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L’autre scandale de George W. Bush et de Tony Blair

dimanche 2 mai 2004, par Hassiba

George W. Bush a exprimé son “profond dégoût”, en assurant que ces mauvais traitements “ne sont pas un reflet de la nature du peuple américain”, alors qu’à l’étranger la polémique enfle. “Scandalisé” par ces révélations, le Premier Ministre britannique Tony Blair, par la voix d’un porte-parole, a souligné que ces actes “sont en contradiction directe avec toutes les règles préconisées au sein de la coalition”.

Un peu plus tôt, la Maison-Blanche avait fait savoir que les États-Unis “ne peuvent pas tolérer” de tels actes.
Les photos, qui montrent des soldats américains maltraitant et humiliant des prisonniers dans la prison d’Abou Gharib, près de Bagdad, ont été découvertes il y a quelques semaines par l’armée américaine, et montreraient des faits remontant aux mois de novembre et décembre.

Elles ont fait le tour du monde et font notamment l’ouverture des bulletins d’information de la chaîne de télévision arabe Al-Jazira, tandis que pour la télévision concurrente Al-Arabiya, elles révèlent la “sauvagerie” de soldats américains. Dès mercredi, le général Mark Kimmitt, chef adjoint des opérations militaires en Irak, avait annoncé la mise en cause de six militaires. Ils ont été inculpés en mars, notamment d’actes de cruauté et de conduite obscène envers une vingtaine de prisonniers, qui devraient être traduits en Cour martiale. Le général Janis Karpinski, chargé de gérer le système pénitentiaire militaire américain en Irak, a été suspendu de ses fonctions et fait l’objet d’une enquête, selon un officier de haut rang.

Six autres officiers font l’objet d’une procédure administrative. “Les militaires ont indiqué très clairement qu’ils allaient poursuivre ces individus, aussi sévèrement que le permet le droit”, a prévenu le porte-parole de la Maison Blanche. Sur une photo, on voit un prisonnier irakien contraint, selon l’armée, de se tenir debout sur une boîte, tête recouverte et mains attachées, à qui l’on avait dit qu’il serait électrocuté s’il venait à tomber. Un autre cliché montre des détenus nus et entassés, avec sur le corps de l’un une insulte en anglais. D’autres prisonniers ont visiblement été forcés à simuler des actes sexuels, et on voit un militaire américain faire un geste de victoire devant une pyramide de corps nus. Ces images mettent en cause des hommes et des femmes appartenant à une unité de police militaire.

Le secrétaire général de l’Onu, Kofi Annan, s’est dit “profondément troublé”, en espérant qu’il s’agisse d’un “incident isolé”, et il a salué l’apparente détermination des autorités américaines à sévir contre les militaires impliqués. La Ligue arabe a appelé les autorités de la coalition en Irak à “châtier tous ceux qui ont été impliqués dans ces actes sauvages”. Le Comité international de la Croix-Rouge a jugé les photos “inquiétantes et troublantes”, et rappelé que les Conventions de Genève de 1949, qui s’appliquent juridiquement à la situation actuelle de l’Irak, “interdisent très clairement la torture et les mauvais traitements”.

Une responsable britannique de l’organisation de défense des droits de l’homme Amnesty International se disait “choquée” mais “pas surprise”. Les médias américains étaient restés relativement discrets sur cette affaire, et certains donnaient vendredi la parole à des proches des militaires mis en cause. Selon l’avocat d’un sergent mis en cause, les soldats avaient été félicités pour le travail accompli à la prison.

Des soldats Britanniques sont impliqués
Honte à Downing Street !

Après les marines américains, des soldats britanniques se trouvaient à leur tour accusés de sévices sur des prisonniers irakiens suite à la publication de photos dégradantes à la une d’un tabloïd, suscitant la colère de Downing Street et de la hiérarchie militaire.
À la une du Daily Mirror, quotidien pro-travailliste mais très opposé à la guerre en Irak, un prisonnier irakien est assis à l’arrière d’un camion militaire, le torse partiellement nu, la tête recouverte d’un sac en toile de jute.

Debout devant lui, de dos, un soldat britannique lui urine sur le corps. En pages intérieures, d’autres photos, toujours en noir et blanc, illustrent dans le détail le calvaire de ce prisonnier de 18 à 20 ans, arrêté pour vol. Sur l’une d’entre elles, l’homme, encore habillé d’un tee-shirt, est frappé à coups de crosse de fusil dans les parties génitales. Sur deux autres photos, il semble recevoir des coups de pied en pleine tête. “S’il est prouvé, ce comportement répugnant contrevient aux critères élevés de l’armée britannique et ses auteurs sont indignes de porter l’uniforme de la reine”, a affirmé le général Michael Jackson, officier le plus gradé au sein de l’armée britannique, lors d’une conférence de presse organisée à la hâte vendredi soir après le “scoop” du Mirror.
Le porte-parole du Premier ministre britannique, Tony Blair, a indiqué que celui-ci considérait ces actes comme “honteux” et comptait sur le général Jackson pour mener une enquête rapide et complète.

Une enquête a immédiatement été ordonnée suite à la publication de ces photos, a indiqué samedi matin le secrétaire d’État britannique aux forces armées, Adam Ingram, soulignant que la police militaire “enquêtait déjà sur plusieurs autres cas”. Le ministre a, cependant, écarté la demande d’Amnesty International d’une enquête indépendante, assurant que “cela pourrait prendre des mois, des années, voire plus”.

Expliquant avoir reçu ces photos de deux soldats du Queen’s Lancashire Regiment, basé dans le sud de l’Irak, autour de Bassorah, le Mirror précise que le prisonnier a été torturé pendant huit heures, avant d’être jeté hors d’un camion en marche, toujours cagoulé. “Ce gars était en train de mourir, il ne pouvait pas encaisser plus de coups”, a affirmé l’un de ces deux soldats, sous le couvert de l’anonymat.

Si les troupes britanniques sont globalement louées pour leur comportement mesuré en Irak, ces accusations de torture et de sévices les visant, ne sont cependant pas les premières à émerger depuis le début de la guerre. Mais aucune photo n’avait encore été publiée. Dès le mois de mai 2003, un soldat de la 7e brigade blindée britannique, héritière des fameux “rats du désert” du maréchal Montgomery, avait ainsi été arrêté en possession de photos compromettantes.
Sur un cliché, un prisonnier irakien, bâillonné et ligoté, était exhibé dans un filet suspendu aux fourches d’un chariot élévateur conduit par un soldat. Sur un autre, des soldats britanniques étaient montrés en train de se livrer à des actes sexuels près de prisonniers.

Mort de 128 soldats américains en Irak en avril

128 soldats américains ont été tués, dont 121 dans des situations de combat, en Irak en avril, le mois le plus meurtrier depuis l’entrée en guerre en mars 2003, a indiqué vendredi le Pentagone. Ce chiffre est inférieur à celui de 131 morts, dont 124 durant des combats, donné par les autorités militaires américaines en Irak.
Le Pentagone attend parfois quelques heures ou jours pour actualiser ses bilans en raison des vérifications. Quoi qu’il en soit, l’armée américaine, à la tête des forces d’occupation de l’Irak, a subi en avril plus de pertes que pendant les six semaines de combats qui ont suivi l’entrée en guerre, le 20 mars 2003.

Source : Liberté