseignement, notamment militaire, sont loin d’être des enfants de chœur. Bien au contraire, ils ont la réputation de ne reculer devant rien pour obtenir ce qu’ils veulent.

Des blessés achevés sommairement

Comme autre preuve sur les dépassements des militaires américains en Irak, la chaîne de télévision américaine ABC a diffusé, le 9 janvier dernier, un film montrant des soldats US achevant trois Irakiens ne semblant guère menaçants, dont l’un blessé achevé de sang-froid. Les images ont été rediffusées hier par la chaîne française Canal +.

Ceci porte un sérieux coup à la crédibilité de George Bush en cette année électorale. Son inconditionnel allié, le Premier Ministre britannique, en prend lui aussi pour son grade dans cette affaire de torture de prisonniers irakiens, où les soldats de Sa Majesté Elizabeth II sont impliqués jusqu’au coup. Il suffit de voir les photos du Daily Mirror pour s’en convaincre. Les deux hommes qui ont mis en place la coalition pour attaquer l’Irak, auront toutes les peines du monde à sortir immaculés de ce pétrin, car aux yeux de leurs opinions publiques locales et de la communauté internationale, ils sont comptables des agissements de leurs troupes.

Et ce ne sont pas leurs condamnations sans équivoque de ces actes ignobles, et leurs demandes de sanctions exemplaires contre les auteurs, qui pourraient y changer quelque chose. Leur avenir politique est des plus aléatoire.

Devant la prison d’Abou Gharib
La colère de centaines d’Irakiens

Cramponnées à des photographies, agitant des bouts de papier où sont inscrits des numéros de détenus, des familles irakiennes ont encore passé des heures, hier, à attendre l’hypothétique libération d’un des leurs, incarcérés dans la sinistre prison d’Abou Gharib.
Centre de tortures et d’assassinats sous le régime déchu de Saddam Hussein, cette prison est devenue ces derniers jours, pour nombre d’Irakiens, le symbole haï de l’occupation américaine, après la révélation de sévices infligés aux prisonniers irakiens. “Nous accepterions mieux l’enfer de Saddam que le paradis de (George W.) Bush”, s’exclame Haïdar Hassan, dont le frère Ahmad, 25 ans, est détenu depuis près de quatre mois après avoir été arrêté près du théâtre de l’explosion d’une bombe artisanale. Les libérations s’effectuent régulièrement, mais n’apaisent pas les familles rassemblées autour de l’immense complexe, dont certaines affirment venir tous les jours depuis des mois, en vain.

Hier, la colère couvait parmi la foule, après les révélations sur les sévices auxquels ont été soumis des détenus irakiens de la prison.
Du temps de Saddam Hussein, des milliers de prisonniers politiques ont été torturés et exécutés à Abou Gharib, située dans la ville du même nom, à une trentaine de km à l’ouest de Bagdad. Pour la seule année 1984, 4 000 détenus y furent exécutés.
Construite par des entrepreneurs britanniques dans les années 1960, la prison s’étend sur 115 hectares, avec ses grands murs, ses tours de contrôle et ses fils barbelés. Elle a été dénommée par les États-Unis “centre correctionnel de Bagdad” après la chute du régime baâssiste.

L’armée américaine interdit l’usage de sacs pour couvrir la tête de détenus

L’armée américaine a interdit de couvrir la tête des prisonniers avec des sacs après les révélations sur les sévices infligés à des détenus de la prison d’Abou Gharib, a indiqué, hier, un haut responsable de la coalition. “Nous n’allons plus utiliser les sacs”, a déclaré à l’AFP ce responsable, qui s’exprimait sous le couvert de l’anonymat, en référence à des sacs qui, remplis de sable, servent à ériger des protections pour les soldats.
L’interdiction de ce type de sacs fait partie de mesures destinées à revoir les règles des interrogatoires décidées par le général Geoffrey Miller qui vient de prendre en charge le système pénitentiaire de la coalition en Irak, dirigée par les États-Unis, selon ce responsable.
D’autres méthodes utilisées pendant les interrogatoires sont également en train d’être examinées, a-t-il ajouté.

25 prisonniers morts à la suite de sévices en Irak et en Afghanistan

Trente-cinq cas de sévices, ayant conduit à la mort de 25 prisonniers, ont été recensés dans des prisons militaires américaines en Irak et en Afghanistan, selon des enquêtes lancées depuis décembre, a indiqué, hier, un haut responsable militaire américain.
Le général Donald Ryder, officier responsable de l’application des peines du système pénitentiaire, a précisé que les morts incluaient deux homicides présumés de prisonniers par des soldats, le meurtre d’un prisonnier qui tentait de s’échapper, et 10 autres cas qui faisaient encore l’objet d’une enquête.
Il a précisé que l’origine de 12 autres cas de mort de prisonniers restait pour le moment indéterminée.

Par Abdelkamel K., Liberté