Irak : le nouveau Vietnam

Pour certains observateurs, il s’agit ni plus ni moins que d’un aveu d’échec de la puissante armée US. Devant les critiques acerbes, émanant même de membres du conseil du gouvernement intérimaire irakien sur la situation prévalant à Falloudjah, les Américains prennent du recul. Ils cherchent non seulement à calmer les esprits, mais surtout à gagner du temps. Face à ce qui se passe dans cette ville symbole de la résistance face à l’occupation, les Irakiens ne sont pas restés insensibles.

En effet, le bilan terrifiant qui évalue à plus de 450 morts et un millier de blessés le nombre de victimes parmi les civils en une semaine, selon les sources hospitalières, a fait sortir les Irakiens, toutes communautés confondues, de leur silence. Le recours aux bombardements aériens contre les populations civiles a augmenté le courroux des Irakiens. Adnane Pachachi, membre du conseil de gouvernement intérimaire, a qualifié ce qui se passe à Falloudjah d’“illégal et totalement inacceptable”.
Acculés, les Américains tentent de trouver une sortie honorable en laissant la porte ouverte à des initiatives de bons offices. Sur le terrain, les accrochages entre résistants et soldats US n’ont pas cessé hier encore à Falloudjah, à Bagdad, et dans d’autres foyers sunnites du centre de l’Irak tels Ramadi et Baakouba. Pendant ce temps, le soulèvement chiite mené par le jeune imam Moqtada Sadr au sud, se poursuit, d’où l’inquiétude encore plus grande des responsables de la coalition. Près d’un million de pèlerins étaient rassemblés hier à Kerbala pour célébrer la fête de “l’Arbain” (quarantième jour de la disparition de l’imam Hussein).

Cette manifestation était surveillée, comme le lait sur le feu, par les Américains qui redoutent une nouvelle flambée de la violence, comme ce fut le cas lors de la célébration de l’Achoura. L’on se rappelle que 171 personnes ont été tuées et plusieurs centaines blessées à Bagdad et Kerbala dans des attentats suicide et des attaques aux roquettes. Le cheikh Hamza Al-Tai a laissé supposer que les chiites allaient observer une trêve en reportant “la libération de Kerbala à la fin du pèlerinage, en raison du caractère sacré de la fête”. Il a tenu à préciser que cette suspension est valable à condition que “les forces d’occupation n’interfèrent pas dans les affaires de la ville sainte, n’entrent pas dans la ville et ne prennent pas pour cibles nos postes de contrôle, mis en place pour protéger les honorables visiteurs et les citoyens”.

Quant à la question des nombreux otages étrangers, notamment japonais, les forces de la coalition multiplient les opérations de recherches dans le but de les libérer. Aux dernières nouvelles, aucun contact n’a été établi avec les groupes auteurs des enlèvements. L’ultimatum expire ce soir.

K. A., liberte-algerie.com