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La grogne des sinistrés se poursuit à Boumerdès

dimanche 21 mars 2004, par Hassiba

Alors que la campagne pour la prochaine présidentielle a démarré à Boumerdès, de nombreuses communes de cette wilaya meurtries par le séisme du 21 mai 2003 ne se sont pas encore réveillées de leur cauchemar.

Et pour cause, des dizaines de familles sinistrées continuent à vivre dans des conditions terrifiantes quémandant qui un chalet, qui l’accélération du confortement en béton de leur HLM, qui la deuxième tranche de l’aide financière permettant la reconstruction de leurs bâtisses individuelles en plus d’autres indemnités pour les biens mobiliers perdus.

Hier, plus d’une dizaine de représentants de familles infortunées, notamment ceux du bâtiment 2 de la cité des 408-Logements de Boumerdès, furent encore une fois confrontés aux atermoiements du vice-président de l’APC. « Cela fait plus de trois mois qu’il nous promet un logis en préfabriqué, inventant moult prétextes pour se dérober », s’emporte une dame, rappelant la mauvaise gestion du dossier des sinistrés dont se sont rendus coupables les responsables locaux.

La dénonciation est clairement formulée : « Dans les sites de chalets voisins, la Sablière, Sghirat ou Sahel, on y trouve de nombreux bénéficiaires originaires de wilayas n’ayant guère été touchées par la catastrophe naturelle. » Abandonné par les pouvoirs publics, un couple sinistré de la cité des 1 200-Logements dénonce, lui, dans la foulée les agissements d’un responsable d’un comité de soutien à Bouteflika qui a pu bénéficier d’un appartement à Figuier en plus d’autres chalets et ce, au détriment d’autres victimes du séisme.

Ces familles infortunées comptent recourir d’ici peu, selon leurs témoignages, à d’autres formes de protestation plus radicales pour faire prévaloir leur droit au logement. Suivant de près l’opération de réhabilitation de leurs immeubles fortement ébranlés par le cataclysme, les protestataire y décèlent de nombreuses malfaçons. Signée dans ce sens, une pétition sera incessamment adressée au directeur de l’OPGI et d’autres responsables du CTC et du bureau d’études de la wilaya. Dans le village voisin de Thénia, pas moins d’une centaine de familles sinistrées, notamment celles de la cité HLM, la Sablière ou les 40-Logements du centre-ville, dont les habitations sont classées orange 4, demeurent, elles aussi, livrées à leur sort. « Des entrepreneurs nous prient d’évacuer nos appartements endommagés pour y effectuer l’opération de restauration, mais les responsables locaux refusent de nous reloger temporairement dans des chalets », tempête encore M. Belkacem Mechkarini.

Criant tout haut leur désarroi, les oubliés du 21 mai 2003 ne manquent pas de fustiger la politique des gouvernants, à leur tête le Président-candidat, qui promettent plus qu’ils ne font. Le retard constaté dans le versement de la deuxième tranche de l’aide financière à la reconstruction des bâtisses (classées vert 2, orange 3 et 4) est interprété dans cette optique comme un chantage exercé sur les citoyens sinistrés pour qu’« ils votent d’une certaine manière ». « Après le vote, on n’entendra plus jamais parler du calvaire des sinistrés », susurre-t-on ici et là. Mais là-dessus l’avis des sinistrés est mitigé. « Je n’ai pas le cur à cette élection dont j’ignore d’ailleurs la date de son déroulement », lance Leïla, universitaire sur un ton malicieux.

Elle préfère lutter et elle n’est pas seule dans son cas pour « le règlement des problèmes vécus par les sinistrés dans les sites et réclamer d’urgence la construction des logements en dur ». D’autres affirment qu’ils vont suivre les discours des différents candidats et « voir s’ils se soucient de leur sort avant de faire leur choix »

Salim Haddou, Le Matin