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Le marché du café en Algérie dominé par l’informel

mercredi 21 décembre 2005, par Samir

Le marché du café en Algérie serait contrôlé par les circuits de vente informels dont la part du marché seraient entre 60 et 70%, selon Fouad Hamdani, PDG de Africafé.

Les filières illégales contrôlent le marché du café en Algérie.

Invité hier à Alger au siège de l’Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA, filiale de l’UGTA), M. Hamdani, dont la famille travaille dans la torréfaction depuis 1880, dit ne pas comprendre que l’importation du café vert, matière première, soit dévolue aux « gens de l’extérieur du métier ». Un cas unique de par le monde, selon lui. « Nous avons saisi plusieurs fois le ministère du Commerce sur cette question. En vain », poursuit-il.

Des importateurs distribuent la quantité qu’ils veulent et les revendeurs peuvent travailler sans facture. Alors que nous, gens du métier, les autorités du commerce et du fisc nous connaissent, nous sommes identifiables », appuie-t-il évoquant une « concurrence déloyale ». Un autre volet de la « concurrence déloyale », cité par l’entrepreneur, membre de la Confédération algérienne du patronat (CAP), concerne les aides dans le cadre de l’Agence nationale de soutien à l’emploi de jeunes (ANSEJ).

« Il est aberrant de donner une unité de torréfaction, sans que les gens ne supportent de charges pour que certains d’entre eux puissent écouler leurs marchandises sous des emballages manuels et un conditionnement qui n’est pas aux normes, en employant à peine deux personnes, alors que moi par exemple j’en emploie 60, je paie mes charges et je contrôle mes emballages », lance M. Hamdani qui se demande pourquoi les autorités continuent de donner des agréments ANSEJ touchant un secteur en pleine saturation. Il avance que l’Algérie importe entre 100 000 t et 110 000 t de café vert par an.

Les capacités, en théorie, des torréfacteurs, industriels, moyens et artisans en Algérie, avoisineraient, selon lui, les 250 000 t annuellement. Soit deux fois et demie la demande. « Le marché est saturé », estime M. Hamdani qui dit importer lui-même la matière première. D’après ces chiffres, une quinzaines de torréfacteurs industriels, avec une capacité de production de 5000 t chacun par an, ont commencé à prendre de l’ampleur depuis ces dix dernières années en acquérant des moyens technologiques. Au second palier se placent les 130 torréfacteurs moyens, avec des capacités de production oscillant entre 500 et 600 t/an par producteur. Viennent enfin les artisans, environ 1200, avec des capacités de production qui ne dépassent pas les 100 t/an. Ces statistiques restent approximatives, de l’aveu de M. Hamdani. « Sur les fichiers du Centre national du registre du commerce, on ne précise pas la nature et l’envergure du torréfacteur », dit-il.

Autre biais du marché algérien du café reste sa catégorisation en tant que produit de luxe, selon les termes de M. Hamdani : « Nous devons payer 30% de droits de douane plus 10% de la taxe intérieure de consommation (TIC), cette dernière est réservée aux produits tels les spiritueux, c’est une erreur de considérer le café comme un produit de luxe ». « Le Trésor public engrange 6 milliards et demi de dinars annuellement grâce aux différentes taxes sur le café », indique l’industriel. L’Algérien, grand consommateur ? Selon les chiffres présentés par M. Hamdani, l’Algérien consommerait 3 kg de café par an. Le voisin marocain en consomme 1 kg annuellement.

Synthèse de Samir
D’après El Watan