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L’obstination d’Ariel Sharon

jeudi 6 mai 2004, par Hassiba

Le Premier ministre israélien, Ariel Sharon, désavoué par son propre parti le Likoud, qui a rejeté son plan de séparation unilatérale d’avec les Palestiniens, dimanche à l’issue d’un référendum, ne semble pas pour autant découragé.

Refusant de quitter son poste, il a commencé des consultations au sein de la classe politique israélienne pour amender ce qui a été qualifié de plan d’évacuation de Ghaza. Sharon a successivement rencontré mardi ses ministres Sylvan Shalom (Affaires étrangères), Yossef Lapid (Justice, et chef du parti centriste Shinouï), ainsi que le numéro un de l’opposition travailliste, Shimon Peres, et l’ambassadeur des Etats-Unis à Tel-Aviv, Dan Kurtzer. Ce plan, qui avait déjà bénéficie d’un soutien total de la direction américaine et du président Bush personnellement, a été cette fois-ci salué par les membres du Quartette (Etats-Unis, Union européenne, Russie, ONU), réunis mardi au siège des Nations unies à New York.

Dans un communiqué publié à l’issue de cette réunion, le Quartette, qui a élaboré la « feuille de route » (le dernier plan de paix pour le Proche-Orient ) qui prévoit la création d’un Etat palestinien indépendant et viable d’ici l’an 2005, « salue et encourage (le plan Sharon) qui offre une occasion rare dans la recherche de la paix au Proche-Orient ». Acculée et marginalisée par Israël et les Etats-Unis, l’Autorité nationale palestinienne voyait en cette réunion une ultime occasion de faire renaître le processus de paix considéré mort et enterré.

« La déclaration du Quartette est importante », a déclaré pour sa part Nabil Abou Roudeïna, principal conseiller du président palestinien Yasser Arafat, « mais le plus important est d’appliquer la "feuille de route", et nous demandons que des observateurs internationaux viennent surveiller son application ». Avant la réunion du Quartette, le Premier ministre palestinien Ahmad Qoreï avait appelé celui-ci à mettre en place un échéancier pour l’application de la « feuille de route ». Les citoyens palestiniens, quant à eux, ne montrent aucun intérêt pour tout ce brouhaha politique.

Ayant perdu toute confiance dans les instances internationales, qui n’ont à aucun moment, depuis plus d’un demi-siècle, pu leur rendre justice et n’ayant jamais eu confiance en Sharon qui a été a l’origine de beaucoup de leurs malheurs, ils restent persuadés que l’acquisition de leurs droits ne se réalisera que par la poursuite de leur volonté de résistance. Leur quotidien reste marqué par la mort, les arrestations, le bouclage de leurs territoires, la destruction de leurs biens. Dans le sud de la bande de Ghaza, lors d’une incursion israélienne dans le camp de réfugies de Khan Younès, deux Palestiniens ont été tués et plus de 40 autres ont été blessés, mardi, par une roquette tirée sur un rassemblement de citoyens, à partir d’un hélicoptère d’assaut qui participait aux opérations. Au cours de cette opération, les bulldozers israéliens ont rasé 15 maisons du camp. Hier, lors d’une autre incursion dans la ville de Deir El Balah, au centre de la bande de Ghaza, les soldats israéliens ont abattu un capitaine de la police palestinienne. Pas moins de 15 Palestiniens, dont un photographe de l’AFP, ont été blessés. Ces événements constituent en fait le vécu quotidien des citoyens palestiniens dans les territoires occupés.

En outre, six Palestiniens ont été blessés quand des soldats israéliens ont ouvert le feu sur des manifestants qui les attaquaient à coups de pierres à Beït Lahya (au nord de Ghaza), selon une source médicale. En Cisjordanie, un Palestinien, âgé de neuf ans, a été tué et deux autres ont été blessés par une explosion d’origine indéterminée à Deïr Al Ghouson (Cisjordanie), selon une source sécuritaire palestinienne.

Par Farès Chahine, elwatan.com