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Le Général Lamari met en garde

L’Armée ne soutient pas Bouteflika

mercredi 10 mars 2004, par Hassiba

Bouteflika n’est pas le candidat de la hiérarchie militaire. C’est le général de corps d’armée Mohamed Lamari qui l’a confirmé, hier, dans un entretien accordé à la revue militaire El Djeïch

L’intervention du premier responsable des forces armées, la deuxième du genre après celle du 15 janvier dernier, fait tomber l’illusion selon laquelle le chef de l’Etat sortant est parrainé par l’institution militaire. Cette intervention a lieu au moment où les partisans de la réélection de M. Bouteflika, notamment Larbi Belkheir, chef de cabinet de la présidence, l’UGTA ou encore Ahmed Ouyahia, essayent à travers leurs déclarations de faire croire le contraire. « L’ANP n’a pas de candidat et n’est contre aucun candidat », affirme en effet le patron des forces armées.

Le fait conforte, on ne peut mieux, l’information selon laquelle l’état-major de l’Armée avait refusé de recevoir des responsables de parti politique en quête d’une orientation ou d’une attitude à adopter vis-à-vis de tel ou tel candidat. Bouguerra Soltani, président du Mouvement de la société pour la paix, et Abdelmadjid Sidi-Saïd, pour ne citer que ces deux personnes, avaient en effet tenté vainement de s’entretenir avec M. Lamari, quelques jours avant l’annonce de la candidature de M. Bouteflika. Le général de corps d’armée est également revenu dans cet entretien sur la notion de neutralité de son institution dans le présent contexte électoral.

Il affirme que « la neutralité de l’armée n’aurait en effet pas de sens si elle ne se généralisait pas à toutes les autres institutions de la République afin de ne pas entacher la crédibilité du scrutin ». Une déclaration lourde de sens lorsqu’on sait qu’en plus de l’opposition algérienne, les Etats-Unis et l’Union européenne viennent d’établir des rapports dans lesquels l’administration algérienne, les ministères et les médias lourds font l’objet d’un asservissement effréné de la part du président sortant. Le constat est ainsi établi par la hiérarchie militaire qui recommande une meilleure gestion des préparatifs du prochain rendez-vous électoral. « L’administration, la justice ainsi que les autres institutions n’ont absolument pas vocation, ni individuellement ni collectivement, à se mettre d’une quelconque manière en situation de partie prenante face au choix des électeurs au moment de l’élection, ni d’ailleurs avant ou pendant la campagne électorale », relève M. Lamari qui prend le soin de rassurer les agents de l’administration. « Qu’il soit dit qu’aucun agent de l’administration ne doit faillir à son devoir et que, ce faisant, il n’a rien à craindre. »

M. Lamari va plus loin en affirmant que même s’il arrive à un des agents de subir des pressions, il n’aura qu’à résister comme l’avaient fait ses collègues face à la menace des islamistes armés. « Et si même il (l’administrateur, ndlr) aurait à craindre, il est tenu d’honorer ses fonctions pour être honorable. Des fonctionnaires, des magistrats, des citoyens ont payé de leur vie une pareille attitude face aux hordes terroristes durant ces dernières années », fait-il rappeler.

Nadir Benseba, Le Matin