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Le MDN dépose plainte contre Djoudi Mammeri

jeudi 15 avril 2004, par Hassiba

La révélation du premier secrétaire du FFS, M. Djoudi Mammeri, selon laquelle le chef du Département du renseignement et de la sécurité, le général Mohamed Médiene, plus connu sous le pseudonyme de Tewfik, aurait contacté le leader Hocine Aït Ahmed, n’a pas tardé à faire réagir “la grande muette”.

S’agit-il d’un coup médiatique, d’une volonté de mettre à nu les pratiques du système ou simplement d’une manœuvre à consommation interne au parti ?

Dans un communiqué rendu public hier, le ministère de la défense nationale a “démenti formellement” ce qu’il qualifie “d’allégations”. “Différents titres de la presse nationale parus le 14 avril ont repris une déclaration de M. Djoudi Mammeri, premier secrétaire national du FFS, selon laquelle des contacts auraient été établis par le chef du Département du renseignement et de la sécurité avec M. Hocine Aït Ahmed et la direction du parti.

Ces titres rapportent aussi, dans la même déclaration, des affirmations remettant en cause explicitement la neutralité de l’ANP. Le ministère de la défense nationale dément formellement ces allégations et renvoie l’opinion publique aux déclarations du chef d’état-major de l’ANP se rapportant à l’élection parues dans la revue El Djeïch”, note le communiqué du MDN.

Lors de sa conférence de presse animée, mardi, au siège du parti, le premier secrétaire du FFS avait indiqué que “c’est grâce à la vigilance et à l’expérience d’Aït Ahmed que le FFS a pu éviter le piège qui lui est tendu par le général Tewfik et ses experts en manipulation. Il a été contacté pour participer à l’élection en voulant lui faire accroire que l’élection serait libre, honnête et transparente. Une seule question a permis à Aït Ahmed de déjouer le piège”. Le responsable du plus vieux parti d’opposition a ajouté, par ailleurs, que lors du scrutin, “l’institution militaire n’a été ni neutre ni neutralisée”. “Nous sommes toujours dans un régime militaire et les vrais décideurs ont choisi la stabilité du système sur la base d’un deal (...)”, a-t-il dit.

Mais le plus curieux est que quelques heures après le démenti du MDN, un communiqué du FFS atterrit dans les rédactions. La teneur ? “Suite à la lecture des articles relatifs à la couverture de la conférence de presse (...) je tiens à démentir de la manière la plus formelle toute rencontre, tout projet de rencontre ou autre deal, attribué à notre président M. Hocine Aït Ahmed, avec quelque responsable ou décideur que ce soit”, écrit Djoudi Mammeri. Pourquoi le FFS se déjuge-t-il ? Interrogé, hier, s’il avait bien affirmé que “le responsable du DRS a contacté Aït Ahmed”, le premier secrétaire de la formation d’Aït Ahmed se contente seulement de nous renvoyer à la précision. “Je m’en tiens à ce qui est écrit dans la précision”, dit-il quelque peu indisposé.

De son côté, Karim Tabou affirme que “le FFS n’a à aucun moment été contacté ni directement ni indirectement par les décideurs à quelque niveau qu’il soit”. “Il n’est pas dans les mœurs du parti d’entretenir des relations sans tenir, au préalable, au courant l’opinion”, ajoute-t-il. Pour autant, le chargé à la communication n’en pense pas moins “qu’il pourrait y avoir un problème de formulation qui a laissé la porte ouverte à toute forme d’interprétation”. Pourtant, il faut noter que dans la précision, Djoudi Mammeri ne fait nullement mention des “contacts”. Il dément “toute rencontre”, tout “projet de rencontre” ou encore “de deal”, pour reprendre la formulation du communiqué. Alors qui dit vrai ? Le FFS ou l’ANP ?

S’agit-il pour la formation d’Aït Ahmed de faire un coup d’éclat médiatique pour se repositionner sur l’échiquier politique ? S’agit-il de mettre dans la gêne le système, notamment à la veille de la visite de Jacques Chirac ?
Ou alors, mettre l’actuel premier secrétaire sur un siège éjectable ? En tout cas, si au sein du vieux parti de l’opposition, cette sortie obéit à des considérations politiciennes, au MDN, en revanche, elle est synonyme de diffamation. Une plainte a été déposée, hier, à l’encontre du premier secrétaire national, a-t-on appris de sources informées.

Pour rappel, c’est la seconde plainte du MDN contre le FFS, la première étant engagée contre le leader charismatique, Hocine Aït Ahmed.

Karim Kébir, Liberté