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La PAF sort de ses frontières

samedi 28 août 2004, par Hassiba

Longtemps considéré comme un service chargé uniquement du refoulement des personnes non munies de leurs documents administratifs, notamment la carte militaire, la Police algérienne des frontières (PAF) veut se départir de cette réputation fort peu élogieuse en mettant en valeur les efforts méritoires que fournissent ses éléments tout au long de nos frontières aériennes, terrestres et maritimes.

Et pour ce faire, il n’y a pas meilleur moyen que d’ouvrir sa direction à la “curiosité” nationale via les médias.
Ce qui fut fait, mercredi dernier, à la faveur d’une visite guidée organisée par les responsables de la PAF au niveau de l’aéroport international d’Alger au profit de quelques journalistes pour s’enquérir de la prise en charge de la sécurité des personnes dans l’enceinte aéroportuaire, précisant d’emblée que cet effort de communication a été initié par le directeur général de la Dgsn Ali Tounsi, qui souhaite adopter une stratégie visant à ouvrir les différentes directions relevant de son institution.

À voir les missions assignées à la PAF, il est loisible de constater que son travail sur le terrain est loin d’être une sinécure : contrôler au niveau des frontières des personnes, des biens et des marchandises, assurer la sécurité des sites frontaliers, contribuer à lutter contre toute forme de criminalité, de trafic d’armes et de stupéfiants. Et par-dessus tout, lutter contre l’immigration clandestine qui a transformé nos frontières, celles du Sud, notamment, en véritables passoires. Avec un effectif de seulement 6 274 agents, la PAF assure la sécurité et le contrôle de 7 011 km de frontières, 1 200 km de côte maritime, 25 postes de contrôle terrestre, 31 aéroports et 14 ports de marchandises et pétroliers ainsi que 4 ports de plaisance. Voilà résumé le travail titanesque de ces policiers pas comme les autres qui traînent, injustement, une réputation de “fouineurs”.

Le directeur par intérim M. Boussena, M. Hadj Saïd chargé de la sécurité au niveau du port, son collègue Rimouche qui fait le même boulot à l’aéroport ainsi que M. Sami, sont tous unanimes à dire que l’effectif de la PAF ne répond plus aux exigences de leur mission sur tout le territoire national. Pour eux, pas moins de 9 000 éléments sont nécessaires pour couvrir plus au moins bien les postes frontaliers. Mais, en attendant, ils ont du cœur à l’ouvrage et essayent de faciliter au mieux les mouvements des personnes et des marchandises et, bien sûr, assurer leur sécurité.

En tout cas, à l’aéroport Houari-Boumediène d’Alger le dispositif de prise en charge des voyageurs et le contrôle de leurs bagages paraissent réglés comme du papier à musique. Point de longues queues devant les guichets comme par le passé grâce au bon aménagement de l’aérogare. Et les voyageurs sont visiblement rassurés de voir des policiers en tenue défiler dans le hall sur fond de grésillement des talkies-walkies. Et bien sûr, ces agents sont là pour vous renseigner ou vous orienter. Les scènes de grabuge et de réclamations qui faisaient, naturellement, partie de “l’ambiance” quotidienne de l’aéroport jadis, semblent faire partie du passé.

Résultat : le voyageur est bien accueilli et le policier bien satisfait. Et les efforts déployés exceptionnellement durant cette saison estivale par la PAF rendent leur mérite encore plus grand. En effet, les agents de cette direction ont eu à traiter pas moins de 1 296 883 mouvements de personnes - entrées et sorties -, des nationaux, entre le mois de juin et le 20 août. Durant la même période, ils ont eu à traiter quelque 239 541 mouvements d’étrangers qui ont traversé nos frontières.

Mieux encore, la PAF a poussé plus loin les... “frontières” de son intervention puisqu’elle a été à l’origine de la suppression de l’obligation faite aux jeunes de présenter la carte militaire pour pouvoir voyager à l’étranger. En effet, on nous apprend que lors d’un séminaire organisé en 2002 par la Dgsn, il a été suggéré par la PAF de faciliter la circulation des personnes, notamment les jeunes qui ressentent terriblement cette contrainte. Suite à quoi, des séances de travail eurent lieu avec la direction du service national qui a abouti à la modification du décret régissant la circulation transfrontalière.

La Dgsn a également été derrière la suppression de l’autorisation paternelle réclamée jusque-là aux mineurs accompagnés de leurs parents. Depuis le mois de mai dernier, la direction d’Ali Tounsi a décidé de ne plus exiger cette autorisation, du moins durant la période estivale, pour ne pas pénaliser les enfants issus des mariages mixtes et ceux qui suivent leur scolarité à l’étranger. Cette circulaire, précise M. Boussena, est cependant “conjoncturelle” en ce sens qu’elle n’est pas encore codifiée juridiquement. La femme n’ayant pas la puissance parentale en vertu du code de la famille ne peut donc, légalement, signer une autorisation paternelle. La solution ? “Nous attendons les amendements qui seront apportés au code de la famille et qui, normalement, devront donner le statut de puissance parentale à la mère comme le père”, explique notre interlocuteur.Cet écueil juridique n’empêche pas la PAF de maintenir cette facilitation au-delà de la saison estivale dans la mesure où “cette décision n’est pas limitée dans le temps”.

Par Hassan, Moali, El Watan